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lundi 27 juillet 2015

Prédication du 26 juillet 2015


1 Timothée 4.5-22
Sérénité et abandon confiant à Dieu :
Laisser nos « pourquoi ? » pour un « avec qui  ? »



Certains parmi vous connaissent peut-être la célèbre « prière pour la sérénité » : 
« Seigneur, accorde moi d’accepter avec sérénité les choses que je ne peux pas changer, 
le courage de changer celles que je peux changer, 
et la sagesse pour faire la différence ». 

Ces mots définissent assez bien l’état d’esprit de l’apôtre Paul à la fin de sa vie, dans le passage biblique de ce matin. 
Paul, juif converti envoyé par Jésus-Christ pour annoncer l’Evangile aux non-juifs, tout autour de la méditerranée, finit sa vie en prison, à Rome. Il a été arrêté parce qu’il parle de Jésus-Christ. 
Là, dans sa prison, il sent la fin approcher ; « le temps de mon départ est arrivé », écrit-il à Timothée, son fils spirituel, pour la dernière fois. 

Comme c’est souvent le cas dans ce genre de situations, voilà Paul qui fait une sorte de bilan de sa vie. Et il repense à tout ce qu’il a vécu, à tous ces gens qu’il porte dans son coeur, aussi. 
Avec émotion. Mais aussi : dans la paix. 

Lecture du passage 

On le devine à la lecture, il y a de la tristesse dans l’air. Des blessures. 
Paul se sait proche de la mort, une mort injuste car il n’a fait qu’annoncer l’Evangile. Une mort comme un sacrifice à Dieu (« je suis déjà comme sacrifié »). Il sait aussi qu’il n’a pas fini son travail, qu’il reste tant à faire pour que « le message soit pleinement proclamé et entendu de toutes les nations ! » (v.17). 
Pourtant, nulle révolte. Nulle amertume. 

Dans le même temps, on est frappé par le nombre de personnes auxquelles Paul pense, tous ces gens cités ici que l’apôtre « porte en lui » ! Des amis, et des adversaires. Ceux qui l’ont béni- compagnons de route et de galère - et ceux qui l’ont blessé et se sont opposés à lui. 
On sent beaucoup de solitude chez cet homme actif qui s’est toujours entouré de nombreux collaborateurs. Mais pas de haine, même envers ceux qui l’ont abandonné alors qu’il avait besoin d’eux. Nulle amertume. Nul désir de vengeance. Même envers cet « Alexandre le forgeron » qui lui « a fait beaucoup de mal » (v.14). 
Oui, malgré la fin qui s’approche, malgré le souvenir de ses épreuves et la solitude qu’il éprouve, Paul est en paix. 
D’où cela vient-il ? Cela ne tient pas seulement à sa personnalité hors du commun.

C’est grâce à ce Dieu qu’il appelle « le Seigneur » : le centre, le point de départ et d’arrivée de sa vie.
Pour chaque sujet, Paul lui laisse le dernier mot. 

Le dernier mot quand la question du sens de la vie se pose  : qu’ai je fait, qu’ai je accompli ? Est-ce que ça valait la peine ? 
Réponse : oui, car c’est entre les mains de Dieu.
Comprenons bien : quand Paul fait ce bilan : « j'ai terminé la course, j'ai gardé la foi. 8 Désormais, la couronne de justice m'est réservée. Le Seigneur, le juste juge, me la remettra ce jour-là », sous-entendu quand je mourrai - il n’est pas en train de se vanter
Certes il fait allusion aux athlètes de l’Antiquité, qui à la fin de la course recevaient une couronne. Mais celle dont parle Paul n’est pas réservée aux plus forts ou aux premiers arrivés, c’est la consolation offerte gratuitement par Dieu à tous ceux qui aiment Jésus-Christ - « tous ceux qui auront attendu avec amour sa venue ». Paul, qui se considère comme un chrétien ordinaire, fait partie de ces gens. Il fait confiance à Dieu pour ce qui va lui arriver après la mort.  
Le dernier mot revient à Dieu aussi dans toutes ses relations avec les autres.
De fait, certains l’ont blessé, comme le fameux « Alexandre » ? Pas de désir de vengeance. « Le Seigneur le traitera conformément à ses actes » (v.14). Dieu le juste juge, là encore, qui sait ce qu’il fait. 
Certains de ses proches l’ont laissé tombé, et l’ont déçu ? « Qu’il ne leur en soit pas tenu compte ! » (v.16) 
Paul avait été jugé pour avoir annoncé l’Evangile et aucun chrétien de Rome n’était venu à son aide (v.16). Si un jour il a eu besoin ‘aide, c’était à ce moment-là, et tout le monde était parti ! Mais Dieu lui a donné son aide. « C'est le Seigneur qui m'a soutenu et fortifié afin que, par mon intermédiaire, le message soit pleinement proclamé et entendu de toutes les nations; c’est ainsi que j'ai été délivré de la gueule du lion » (v.17).
(La mention « la gueule du lion » n’est pas claire, mais elle suppose un danger réel). 

Ainsi, d’un bout à l’autre du passage, Paul parle avec amour de chacune de ces personnes, amies ou ennemies. 
Si Paul a pu aimer ces gens, c’est donc parce qu’il a remis toutes ces relations entre les mains de Dieu, il les a vécu avec Jésus et conscient qu’au final c’est lui qui s’occupe de tous ces gens. 
Si Paul a pu rester confiant dans tout ce qu’il a vécu, sans perdre la foi, c’est parce qu’il s’est accroché à Dieu, et pas aux circonstances ou à ses propres capacités. 

Finalement, dans ce moment de bilan, avant de quitter cette vie, ce ne sont pas des « pourquoi  ? » qui occupent Paul. Mais un grand : « avec qui  ?». 
Avec qui ? Avec le Dieu de Jésus-Christ, Dieu d’amour, Dieu juste juge, Dieu souverain et tout puissant mais Dieu proche, attentif, attentionné même. 
Dieu fidèle quand les hommes nous laissent tomber, et proche quand nos amis s’éloignent. 

D’une manière générale, l’attitude de Paul à la fin de sa vie est faite de confiance et d’acceptation des choses, quand elles  viennent de Dieu. 
Voir les choses ainsi- cela ne s’est pas fait tout seul - lisez le livre des Actes ! Naufrages, emprisonnements, menaces, exils et fuites nombreux. Cela a pris du temps, aussi : dans ses lettres on voit que le Paul du début, dans les lettres aux Thessaloniciens, n’est pas le même que celui qui écrit ici. 
Plus apaisé. Plein d’un « abandon confiant ».
Dans sa lettre aux Philippiens, au chapitre 4, Paul dit cela d’une autre manière : 
« J'ai appris à être satisfait de ma situation. 12 Je sais vivre dans la pauvreté et je sais vivre dans l'abondance. Partout et en toutes circonstances j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans le besoin. 13 Je peux tout par celui qui me fortifie, [Christ] ».

Voilà en quelque sorte le « secret » de Paul : laisser peu à peu  ses « pourquoi  ? » pour un grand et beau « avec qui ? ». 
Avec qui ? Avec Dieu. 

« Je sais en qui j’ai cru », écrit-il au début de cette 2e lettre à Timothée, « et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder le dépôt qu’il m’a confié jusqu'à ce jour-là ». 

Ainsi, voilà le « beau combat de la foi », de la confiance, qui nous fait tenir attaché à Dieu quoi que nous vivions.

Pas facile ! C’est sportif, en effet ! Un combat, une épreuve : «  j’ai achevé la course ». Comme un athlète qui tient bon jusqu’à la ligne d’arrivée. 

Parce que tout « abandonner » à Dieu et « accepter » ce qu’il nous donne de vivre, ça ne veut pas dire rester passif et subir. Au contraire ! [voir l'exemple de Martin Luther King présenté dans le film Selma : ce pasteur a accepté la mission qui lui était confiée mais a dû se battre jusqu’à la mort sans cesser de douter, sans cesser de prier pour que Dieu mène ce combat par lui, qu'il lui donne sa force]. 

Le philosophe Alexandre Jollien dit ainsi que « l'abandon, ce n'est pas la résignation, au contraire, c'est un engagement... Agir, c'est être là et avancer avec ce qui est. … Nous, nous perdons un temps considérable à nous demander : « si je fais ceci, qu’est-ce qui va se passer ? » ou « que va-t-on penser de moi ? Cela nous arrache au présent et à l'action, pour n'être plus que dans la réaction » (1)
En d’autres termes, nos « pourquoi » ont tendance à nous égarer. On se perd dans nos pensées et nos hypothèses alors que Dieu nous attend ici et maintenant, pour que nous vivions ce que nous avons à vivre, les pieds sur terre, avec lui. 
Quelqu’un a dit : « Dieu est réaliste et sa grâce n’agit pas dans l’imaginaire, l’idéal, le rêvé, mais dans le réel, le concret de l’existence » (2)

Revenons à Paul : s’il y a quelqu’un qui a vécu sa foi « dans le concret de l’existence », c’est bien lui ! Tous ses écrits sont des lettres en rapport avec des situations précises, sur le terrain
Et si Paul accepte effectivement ce que Dieu lui donne à vivre, il regarde bien les choses en face.Vous pensez bien que dans une situation désespérée comme celle de Paul dans sa prison, pas question de faire semblant ou de se raconter des jolies histoires pour se faire du bien ! 
C’est dans ce type de situation, quand la mort et la souffrance envahissent l’horizon, que l’on comprend si « Dieu » est pour soi une abstraction, une idée lointaine - ou un ami proche. C’est là que la relation est éprouvée - dans tous les sens du terme, comme une corde qui a prouvé sa solidité quand on s’y est accroché, mais qui a aussi été endommagée…
Avec Dieu, Paul peut regarder les choses comme elles sont, et rester en paix. Ainsi, il ne nie pas la réalité du mal. Le mal reste le mal et doit être combattu (voir l'exemple d'Alexandre le forgeron). Paul n’est pas naïf et dit expressément à Timothée de se méfier de cet homme. 

Avec Dieu, Paul peut écouter ce qui agite son coeur, et rester en paix. Cela l’autorise à dire simplement ce qu’il ressent. Devant les autres, on est souvent tenté de nier ce qu’on éprouve vraiment (« oh ! je ne suis pas très entouré, je souffre jour et nuit, mon compte en banque est vide mais ce n’est pas grave, j’ai le Seigneur ») - parce qu’on a peur de « manifester » un manque de foi. Mais si, il faut dire à Dieu : j’ai mal ! J’ai peur ! Je ne sais pas comment je vais m’en sortir ! Ainsi l’apôtre, sans flancher dans sa foi peut tout à fait exprimer sa solitude : « je suis seul, et j’ai besoin de vous ». 
« Tâche de venir avant l’hiver » (v.21) - ne me laisse pas seul trop longtemps. « J’ai besoin d’un manteau, j’ai besoin de mes livres, j’ai besoin de vous, mes amis… ». 

Car il marche avec Dieu. Dieu qui prend soin de lui. Dieu qui s’occupe de tout. 

Alors c’est vrai, comme le dit Louis Schweitzer, « nous ne pouvons comprendre les pourquoi et les comment mais nous pouvons (…) faire une confiance totale (au Seigneur) à cause de ce que nous savons de l’amour de Dieu. Il s’agit moins d’attendre que la vie soit un long fleuve tranquille que de changer notre regard en accueillant tout ce qui vient comme venant de Dieu dans ce qui se produit dans ma vie, d’agréable ou de moins agréable » (3).
Voilà le beau combat que Paul a mené : se battre dans la durée pour approfondir sa relation avec Dieu, et apprendre à lui faire confiance en toutes circonstances. 

Ce n’est pas de la théorie : c’est une expérience à vivre. Et quand Paul parle de Dieu, on sent qu’il parle d’expérience. C’est du concret. 
Paul s’appuie sur ce qu’il sait de Dieu. Fidèle, présent, aimant… 
Cela m’a fait penser à ce beau cantique traditionnel : « oh Jésus, je me repose sur ce que je sais de toi. Quelle merveilleuse chose, ton amour pour moi ».
Je me repose sur ce que je sais de toi. Je sais en qui j’ai cru. Avec qui je marche. 
Et nous ? combien de personnes portons nous sur notre dos ? Dans notre coeur ? Combien de soucis, de responsabilités ? De blessures, de colères et de rancoeur ? Combien de « pourquoi » ? 

Reposons-nous sur l’amour de Jésus. Abandonnons tout cela à Dieu, qui seul a le dernier mot. Osons croire que Dieu est Dieu - parfaitement juste. Parfaitement amour. Parfaitement fidèle. 

Laissons-nos « pourquoi » pour des « avec toi, Seigneur mon Dieu, mon Père ».
Avec toi, Jésus Christ, Fils de Dieu ressuscité, qui ma ouvert le chemin de la vie éternelle.
Avec toi, Esprit de Dieu, Souffle de Dieu, Esprit de vie. 

Voilà le beau combat de la foi que Paul nous encourage à mener ensemble. 

Sur ce chemin, « que le Seigneur soit avec votre Esprit. Que la grâce soit avec vous ! » (v.22)

Amen

(1) Alexandre Jollien, Petit Traité de l’Abandon
(2) J. Philippe, La liberté intérieure  
(3) L. Schweitzer, Les chemins de la vie spirituelle,  p.131

Prière : 
Seigneur, accorde nous d’accepter avec sérénité les choses que nous ne pouvons pas changer, 
le courage de changer celles que nous pouvons changer, et la sagesse pour faire la différence.
Garde-nous attachés à toi, près de toi.  
Apprends-nous à te connaître, toi notre Dieu. 
Dieu fidèle
Dieu amour
Dieu Père, Fils et Saint-Esprit
A toi seul la puissance et la gloire pour l’éternité.
Amen. 






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