BIENVENUE !

Bienvenue sur ce modeste blog.
Vous y trouverez le texte de mes prédications.
Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 2 mars 2015

prédication du 1er mars 2015


1 Corinthiens 6.12-20 : Vivre notre sexualité sous le regard de Dieu 



Depuis quelques temps, on nous demande d’aborder ici un sujet un peu tabou.
Comme on reproche parfois aux prédications de s’adresser trop au cerveau et pas assez au cœur, eh bien aujourd’hui, nous allons carrément descendre… en dessous de la ceinture !
Car c’est de la sexualité que nous allons parler ce matin – ou plutôt, nous allons nous mettre à l’écoute de ce que l’apôtre Paul en dit, dans la première épître aux Corinthiens.
Reconnaissons-le, on parle rarement de « sexe » ici ! Oui, le sujet est un peu tabou. On en parle partout… sauf à l’église, ce qui nous laisse seuls avec nos questions, et peut créer des souffrances.
Il faut trouver une voie entre la facilité du « tout est permis », dont Paul va parler d’ailleurs dans le texte d’aujourd’hui, et la tentation du moralisme – le fait de n’aborder les questions liées à la vie sexuelle que de l’extérieur, sous l’angle de la morale, en insistant seulement sur le cadre et les interdits, quitte à plaquer sur les vies des schémas tout prêts – moralisme vite culpabilisateur qui peut donner l’impression qu’il y a dans la sexualité quelque chose de foncièrement mauvais – ce qui est faux ! 
Et avant d’aller plus loin, affirmons-le clairement : la sexualité est belle aux yeux de Dieu, qui l’a voulue, qui l’a donnée aux êtres humains comme une source d’épanouissement. Et son projet est que nous la vivions dans une relation d’amour, de couple, dans l’engagement du mariage.
Elle n’a pas à être une source de honte ou de souffrance.
Lisez le Cantique des Cantiques ! Un livre de la Bible autrefois interdit pour parce que trop érotique !!
En même temps, il faut être bien conscients que la sexualité telle que nous la vivons n’est plus celle qu’il a voulu au départ ; elle a perdu son innocence ; elle est plus confuse, parfois blessée. Elle tend à être séparée de toute relation d’amour et d’engagement mutuel. Et si elle reste source de bénédiction dans le couple, elle peut facilement se perdre, s’égarer et se transformer en source de souffrance1. En somme, elle est ambivalente….
Il est donc important d’en parler dans les Eglises, paisiblement, sans indécence ni insistances inutiles : surtout si on vit des choses qu’on n’ose pas placer sous le regard de Dieu, surtout quand ça travaille, quand ça questionne, quand ça fait mal. Mais pas seulement : parce que là comme dans tous les aspects de nos vies, Dieu veut faire briller la lumière de sa grâce, et nous amener à une véritable liberté, un véritable épanouissement.
Voilà pourquoi Paul écrit ceci aux Corinthiens :
Lecture : 1 Co. 6.12-20
« 12Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais moi, je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. 13Les aliments sont pour le ventre, comme le ventre pour les aliments ; Dieu réduira à rien celui-ci comme ceux-là. Mais le corps n’est pas pour l’inconduite sexuelle : il est pour le Seigneur, comme le Seigneur pour le corps. 14Or Dieu, qui a réveillé le Seigneur, nous éveillera aussi par sa puissance. 15Ne savez-vous pas que votre corps fait partie du corps du Christ ? Prendrai-je donc des parties du corps du Christ pour en faire des parties d’un corps de prostituée ? Jamais de la vie ! 16Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? En effet, il dit : Les deux seront une seule chair. 17Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit.
18Fuyez l’inconduite sexuelle. Tout autre péché qu’un homme commet est extérieur au corps ; mais celui qui se livre à l’inconduite sexuelle pèche contre son propre corps. 19Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le sanctuaire de l’Esprit saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu ; vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, 20car vous avez été achetés à un prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps ».

Comment percevez-vous le ton de Paul : moralisateur ? Encourageant ?
Je le qualifierai de « convaincu ». Paul est sévère, parce que l’enjeu est important. Il s’agit de mettre en lumière tout ce qui peut enfermer ses frères et sœurs et les empêcher d’accéder au bonheur que Dieu veut pour eux.
Le voilà donc qui dénonce « l’inconduite sexuelle ». De quoi s’agit-il ? Eh bien en grec, cela se dit porneia… Cela vous évoque-t’il quelque chose ? … ce terme désigne tout ce qui en matière de sexualité dévie du projet de Dieu que nous allons évoquer ce matin.
Il faut imaginer le contexte : la ville de Corinthe était célèbre dans tout l’Empire pour sa débauche, l’atmosphère était saturée de porneia de toutes sortes, et l’on y disait volontiers : « tout est permis »…
Même les chrétiens disaient cela ; pourquoi ? Parce qu’ils pensaient à tort que seule l’âme et les réalités spirituelles importent, le corps n’étant pas important. C’est ce qu’on appelle le dualisme, spécialité grecque : Platon disait ainsi : « le corps est la prison de l’âme » – conséquence : ce qu’on fait avec son corps était sans importance…
Du coup, certains chrétiens allaient tranquillement coucher avec l’une des centaines de prostituées sacrées présentes autour des temples païens… avant d’aller au culte !
Que dire ?
D’abord cela interroge : ce dualisme-là n’est-il pas un peu le nôtre ? Est-ce que nous n’avons pas cette tendance à laisser notre corps à la porte de l’église ? Ici tout le monde a l’air très spirituel, nous élevons nos âmes vers le Seigneur… mais combien, en partant, récupéreront à la sortie un corps à la sexualité embarrassante ?
Penser que ce que nous vivons dans notre corps n’intéresse pas Dieu est faux ! Ca nous dévalorise. Au contraire, « glorifiez Dieu dans votre corps ».
Nous sommes précieux aux yeux de l’Eternel, qui aime et respecte notre corps… au point d’en faire son Temple, où il vient habiter par le Saint Esprit. Au point que Jésus est mort pour nous sauver entièrement – l’esprit, l’âme… et le corps – « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le sanctuaire de l’Esprit saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu ; vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés à un prix » (19-20).
Il y a plus : notre corps est tellement précieux qu’il est destiné à la vie éternelle ! Nous attendons, dans les derniers temps, la résurrection de la chair – pour entrer dans la Nouvelle Création avec un corps glorifié, libéré de toute forme de péché et de maladie, certes, à la fois continuité du corps actuel et corps différent – mais bien à nous ! Cette glorieuse destinée justifie d’autant plus l’affirmation de Paul : « le corps n’est pas pour l’inconduite sexuelle : il est pour le Seigneur, comme le Seigneur pour le corps… Or Dieu, qui a réveillé (= ressuscité) le Seigneur, nous éveillera aussi par sa puissance ».
Ainsi, ce que nous faisons de notre corps intéresse Dieu qui sait ce qui est bon pour nous, et utile pour notre épanouissement – voilà pourquoi Paul écrit : « tout est permis mais tout n’est pas utile ». Il y a des pratiques qui nous font plus de mal que de bien, et Dieu veut notre bien.
Continuons.
Parmi les fausses idées qui mettent ses frères et sœurs en danger, il y a celle-ci : « tout est permis ». A quoi Paul répond : « tout m’est permis, mais moi, je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. (…) le corps n’est pas pour l’inconduite sexuelle ».
Que dit Paul ici ? Eh bien c’est assez provocateur aujourd’hui, mais il dit clairement : l’asservissement menace au contraire ceux qui veulent vivre leur sexualité en dehors des voies de Dieu.
En somme, la liberté sexuelle n’est pas là où on croit : elle est en Christ. 
Mesurons la portée de l’affirmation ! On a beaucoup entendu que la morale chrétienne était un obstacle à l’épanouissement sexuel. Alors que la Bible affirme la beauté de la sexualité.
Un exemple intéressant – et effarant de ces fausses représentations !! : le logo d’un site autoproclamé « premier site de rencontres pour personnes mariées ». « Site de rencontres extraconjugales »…
Ce site que je ne nommerai pas à fait parler de lui la semaine dernière. Ses publicités sont si provocantes que les habitants de certaines villes françaises ont protesté auprès des pouvoirs publics. Quand même, créer un business sur l’adultère, c’est osé…
Le logo est révélateur cependant : la pomme croquée, c’est une allusion au péché originel bien sûr (« Eden ») qu’on associe à tort à une relation sexuelle, avec l’idée fausse que le christianisme aurait la sexualité en horreur. Et donc, tout ce qui est transgression de la morale chrétienne serait garantie d’un plaisir plus grand, et bien plus « naturel ».
Mensonge.
« Tout m’est permis, mais moi, je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi ».
Paul évoque ici le côté sombre que la sexualité peut avoir, quand elle devient envahissante, asservissante… 
Qu’aurait dit Paul s’il avait eu Internet ! Et s’il avait connu la « libération sexuelle » des années 60. Quel bilan aujourd’hui ? Lot de misères sexuelles diverses. On traite maintenant des porno-dépendances…
Pourtant on continue de tenir les même discours libéraux en matière de sexualité. Est-ce parce que le sexe est la source de business n°1 sur Internet ? 50 milliards de dollar/an, plus que le budget du cinéma ! 
Je vous laisse juger : dire cela, est-ce du moralisme… ou du réalisme ?
Pas de moralisme, non. Comment pourrait-on faire la morale aux autres, alors que dans ce domaine, tout le monde est logé à la même enseigne ? 
P. Auzenet, responsable du site « Oser en parler » explique qu’il suit 99% de chrétiens (pasteurs, prêtres, anciens, responsables d’église…) – en proie à des luttes dans leur vie sexuelle – porno-dépendances notamment !
Voilà pourquoi notre corps ne doit pas être laissé à l’entrée de l’Eglise, mais placé sous la grâce de Dieu, à la lumière de Dieu.
C’est difficile à faire, parce que Satan, le Père du mensonge, cherche justement à nous maintenir dans l’asservissement. Son but est de nous éloigner de Dieu et de nous mêmes.
Notre sexualité a t-elle parfois autorité sur nous ? Est-ce que nous avons des pensées ou des pratiques sexuelles qui nous mettent mal à l’aise, nous donnent un sentiment de gêne ou de honte ?
Alors déposons les devant Dieu, sous son regard de grâce.
Et soyons assurés que l’Evangile est une bonne nouvelle aussi pour notre vie sexuelle. Car Jésus est venu nous libérer de tout ce qui nous enferme et nous apporter le pardon. Il pardonne aussi ces pensées ou ces actes impurs, et nous rend dignité et pureté.
« Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal ». 1 Jean 1.9. 
Et par son Esprit il veut nous conduire sur un chemin de liberté, et nous permettre de retrouver l’harmonie : bien dans notre corps, bien dans notre cœur, bien dans notre vie affective et sexuelle, bien dans nos relations avec les autres et avec Dieu.
Alors ne laissons pas notre vie sexuelle prendre l’autorité sur nous. Sous la grâce de Dieu, nous pouvons la vivre sainement et joyeusement.
Une chose est sûre : la sexualité a quelque chose… de spirituel ! Elle dépasse largement notre nature biologique ; Paul dit ainsi qu’il se passe quelque chose dans la relation sexuelle qui dépasse le corps. Qu’on le veuille ou non, la relation sexuelle crée des liens : « Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle ? En effet, il dit : Les deux seront une seule chair ».
En disant « les deux seront une seule chair », Paul cite le texte de la Genèse qui institue le mariage. Celui-ci n’est pas juste une tradition optionnelle.
Il est le cadre offert par Dieu pour que la sexualité puisse être épanouissante et exercée dans le respect de l’autre. Car elle exige la sécurité affective, c’est-à-dire la confiance absolue en l’autre, la connaissance de l’autre et l’engagement sur le long terme – ce qui est au cœur du mariage - parce que coucher avec l’autre, c’est s’abandonner à l’autre, c’est lui donner notre intimité la plus profonde.
« L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair ».
Magnifique projet, ambitieux ! Car Dieu a de l’ambition pour nous !
La sexualité dans un couple est même bien plus que l’acte sexuel. Elle est faite de séduction, de tendresse, de dialogue, d’écoute, de patience. Nous sommes encouragés dans le couple à parler de nos difficultés et à prier ensemble. C’est peut être cela le plus dur, parce qu’on a peur de briser la relation. Mais au contraire, l’amour pardonne tout, supporte tout.
Enfin, sous les nombreuses pressions, on peut être tenté de se précipiter dans la vie sexuelle en dehors de l’engagement du mariage, parce qu’on pense que seul le plaisir compte, que c’est comme ça qu’on va s’épanouir, parce qu’on croit que sans sexe on n’est pas normal, ou pour se prouver qu’on est désirable, nous aussi…
Mais au contraire la véritable sexualité est pour ceux qui la prennent au sérieux, devant Dieu, et ont pris le temps de laisser mûrir un amour vrai pour l’autre, avec un engagement de vie à deux.
Croyons-nous que Dieu veut nous bénir dans ce domaine-là aussi, pour nous amener à vivre ce qui est le mieux pour nous  ?
Allons même plus loin : la Bible dit même qu’on peut s’épanouir sans sexualité ! Paul le dit dans la suite du texte, en valorisant aussi le célibat. Cela ne signifie pas encore une fois que la sexualité soit mauvaise mais qu’il faut simplement la remettre à sa juste place, ne pas trop en attendre – en langage biblique : ne pas en faire une idole. Il y a bien des choses qui sont plus importantes, comme l’amour, le service de l’autre. On peut aussi choisir de laisser de côté la vie sexuelle pour se consacrer aux autres, comme Jésus. Ce n’est pas moins noble, pas moins épanouissant.
Alors oui c’est vrai, il y a des combats dans ce domaine. Il y a des souffrances, des interrogations, de la confusion parfois. Et s’il y a des choses dans notre vie sexuelle que nous n’osons pas vivre sous son regard, ne restons pas comme ça. 
Derrière le site comme http://www.oserenparler.eu , par exemple, se trouvent des personnes prêtent à vous accueillir sans jugement, et cheminer avec vous, vous conseiller.
Vos pasteurs sont aussi là pour vous si vous le souhaitez !
Non, ne restez pas seuls avec vos luttes et vos souffrances. 
C’est une certitude, Dieu a de belles choses en réserve pour ses enfants.
Et quelle que soit notre situation, nous pouvons la vivre sous son regard d’amour.
Demandons à Christ de venir remplir notre vie entière, l’esprit, l’âme et le corps.
« Jésus leur dit encore : C’est moi qui suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera jamais dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ».(Jn 8.12)
« Tu me fais savoir quel chemin mène à la vie. On trouve une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel près de toi. » (Ps 16.11)
Sylvain Guiton

A Lire : Eric Fuchs, le désir et la tendresse, Labor et Fides