Texte
biblique et questions :
Marc
1. 9-28
9En
ces jours-là Jésus vint, de Nazareth de Galilée, et il reçut de
Jean le baptême dans le Jourdain. 10Dès
qu'il remonta de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit
descendre vers lui comme une colombe. 11Et
une voix survint des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ;
c'est en toi que j'ai pris plaisir.
12Aussitôt
l'Esprit le chasse au désert. 13Il
passa quarante jours dans le désert, mis à l'épreuve par le Satan.
Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14Après
que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée ; il
proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15et
disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est
approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.
16En
passant au bord de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère
de Simon, qui jetaient leurs filets dans la mer — car ils étaient
pêcheurs. 17Jésus
leur dit : Venez à ma suite, et je vous ferai devenir pêcheurs
d'humains. 18Aussitôt
ils laissèrent leurs filets et le suivirent. 19En
allant un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean,
son frère, qui étaient aussi dans leur bateau, à réparer les
filets. 20Aussitôt
il les appela ; ils laissèrent leur père Zébédée dans le
bateau avec les employés, et ils s'en allèrent à sa suite.
21Ils
entrent dans Capharnaüm. S'étant rendu à la synagogue le jour du
sabbat, il se mit à enseigner. 22Ils
étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme
quelqu'un qui a de l'autorité, et non pas comme les scribes.
23Il
se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d'un
esprit impur, qui s'écria : 24Pourquoi
te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu
pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de
Dieu ! 25Jésus
le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
26L'esprit
impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand
cri. 27Tous
furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu'est-ce
donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il
commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ! 28Et
sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée.
Questions :
1. v. 14 : comment résumeriez-vous la « Bonne Nouvelle » annoncée par Jésus ?
2. v. 15 : qu'est-ce que ce Règne de Dieu dont parle Jésus ?
3. Comment ce que Jésus annonce au v. 15 se vérifie-t-il dans les événements racontés ensuite par Marc ?
- quelle est la priorité de Jésus (v. 15 ; v. 38-39) ? Pourquoi ?
- quel effet ses paroles et ses actions ont-elles sur les personnes ?
[Appliquer]
4. Comment ce texte façonne-t-il... :
...ma compréhension de Jésus ?
...ma vie quotidienne ?
...mes priorités, en tant que disciple de Jésus ?
Prédication
du 8 février 2015
Marc
1.9-28
Le règne de Dieu s'est
approché, changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.
[Accroche :
Video Euromillions : « le gagnant »]
Et
si votre vie devenait infiniment plus riche ?
Reconnaissons-le,
un tel slogan est une véritable provocation pour un
pasteur !
Voilà donc le rêve qui pousse les
gens à faire la queue jusque dans la rue, même par -1°, chaque
fois que l'Euromillion du mardi approche. Parce qu'ils espèrent
gagner et ainsi, changer de vie. Etre soudain riches ! Et
heureux. Ils ne sont pas les seuls : rien qu'en 2015, 21
millions de grilles d'Euromillion ont déjà été vendues. Est-ce
tout ce qui reste à nos sociétés pour garder espoir ?
En tous cas, ce changement-là,
combien en rêvent - même parmi nous, peut-être ? Ce
changement fracassant qui fait
sortir du quotidien et vous place au dessus du sort habituel des
hommes.
En somme, vous
gagnez au loto et vous voilà le roi du monde, de votre monde où
vous devenez, comme Dieu, tout puissant.
Attirant... mais nous savons au fond
que ce n'est pas cela dont nous avons besoin. Avec ça on reste en
surface, on rate l'essentiel :
le cœur.
Où est l'amour
là dedans ?
Ce qui est juste, c'est ce sentiment que la vie n'est pas vraiment
ce qu'elle devrait être, qu'une vie meilleure est possible, la Bible
ne cesse d'en parler. C'est même le premier message que Jésus a
proclamé, au début de son ministère : oui, un changement est
nécessaire. (j'éviterai : « le changement c'est
maintenant »...). Oui, il y a autre chose à vivre.
Mais cela ne viendra pas des circonstances, surtout pas de
l'argent : c'est notre cœur qui doit changer.
Voilà
précisément ce que Jésus annonce, dès le début de
son ministère : que le changement doit intervenir en priorité
à l'intérieur- et qu'il
est venu pour permettre cela : nous rejoindre dans notre
faiblesse, et ouvrir nos vies à l'amour puissant de Dieu - un
amour qui transforme, rayonne et nous tourne vers Dieu et vers les
autres.
Lisons en Marc 1.9-28
Avez
vous perçu le mouvement extraordinaire qui, en quelques versets,
conduit de l'arrivée presque inaperçue d'un homme d'apparence
banale - « Jésus vint, de Nazareth de Galilée »-
jusqu'à la révélation de la puissance qui l'accompagne - « Sa
renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée » ?
Voici donc la
nouvelle que Marc veut partager : avec la venue de Jésus,
soudain, dans l'histoire des hommes, quelque chose de vraiment
nouveau s'est passé. Et l'explication de l'événement, c'est
Jésus lui-même qui la donne au retour du désert où il a
affronté le Tentateur (15) : « le temps est accompli et
le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à
la bonne nouvelle ».
« Le règne
de Dieu s'est approché » - ou « s'est rendu proche »,
selon les traductions. Et c'est cela qui permet un changement
radical.
Mais quel est
ce « règne de Dieu », et de quel changement Jésus
parle-t'il ?
Ce
règne de Dieu d'abord, était attendu par tous les juifs de
l'époque. Et
l'expression
« le temps
est accompli » fait référence à toutes les prophéties de
l'AT qui annonçaient le moment où Dieu interviendrait pour libérer
son peuple, comme il l'avait fait avec Moïse, en Egypte.
Certes,
les prêtres en place autour du temple de Jérusalem ou bien les
Pharisiens estimaient représenter
eux ce
règne de Dieu sur la terre, mais des mouvements type « fin du
monde » attendaient eux une intervention fracassante et
miraculeuse de Dieu, que les eaux du Jourdain se séparent en deux
comme au temps de Josué par exemple. Et Jean-Baptiste, dont Marc
parle juste avant, est le dernier représentant de cette tradition
qui annonce aussi un règne imminent de Dieu - « le royaume de
Dieu est proche » dit-il aussi. Et Jean annonce déjà que ce
règne va être différent - ouvert à tous sans exception, et
nécessitant pour y entrer la repentance et la purification,
symbolisées par le baptême.
En
réalité, contre toute attente, ce
règne est venu de façon presque banale au départ, par Jésus de
Nazareth.
Voilà qu'un jour, dit Marc, « Jésus vint de Nazareth ».
Un obscur charpentier quitte son atelier, marche jusqu'au bord du
Jourdain pour se faire baptiser par Jean. Il n'a rien de particulier
au départ, et pourtant il est lui-même le Roi promis, qui vient
délivrer son peuple.
Par lui, le Règne de Dieu se rend proche. En Jésus, comme on le
voit à son baptême, aux versets 9-11, c'est le Dieu trinitaire en
personne qui vient marcher au milieu de son peuple.
Quelle nouvelle !!
Du
coup, il faut bien mesurer la portée provocatrice de l'affirmation
de Jésus ici : en disant « le règne de Dieu s'est
approché », il affirme qu'il
est lui-même le Roi promis. Et qu'avec lui le royaume de Dieu n'est
donc plus à attendre, il est déjà présent.
En
quoi est-ce une bonne nouvelle ?
C'est une bonne nouvelle parce que
Jésus révèle que le règne de Dieu, c'est celui de l'amour et de
la vie, de la restauration des cœurs brisés : et lui-même
est un roi serviteur
Cf
Luc 4 : discours « programme » de Jésus - son
discours du Bourget :
18L'Esprit
du Seigneur est sur moi,
parce
qu'il m'a conféré l'onction
pour
annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ;
il
m'a envoyé
pour
proclamer aux captifs la délivrance,
et
aux aveugles le retour à la vue,
pour
renvoyer libres les opprimés,
19pour
proclamer une année d'accueil de la part du Seigneur.
C'est
une bonne nouvelle parce que désormais, Dieu est accessible à tous,
et il se montre comme un Dieu proche des « pauvres », des
« opprimés », des plus petits, un Dieu attentif, un Dieu
d'amour.
Le Roi lui-même
s'est fait proche, venant nous rejoindre au cœur de la vie
ordinaire, se mettant au niveau de tous - surtout des plus simples -
ce qui signifie que tout le monde peut accéder à la vie nouvelle.
C'est elle qui vient sur notre chemin.
Jésus
est un roi qui ne pratique pas l'élitisme.
Ici, pas de ticket gagnant réservé à un seul ; tout le monde
peut entrer dans ce royaume, et devenir l'un des acteurs de cette
révolution qui commence. Tout le monde... notamment les faibles, et
ceux qui reconnaissent leur fragilité et leur besoin de
Dieu (ceux que Jésus nomme les « petits »).
Voilà pourquoi Jésus choisit ses
premiers disciples parmi les classes sociales les moins élevées
de la société. Pas beaucoup de winner parmi eux, et pourtant il les
appelle : « venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs
d'hommes ».
Enfin, c'est une bonne nouvelle
parce que Jésus annonce que la libération, le changement tant
attendu ne dépendent pas de nos propres forces : en Jésus
c'est Dieu lui-même qui intervient avec puissance pour nous libérer
des forces de mort qui nous tiennent (
« libérer les captif, rendre la vue aux aveugles... »).
La suite de ce premier chapitre de
Marc montre ainsi que la royauté de Jésus se vérifie
immédiatement, dans son enseignement, et dans le premier de ses
miracles à Capharnaüm. Tout de
suite les gens sont frappés par la puissance qui émane de cet homme
inconnu jusque là : « ils étaient ébahis de son
enseignement : car il enseignait comme quelqu'un qui a de
l'autorité, et non pas comme les scribes » (v.22). « qu'est-ce
donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! »
(v.27)
Le
grec traduit par « autorité » ici (exousia)
exprime vraiment la puissance spirituelle - pas le seul charisme
personnel. On sent que Jésus est investi d'une autorité qui dépasse
ce qu'on connaît.
D'ailleurs, c'est
l'ennemi lui-même qui souligne le combat spirituel de ce qui se
joue-là. « Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le
Nazaréen ? dit le démon. Es-tu venu pour notre perte ? ».
Jésus, qui a surmonté la tentation au désert, a pris le pas sur
l'adversaire, et vient maintenant déranger son petit business -
révélant du même coup tout ce qu'il y a de spirituel dans
les luttes de la vie humaine.
Marc montre
qu'en Jésus, Dieu vient manifester sa puissance de salut sur la
terre des hommes. Et tout le reste de la vie de Jésus va révéler
cela : Il va chasser partout les démons, les maladies. Il va aimer
même ceux que tous rejettent, aimer les pécheurs et changer leurs
vies pour les ramener au Père céleste. Et par son sacrifice, il va
réconcilier le monde avec Dieu.
Oui, la bonne
nouvelle, ce n'est pas que Jésus amène de nouvelles idées
généreuses dans le débat public : c'est qu'en lui la
puissance libératrice de Dieu se déploie en faveur de tous ceux qui
veulent croire.
Et cela nous
amène à ce fameux changement du cœur.
C'est clair,
l'appel de Jésus, « changez radicalement et croyez » est
un appel clair et sans détours à la conversion, c'est à
dire à une révolution, un changement intérieur.
C'est le mot grec
metanoïa qui exprime ici l'idée de changement radical.
meta = idée
de changement, comme dans « métamorphose » et noïa :
« la pensée, le siège de la réflexion, de la volonté et
du sentiment ». Jésus parle donc d'une transformation radicale
de l'attitude intérieure et de
l'esprit, sans laquelle nul ne peut s'approcher de Dieu et
connaître son règne.
Donc changement
du cœur, entrainant changement d'attitude et de
mentalité. Le prophète Ezéchiel annonçait déjà : « Je
vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit
nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous
donnerai un cœur de chair. C'est mon Esprit que je mettrai en vous »
(36.26). Voilà de quoi parle Jésus ici.
Voilà
vraiment de quoi nous avons besoin, n'est-ce pas ?
Nous
savons pertinemment que la
vie meilleure dont nous rêvons ne viendra jamais totalement
d'un billet gagnant, d'un changement de situation professionnelle,
d'un travail sur soi - même s'il y a des choses importantes là
dedans. Il faut, à un
moment ou l'autre, que la puissance du péché qui détruit nos vies
- et fait de nous des aveugles, des captifs et des opprimés, soit
brisée - et c'est pour cela que le Roi est venu.
Cette
transformation est possible uniquement si nous disposons de la
puissance pour y parvenir. Il serait en effet cruel de demander à
des gens paralysés par le péché de se repentir sans leur accorder
le pouvoir d'y arriver !
Le message de
Jésus est donc ici : « à cause de ma venue, votre
cœur peut subir une transformation profonde ». Il ne
dit pas « changez... » puis « croyez », mais
« croyez » afin d'être changés par Dieu. Croyez
en moi, faites moi confiance et je vous changerai totalement, par la
puissance créatrice de Dieu.
C'est ce qu'on
appelle la nouvelle naissance, qui
est la condition pour entrer dans le Royaume de Dieu. « En
vérité, dira Jésus au Pharisien Nicodème, si un homme ne naît
pas d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. ..
Il faut que vous naissiez de nouveau» (Jn 3.6).
Cette nouvelle
naissance, œuvre du Saint Esprit, n'est jamais à mériter. Elle est
à accepter.
Elle peut
intervenir à un moment précis ou être un processus plus diffus (il
y a diversité d’expériences) - mais toujours, elle sera la
manifestation du règne de Dieu dans notre vie, par un changement
d'orientation de notre être - envie de prier, horreur du péché qui
ne glisse plus sur nous, désir d'aimer Dieu et les autres, de lire
la Bible...
Chaque
fois qu'une vie est transformée par l'amour du Père - que l'amour
grandit, que le pardon remplace la haine, l'espérance remplace
l'amertume... c'est que le
règne de Dieu s'est approché pour cette personne.
C'est
ce que Paul dit aussi d'une autre façon : « si quelqu'un
est en Christ, il est une création nouvelle. Ce qui est ancien est
passé : il y a là
du nouveau. Et tout vient
de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ... Car Dieu
était dans le Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans
tenir compte aux humains de leurs fautes, et mettant en
nous la parole de la
réconciliation ». (2 Co. 5.17-19)
Et même si tout
cela ne dépend pas de nos propres forces, cependant, le Roi lance
ici un appel : « changez radicalement et croyez ».
C'est
que rien ne peut se passer sans notre consentement.
Voilà aussi pourquoi Christ associe la bonne nouvelle à la
repentance - le terme
insistant non pas
en premier sur l'idée de regret,
de remords
mais surtout sur celle de changement
radical de direction, et d'adhésion.
Cela signifie
donc reconnaitre notre fragilité et notre besoin profond de l'amour
de Dieu en nous.
Ainsi,
il nous revient de nous laisser interpeller personnellement
par la vie de cet homme, par ses actes, par ses paroles, nous
interroger comme les gens à Capharnaüm : « qu'est-ce
donc ? »...
Et de nous engager
personnellement.
D'une certaine façon, en Jésus Dieu cherche une relation, une
rencontre avec nous.
Bien sûr, chacun
est libre devant cela, car l'amour ne s'impose pas.
Libre devant ce
message :
« Dieu a
tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque
croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».
Mais si c'était
maintenant le moment, pour vous, d'un changement de direction
intérieur, avec Jésus-Christ ?
Et si votre vie
devenait infiniment plus riche ?
Bien sûr, l'appel
s'adresse aussi à ceux qui ont déjà cru, et qui sont engagés
comme les disciples, sur un chemin avec Jésus. Pour ceux-là c'est
un appel à revenir sans
cesse au fondement posé par Jésus : repentance
et foi.
Il nous encourage
aussi à aller jusqu'au bout de l'appel lancé par Jésus, en le
laissant faire de nous des « pêcheurs d'hommes », par la
puissance de son Esprit.
Alors cessons de rêver d'une autre vie. Mais acceptons de
laisser la vie de Dieu transformer la nôtre.
Que
chaque jour
devant lui dans la prière, nous nous rendions disponibles à lui,
pour qu'il établisse son Règne d'amour dans nos cœurs, ici à
Lyon, et que nos vies
soient radicalement transformées de l'intérieur, remplies d'amour,
de joie, de patience, de bonté, de pardon... pou sa gloire.
Amen