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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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lundi 31 août 2015

Prédication du dimanche 2 août :


Exode 16.2-15 : « Qu’est-ce que c’est ? »
Le pain de la grâce et de la dépendance


Imaginez un paysage désertique au petit matin, un paysage de sable et de pierre. Nous sommes dans la péninsule arabique (à la frontière entre l’Egypte et l’Israël actuels), un peu plus de 1200 ans avant J.-C, peu après la sortie des Hébreux hors d’Egypte. 
Ils se trouvent dans le désert de Sin. Immensité de montagnes rocheuses, bordées de canyons vertigineux, et entourées de plateaux sablonneux, arides. Parfois, ici ou là, une oasis, une source. Mais si rarement. 

Ce matin-là, le peuple d'Israël s'est levé au milieu d'un paysage étonnant : quand le jour s’est levé il y avait tout autour du camp qu'ils avaient dressé une couche de rosée. Et une fois que cette rosée s’est dissipée il y avait à la surface du désert quelque chose de petit et de blanc comme des grains de coriandre, quelque chose de fin comme la gelée blanche sur la terre. 
Les uns après les autres, ils ont tendu la main, étonnés, pour examiner cet étrange dépôt apparu pendant la nuit. 
Ils se sont regardés et se sont dit l'un a l'autre : « qu'est-ce que c’est ? » - en hébreu : Man Hou ? - et on dit que c’est de là qu’est venu le nom de cette étrange nourriture : la manne. 
« Qu'est-ce que c’est ? ». Au fond d'eux-mêmes en réalité ils connaissaient la réponse : et alors Moïse l'exprima haut et fort : « c'est le pain que l'Eternel vous donne pour nourriture ».

C’était la manne, envoyée par Dieu en réponse à leurs cris.
La manne. Le pain de la grâce de Dieu - grâce étonnante, manifestée sur le chemin de ces gens vers la liberté. Pain de vie, pain de la dépendance envers Dieu, aussi. 
Miraculeuse réponse de Dieu aux cris de son peuple. 

Ce peuple est-il heureux, soulagé ? Les choses étaient loin d’être si simples, et les hébreux n’étaient pas encore arrivés… 

Ici, un retour en arrière s’impose. Cet épisode, rapporté dans le livre de l'Exode au chapitre 16, se produit donc peu de temps après que le peuple hébreu ait été libéré d'Égypte. A l’appel de Dieu, sous la conduite de Moïse, ils ont traversé la mer ouverte pour eux par l’Eternel. Ils marchent maintenant le long de la côte de la mer Rouge en direction du Mont Sinaï. Et puis ils ont bifurqué pour couper à travers la grande plaine de sable du désert de Sin. 
Mais très vite, avec la fatigue et la faim, l’euphorie des premiers jours, après la libération de l’esclavage, a commencé à faire place aux murmures. « 2 Toute l'assemblée des Israélites murmura contre Moïse et Aaron dans le désert. 3 Les Israélites leur dirent: «Pourquoi ne sommes-nous pas morts de la main de l'Eternel en Egypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ? Au contraire, vous nous avez conduits dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée.»

La contestation du peuple, insatisfait de ce qu’il vit et regrettant le confort de l’Egypte, c’est un thème qui revient souvent dans la Bible. Régulièrement dans sa marche vers la terre promise, malgré les interventions miraculeuses de Dieu en sa faveur, le peuple Hébreu va râler et regretter l’Egypte, sa viande, ses poissons, ses concombres, melons, poireaux, oignons, ails… ! (Nombres 11.5). [Pour la plupart de nos enfants, ce serait plutôt un motif pour fuir très loin dans le désert !]
Et avec cet état d’esprit, le peuple va pousser Moïse à bout, jusqu’à lui faire crier à Dieu  : « pourquoi me fais-tu du mal, à moi, ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple ? » (Nombres 11.11)
Quelle réponse divine attendrait-on à de telles réclamations ? De la colère ? 
Je trouve la réponse de l’Eternel à ces contestations… étonnante, et révélatrice de sa pédagogie envers nous. Avant tout, c’est une réponse de grâce, mais la grâce de Dieu est quelque chose qui pousse vers l’avant, qui ne laisse pas dans le statu quo et la rumination négative. 

Voici la réponse de Dieu : 
4 L'Eternel dit à Moïse: «Je vais faire pleuvoir du pain pour vous depuis le ciel. Le peuple sortira et en ramassera chaque jour la quantité nécessaire. Ainsi, je le mettrai à l'épreuve et je verrai s'il suivra, ou non, ma loi. 5 Le sixième jour, ils prépareront ce qu'ils auront apporté, c’est-à-dire le double de la portion ramassée chaque jour. »

6 Moïse et Aaron dirent à tous les Israélites: «Ce soir, vous reconnaîtrez que c'est l'Eternel qui vous a fait sortir d'Egypte. 7 Le matin, vous verrez la gloire de l'Eternel, parce qu'il a entendu vos murmures contre lui. Que sommes-nous, en effet, pour que vous murmuriez contre nous ? » 8 Moïse dit: «L'Eternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et le matin du pain à satiété, parce qu’il a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui. Que sommes- nous en effet? Ce n'est pas contre nous que vous murmurez, c'est contre l’Eternel. »

Le texte insiste sur ces « murmures » du peuple. Clairement, ils sont un péché contre Dieu, Dieu qui entend ces murmures, qui est attentif à ce que ressent son peuple et à ce qu’il exprime, ne va pas les excuser si facilement - même s’il connait leurs circonstances difficiles, il les tient quand même pour responsables de leur rébellion - car ils le sont ! 
Il est facile bien sûr de juger ces gens, et d’être choqué par leur ingratitude envers l’Eternel. On sait pourtant que la faim et la soif font perdre la notion des choses. Comme la souffrance, la fatigue, l’usure des longues épreuves. Interrogeons-nous alors : qui parmi nous n’a jamais été un membre même temporaire de cette tribu des râleurs, maugréant contre Dieu, amer, incapable de voir les bénédictions placées sous ses yeux et perdant toute confiance dans le Dieu qui le libère ? 
Nous sommes comme eux, lorsque nous reprochons à Dieu les difficultés que nous rencontrons. Que nous résistons à sa volonté pour nous. 
Alors oui, il y a une colère justifiée dans la réponse de Dieu : vous avez voulu du pain ? Vous en serez recouverts ! 
Dans le livre des nombres, Dieu dira aussi : je vous donnerai de la viande, « et vous en mangerez… un mois entier, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines et que vous l’ayez en dégoût, puisque vous avez rejeté le Seigneur qui est parmi vous et que vous avez pleuré devant lui en disant : « nous étions si bien en Egypte ! » (voir Nb 11.18)
Voilà donc Dieu qui laisse son peuple assumer certaines des conséquences de son péché. Car le péché a toujours des conséquences négatives. 
La révolte ici entraîne aussi le doute. Ainsi, le peuple accuse Moïse de les avoir entraînés dans le désert sans la volonté de l’Eternel. Et puis il remet aussi en cause son statut de peuple choisi et aimé par Dieu : « Pourquoi ne sommes-nous pas morts de la main de l'Eternel en Egypte ? » (v. 3) - sous-entendu : qu’avons nous de plus que les Egyptiens que Dieu a fait mourir ? Il ne nous traite pas mieux qu’eux ! Est-ce qu’il nous aime vraiment ? 
Questions bien connues de nous, peut-être ?  

C’est certain, Dieu connait nos rebellions, nos amertumes et nos doutes. Mais s’il ne nous excuse pas si facilement, il nous fait grâce : son amour vient à notre rencontre pour nous faire avancer, nous sortir de nos enfermements et nous « guérir » de notre péché. 
La grâce de Dieu est quelque chose qui pousse vers l’avant, qui ne laisse pas dans le statu quo.

Dieu fait grâce. 
Ainsi, alors même qu’il exprime sa colère, Dieu ne se cache pas au peuple, au contraire : il va se rendre proche. Sa présence était déjà manifestée le jour par une « nuée », une sorte de nuage, et la nuit par une colonne de feu. Mais il va se rendre plus présent encore

« 9 Moïse dit à Aaron: «Dis à toute l'assemblée des Israélites: ‘Approchez-vous devant l'Eternel, car il a entendu vos murmures.’» 10 Tandis qu'Aaron parlait à toute l'assemblée des Israélites, ils se tournèrent du côté du désert, et voici que la gloire de l'Eternel parut dans la nuée. 11 L'Eternel s'adressa à Moïse: 12 «J'ai entendu les murmures des Israélites. Dis-leur: ‘Au coucher du soleil vous mangerez de la viande, et le matin vous vous rassasierez de pain. Ainsi vous reconnaîtrez que je suis l'Eternel, votre Dieu.’»
13 Le soir survinrent des cailles qui couvrirent le camp, et le matin il y eut une couche de rosée autour du camp ». 

Dieu avait envoyé la manne. 

  Ainsi, Dieu se révèle comme celui qui écoute. Il est à la fois le Dieu parfaitement juste, qui ne laisse pas le mal et la révolte impunis, et le Dieu parfaitement amour, fidèle, qui ne laisse pas son peuple se perdre dans ses travers.  Il fait grâce - c’est-à-dire : il pointe et nomme le péché commis contre lui, mais pour que la repentance et le pardon soient ensuite possibles, et que nous puissions venir plus près de lui, le Dieu saint. 

Dieu écoute ses enfants, et il leur envoie la manne, le pain de la grâce, afin qu’ils puissent continuer à avancer sur le chemin de la liberté. Liberté envers l’esclavage des autres peuples, ici, qui préfigure, qui annonce la liberté vis à vis du péché que Jésus apportera quelques siècles plus tard. 

Oui, la manne envoyée ici est une image de la grâce de Dieu en général - une image riche de sens. 

D’abord, un mot sur ce qu’était la manne, concrètement. 
Il faut savoir qu’une manne naturelle existe dans ces régions : sécrétion naturelle de certaines plantes (comme le tamaris par suite de la piqûre d’une cochenille).
Mais la manne que les Israélites vont manger pendant 40 ans dans le désert semble d’une autre sorte, déjà par le fait qu’elle apparaît partout où ils vont - et tombe en double dose le 6e jour, et ne tombe pas le 7e jour, jour du sabbat ! Pas très naturel, tout ça ! 
Pour les cailles c’est un peu différent : les vols de cailles sont un phénomène bien connu dans cette partie du monde, ces cailles qui tombent fatiguées, sur le sol, et qu’on mange couramment là bas. Le miracle ici est dans la concordance entre le passage des vols et l’itinéraire du peuple. 
Dans les deux cas, Dieu pourvoit, Dieu dirige les choses pour le bien de son peuple. 

La manne est ainsi un signe matériel de la grâce
- don gratuit et suffisant : chacun en avait assez pour sa journée.
- réponse à un besoin légitime
- don qui apprend la dépendance : pas de stocks - ne compter que sur la fidélité de Dieu.
- don qui fait grandir : apprends à marcher au rythme de Dieu, sur les chemins de Dieu. 
- don qui surprend, déplace : personne ne s’attendait à cette réponse. « Qu’est-ce que c’est ».

Oui, la manne est le pain de la grâce, le pain de la dépendance envers l’amour de Dieu, et le pain qui restaure et permet de continuer la route.

« Qu’est-ce que c’est ? ». Certainement, ces mots seront aussi les nôtres devant ce que Dieu nous enverra pour combler notre faim et nous permettre d’avancer vers lui. 
Ce sera souvent autre chose que ce que nous avions prévu
Ce sera toujours quelque chose qui puisse nous rapprocher de Dieu. 
On l’a vu, le peuple avait une réponse simple et évidente à la faim : le retour en arrière.  De même, qui parmi nous n’est jamais tenté de laisser tomber son chemin avec Dieu ? « C’était plus facile quand je n’étais pas chrétien ». « Maintenant, j’ai plus de difficultés qu’avant ». 
Mais Dieu a-t’il promis un chemin sans déserts, sans insatisfactions ni épreuves ?  Ce monde est dur, notamment envers ceux qui veulent suivre les sentiers de la justice et de l’amour. Les difficultés font donc partie du lot pour qui veut suivre Jésus-Christ. Mais Dieu a promis que la joie et la paix les surpasseraient ; « vous aurez des épreuves dans le monde, a dit Jésus, mais courage : moi, j’ai vaincu le monde ». 
Et de fait, chaque jour, sur notre chemin, Dieu envoie sa manne - étonnante. « Qu’est-ce que c’est ? ». Pain de la grâce. Pain de la dépendance à Dieu, dont nous avons besoin chaque jour pour vivre et aimer, sans pouvoir faire de stocks pour l’avenir ! 

Amen 

Prière  

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Apprends nous à te faire confiance, à recevoir ton amour dans chacun de nos instants, quelle que soit sa tonalité.
Que nous dépendions de toi.
Donne nous, seigneur, le pain du ciel
Accorde nous le pain de vie en Jésus-Christ. 
A toi l’honneur, la gloire et la louange

Amen »

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