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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 6 juillet 2015

Prédication du dimanche 2 mai 2015


Jean 15. 1-11
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire... 
demeurez dans mon amour ».



Il est parfois difficile de résister à la tentation du découragement, de l'amertume, de la haine.
Juste un témoignage. Ces dernières semaines, les personnes parmi nous qui cherchent un logement pour accueillir « nos » réfugiés irakiens se heurtent à des portes qui se ferment les unes après les autres, dès que les gens comprennent que c'est pour accueillir des réfugiés, des étrangers, du Moyen-Orient par dessus le marché - alors même que toutes les garanties sont données ! Mais simplement à cause d'a priori, et parce que seul l'intérêt individuel importe, au final.
Confronté à la réalité de cette peur de l'autre, de cet égoïsme, du racisme aussi, qui gangrène notre pays, il est tentant de juger à son tour, d'en vouloir à ces gens, et de se laisser abattre.
Dans un tel contexte, comment rester des disciples fidèles de Christ, sans nous laisser entraîner loin de son sillage, hors du chemin qu'il a tracé pour nous ?
Plus que jamais, nous avons alors besoin de nous accrocher à lui, et à lui-seul - parce que lui seul à la maîtrise de la situation, et parce que lui seul peut faire naître du bien dans de telles situations.
Nous accrocher à lui en tous temps : voilà d'ailleurs le principal commandement que Jésus laisse à ses disciples, à la fin de l’évangile de Jean.
Juste avant sa mort, dans ce passage bien connu des chrétiens où Jésus développe l'image du cep de vigne et des sarments, il leur adresse deux paroles qui sont deux repères, deux balises pour nous garder sur le droit chemin ;
Deux paroles : d'abord : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Et puis : « demeurez dans mon amour ».

Par ces quelques mots, prononcés peu avant sa mort, Jésus nous ramène à l'essentiel. Avec lui, pas une religion, mais une relation, vivante, intime avec Dieu. Et c'est dans cette relation qu'il nous appelle à demeurer.
Lecture : Jean 15.1-11

Demeurez... voilà donc le principal commandement du passage. Demeurez en moi. Demeurez dans mon amour.
Mais ce n'est pas un hasard si cet appel entre en résonance avec cette autre parole, cette déclaration sans appel, pas si évidente à entendre : « sans moi, vous ne pouvez rien faire. ». Littéralement : « hors de moi, si vous êtes coupés de moi - vous ne pouvez rien faire ».
Nous avons besoin de cela aussi pour marcher fidèlement avec Dieu.

Avant d'aller plus loin, il faut bien comprendre qu'évoquer la vigne face à des membres du peuple d'Israël, ce n'est pas innocent : dans l'AT, la vigne est précisément donnée comme symbole d'Israël - Osée et Esaïe (5) disent ainsi que « la vigne du Seigneur, c’est la maison d’Israël ». Il l'aime et en prend soin, et attend qu'elle porte de beaux fruits - mais elle ne produit que l'injustice et la révolte.
Certes, à l'époque de Jésus, le peuple cherche à produire des fruits, cependant il voudrait les faire pousser par ses propres forces, en obéissant strictement à la Loi. Mais c'est voué à l'échec ; Les juifs s'épuisent dans ces efforts, et ne parviennent à produire que de l'injustice, de l'oppression, un légalisme qui ne fait que les assécher.
Voilà pourquoi Jésus leur dit : « c'est moi qui suis la vraie vigne. » ; « hors de moi, vous ne pouvez rien faire ».
« Rien faire ». C'est dur à entendre, mais n'est-ce pas ce que nous découvrons par nous-mêmes, à travers nos épreuves ?
Combien de nos difficultés viennent de ce que nous n'avons pas encore accepté, intégré, que sans Jésus, nous sommes incapables de porter des fruits ?
Alors, par exemple, il arrive que le découragement nous rattrape, parce que notre service dans l'église n'a pas été reconnu, qu'on a été critiqué, que ce qu'on croyait une réussite s'avère un échec, etc. Dans ces moments-là, il est facile de se dire : « je suis un bon à rien, je n'y arriverai jamais ». Tentant de tout laisser tomber, de quitter la vigne - « puisque c'est comme ça... » ; « à quoi ça sert d'être chrétien ».
Mais osons le dire : de telles paroles ne sont-elles plutôt l'expression d'un orgueil blessé, et le révélateur de notre péché ? Nous avions cru y arriver par nous-mêmes, parce que nous n'avons pas encore pris toute la mesure de notre faiblesse, et nous avons sous estimé en même temps la grâce de Dieu.
De même, il arrive que nous nous sentions secs, ou fatigués d'essayer de vivre une vie chrétienne fidèle. Peut-être parce que nous croyons que Jésus a juste ouvert la voie, commencé le travail et que c'est à nous de le poursuivre avec les forces que nous avons ? Avec nos dons ? Avec pour seules armes les enseignements et les règles bonnes qu'on a reçu dans notre éducation chrétienne, par exemple ?
Et nous voilà au lycée, au travail, à la fac, et il faut pardonner, par exemple. Il faut pardonner à cet ami qui pour se moquer a posté des photos de nous sur Facebook, ou qui parle derrière notre dos. Ou bien, alors que Dieu nous demande de ne pas mentir, il se trouve qu'autour de nous tout le monde augmente ses chiffres de vente en arrangeant la vérité...
Allons nous y arriver sans Dieu ?
Non. Vouloir vivre ces valeurs - pardon, honnêteté - qui sont des facettes de l'amour, en tant que simple sarment, sans la force qui vient du tronc - ce n'est pas l'Evangile : ce n'est que de la morale, c'est voué à l'échec, cela peut nous conduire à l'épuisement, au découragement.

« Hors de moi, vous ne pouvez rien faire »  : si nous l'entendons vraiment, cette parole au contraire nous libère et nous allège ! Oui, nous pouvons désespérer de nous-mêmes et des autres... mais en Jésus, nous avons une espérance qui demeure, et ne déçoit pas !
Jésus nous montre aussi vers où orienter nos efforts : « demeurez dans mon amour ».
Demeurer ici, ça signifie vraiment : rester délibérément, choisir d'être là, de ne pas partir. De rester attaché. Adhérer. Choisissez en toutes circonstances la voie de l'amour, en puisant cet amour directement en Dieu, par Jésus-Christ.
L'image de la vigne est tellement simple, et tellement parlante pour dire la nécessité de rester attaché à Jésus pour vivre et faire le bien !
Une plante, et ses branches, dans lesquelles la sève circule, et avec elle, la force vitale, qui permet l'apparition de beaux raisins.
Personnellement, l'image du sarment lié au cep me touche parce qu'elle dit aussi l'amour inconditionnel de Dieu, Celui en qui jamais aucun rameau ne reste sec.
Ce Dieu qui nous dit : je suis la vigne, et toi, tu es un de mes sarments. Tu n'es pas n'importe quel bout de bois stérile qui traîne par terre en attendant d'être brûlé, tu as ta place dans ma présence, avec tes frères et soeurs.
Malgré vos faiblesses et vos aveuglements, vous êtes plantés dans mon amour, et vous allez porter de beaux fruits, pour la gloire de Dieu.
Arrivé à ce point de la méditation, je voudrais aborder rapidement deux questions :
D'abord, comment est-il possible que nous « demeurions en Jésus » ? Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?
Et pour finir, comment comprendre l'idée d'être « taillé pour porter plus de fruit » ?

Premièrement, donc, comment peut-on « demeurer en Jésus » ?
Cela, c'est l'oeuvre du Saint-Esprit, agissant en nous.
Ainsi, dans le chapitre qui précède, Jésus a promis aux disciples la venue prochaine de cet Esprit de vie, ce Consolateur, l'Esprit de vérité, qui nous rappelle les paroles de Jésus, nous permet de les comprendre, nous donne la force, conduit notre vie.
L'image du sarment lié au cep exprime aussi cela.
Cette union est assez mystérieuse. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut comprendre entièrement, c'est quelque chose qu'on va vivre. La présence de l'Esprit qui, comme dit Paul en Romains 5.5, « répand l'amour de Dieu dans nos coeurs ».
C'est bien lui la sève qui va circuler en nous, et faire régner peu à peu la vie de Dieu, dans notre vie entière, en rayonnant de l'intérieur.
Ses manifestations sont longuement décrites dans le Nouveau Testament :
Galates 5 : « le fruit de l'Esprit, c'est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi »...

Donc, c'est par l'action de l'Esprit seulement que nous pouvons rester attachés à Dieu.
Bien sûr il ne s'agit pas de rester passifs en attendant que Dieu agisse : le Saint-Esprit nous est donné pour que nous fassions la volonté de Dieu, que nous mettions en pratique les commandements de Jésus, dans tous les aspects de notre vie.
Et redisons-le, cela signifie essentiellement : aimer : « ce que je vous commande, c'est que vous vous aimiez les uns les autres » (Jn 15.17).
« Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour » (15.9-10).
En somme, demeurer en Jésus c'est faire la volonté de Dieu, et faire la volonté de Dieu c'est aimer notre prochain, c'est « considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes »(Phil 2), c'est « faire preuve d'un véritable amour qui se manifeste par des actes » (1 Jn 3.18).

Voilà l'oeuvre que le Saint-Esprit travaille à nous mettre à cœur, agissant notamment à travers la parole de Dieu, en éclairant pour nous telle ou telle parole qui va nous toucher dans ce que nous vivons (dans une lecture perso, une prière, une prédication...). D'où la nécessité de fréquenter cette parole, d'en nourrir notre esprit.
Voilà l'oeuvre pour laquelle le Saint-Esprit nous équipe, en nous rendant capable d'aimer, et en nous accordant des dons à utiliser pour le bien des autres, toujours par amour.
Et c'est encore le Saint Esprit qui conduit nos cœurs dans la prière. Car il nous faut plus que jamais, en ces temps troublés, prier sans cesse- et ainsi apprendre à dépendre de Dieu dans tout ce que nous faisons.
Sur ce point, une magnifique promesse, souvent mal comprise, nous est faite au verset 7 : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera ».
Bien sûr, jamais Jésus n'a pensé donner ici un chèque en blanc pour tous nos caprices.
C'est pour l'accomplissement de sa volonté - et donc, encore une fois, pour la croissance de l'amour - que Dieu promet cela. Celui qui demeure en Christ, dont le cœur est rempli du Saint-Esprit, ne saurait vouloir autre chose que ce que Dieu veut.
Demandant ainsi à Dieu ce qu'il veut lui même, il sera certainement exaucé ! Quand la tentation est là, quand la haine vous envahit, tournez vous vers moi, remettez moi votre cœur. Dites-moi : Seigneur, viens m'apprendre à aimer.
Et je vous exaucerai.

Dernier point : comment comprendre le verset 2 : « tout sarment qui porte du fruit, [mon Père] le purifie en le taillant pour qu'il porte encore plus de fruits » ?
Le but de Dieu est toujours l'établissement de son royaume d'amour et de justice. Et tant que le mal n'est pas vaincu, il faut que les fruits du bien poussent plus beaux.
Voilà pourquoi, si nous restons greffés sur le tronc, nous ne serons pas maintenus là où nous en sommes, mais amenés plus loin pour porter « encore plus de fruit » - plus d'amour, plus de justice, plus de vérité - pour la gloire de Dieu.
Vous vous dites peut-être : comment « demeurer, rester » tout en allant plus loin ! Mais notre vie de disciples est bien régie par deux appels : «je vous ai choisis pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (v.16) et « demeurez en moi ». Aller - et demeurer. En même temps.
C'est-à-dire : allez de l'avant, grandissez, avancez, progressez en sainteté – mais sans jamais vous mettre « hors » de moi.
Voilà pourquoi demeurer avec Jésus c'est prendre le risque d'être bouleversé, poussé en avant... parce que quand la vie grandit en nous, ça fait forcément éclater notre coquille !
Et dans ce processus de croissance, Dieu s'applique bien à nous montrer combien « hors de lui, nous ne pouvons rien faire » !
Il utilise les circonstances, qui nous montrent nos limites ; les relations avec nos frères et sœurs, pour apprendre à aimer chacun comme il est (!) - pour apprendre d'eux, aussi quand ils nous disent par exemple : là, mon frère, tu n'es pas dans le juste. Ou : là, tu m'as heurté, tu es allé trop loin.
Surtout, Sa parole nous rejoindra, si nous la méditons dans la prière, et nous permettra de voir où nous en sommes vraiment. Elle nous dira parfois : tu vois, là, ton intention est généreuse, tu penses être dans le juste, mais en réalité tu es en train de sortir du plan d'amour de Dieu pour toi ; tu es en train de te séparer du tronc ; tu perds de vue ton prochain, pour ne plus aimer que toi-même.
Mais quelles que soient nos expériences négatives et nos fautes, ne nous décourageons pas. Ne quittons pas la vigne mais demeurons dans son amour.
D'autant que cette invitation est pour nous, quelle que soit l'étape où nous en sommes avec Dieu. Si on est un ou une jeune qui ne sait plus trop si ce qu'il croit, c'est à lui ou c'est juste une éducation ; si on est un chrétien qui a déjà entendu ce texte 600 fois, ou bien quelqu'un qui le découvre et s'interroge à son propos...
Si nous sommes dans une phase intense avec Dieu, ou bien de ceux qui se disent : « je crois en Dieu, mais je ne sens pas sa présence. J'ai l'impression qu'il est loin, que mes prières ne dépassent pas le plafond... ».
Quelle que soit notre situation, si nous cherchons Jésus, c'est qu'il est déjà là ! Si nous désirons la présence et l'amour de Dieu, c'est précisément le signe que la sève de l'Esprit coule déjà en nous, attisant notre soif, attirant nos cœurs vers Dieu.
Alors demeurons - accrochons-nous. Continuons à chercher Dieu, dans la Bible, dans la prière, avec les autres.
Pour finir, je voudrais simplement lire ce que dit Jésus au verset 11 : « je vous ai parlé ainsi pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète ».

La joie de Dieu, en nous, complète. Magnifique cadeau que Dieu nous offre, une joie à vivre dès maintenant dans la relation avec lui, et qui sera parfaite dans l'éternité, lorsque le Christ sera revenu et qu'il nous aura pris avec lui, pour que nous demeurions dans son amour, dans sa présence, en communion avec nos frères et sœurs, et avec le Père - pour l'éternité.

Amen.


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