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lundi 6 juillet 2015

Prédication du 15 mars 2015

Actes 2.37-47 - 8.1-4

Qu'est-ce qui fait vivre et grandir l'Eglise ?



Il y a quelques semaines, j'ai fait une découverte étonnante, qui est à l'origine de la méditation de ce matin.
J'écoutais une conférence passionnante trouvée sur le Net : « la croissance de l'Eglise ». La question traitée par l'orateur était : qu'est-ce qui fait vivre et grandir l'Eglise de Jésus-Christ ? Qu'est-ce que la Bible nous dit là dessus ?
La question nous concerne, nous qui faisons deux cultes pour pouvoir accueillir de nouvelles personnes. Mais ce qui est étonnant et que je n'ai pas remarqué tout de suite, c'est que l'orateur de cette conférence n'était autre que Marc Atger, qui fut pasteur de cette église dans les années 70 - c'était une conférence enregistrée au 38, rue Louis !
Imaginez mon émotion. Marc a quitté ce monde dans des conditions difficiles et sa disparition fut un choc pour l'Eglise. C'était émouvant aussi de découvrir que ce frère dont le ministère fut une grande bénédiction pour cette Eglise... se posait déjà les mêmes questions que nous.
Quelques explications : à l'époque de M. Atger, que certains ici ont connue, l'Eglise était plus petite, mais elle était en train de grandir, de croître. Elle voulait vivre, servir Dieu, faire sa volonté. Et certainement on s'interrogeait sur l'avenir : allons-nous grandir encore ? Est-ce que c'est souhaitable ? Et si oui, est-ce qu'il y a des choses particulières à faire pour cela - des techniques à appliquer, des plans, voire des recettes ?
Vous savez, on entend tellement parler de croissance, de stratégies de croissance. C'est presque une obsession dans notre monde occidental - tant d'espoirs reposent sur la reprise de la croissance - 1% ? 0,5 % ? Idem dans l'Eglise. Si un « manque de croissance » est constaté, on se penche sur l'Eglise locale pour examiner à la loupe son fonctionnement, et voir où ce qui ne va pas.
De quoi dépend la croissance de l'Eglise ? De ses plans, ses efforts, de son organisation ? Qu'est-ce qui est essentiel dans une Eglise et qui va la faire vivre et grandir ?
Ces questions étaient présentes à l'époque de Marc Atger, elles le sont encore aujourd'hui. Je voudrais donc reprendre un peu avec vous le fil de cette réflexion d'il y a plus de 40 ans, en m'appuyant sur le solide travail que M. Atger avait mené.
Sa réflexion se basait sur le livre des Actes, qui raconte comment l'Eglise chrétienne est née et a grandi. Nous ferons un survol de quelques passages de ce livre.

Premier passage : retour à l'origine, au tout début de l'Eglise. Comment l'aventure a-t'elle commencé ?
Eh bien il y a eu une grande réunion des responsables à Jérusalem, durant laquelle ces gens intelligents ont défini les contours du projet, puis ils ont fixé des objectifs numériques sur 2 ans, et une stratégie marketing...
Bien entendu, ça ne s'est pas passé comme cela ! Après son ascension, Jésus a répandu son Esprit sur ses disciples pour faire d'eux ses témoins.
Voilà le point de départ.
Et à ce moment-là, Pierre, rempli de l'Esprit, a annoncé la Bonne Nouvelle du salut par la foi en Jésus-Christ ressuscité.

La suite en Actes 2.37-47

On le voit, au début de l'Eglise, il est question de « cœurs transpercés ». Le Saint-Esprit travaille les cœurs. Et voilà la première Eglise qui démarre.
Rien n'a été prémédité par les apôtres : ils annoncent simplement l'Evangile, le Saint-Esprit touche le cœur des gens qui se repentent et se font baptiser. Et le Saint-Esprit les ajoute à l'Eglise, au corps de Christ.
Où est le plan ? Il est en Dieu, seulement en Dieu. Lui seul dirige les choses.
Et on s'aperçoit tout de suite que s'interroger sur l'Eglise nous amène forcément à nous interroger sur le Dieu qui l'a pensée, voulue, et crée. Et à nous poser cette question : qu'est-ce que Dieu est en train de faire, en ce moment, dans ce monde ? Et quelle est la place de l'Eglise dans son plan ?
[Laisser résonner un instant]
Qu'est-ce que Dieu est en train de faire, en ce moment, dans ce monde ?
La réponse est donnée au verset 3.47 : « Le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qu'il sauvait ».
Dieu sauve. C'est d'ailleurs la signification du nom : « Jésus ».
« Voilà le programme de Dieu, noté sur son agenda chaque jour. C'est sa priorité, le projet sur lequel il porte toute son attention »1.

Quelle est la stratégie élaborée par les apôtres pour que cela s'accomplisse ?
Ils n'en ont pas. Ils prient. Ils annoncent l'Evangile. « Changez radicalement. Que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés et vous recevrez le don de l'Esprit saint ».
Et Dieu ajoute des personnes au Corps de Christ. C'est lui qui appelle. « En aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera ». Et des personnes répondent, et elles sont ajoutées à son corps.
« Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême ; en ce jour-là, environ trois mille personnes furent ajoutées ».
Voilà ce que Dieu est en train de faire, voilà ce qui est essentiel pour lui : à travers l'annonce de l'Evangile, et par l'action du Saint Esprit, il est en train de rassembler un nouveau peuple centré sur Christ, qui lui appartient à lui seul - et qui s'appelle l'Eglise.

On comprend alors pourquoi la croissance de l'Eglise locale - avec tant de membres, tant de mètres carrés de locaux, etc. - n'est jamais abordée dans la Bible. Le but premier de Dieu n'est pas de faire prospérer une institution mais de sauver ses créatures. Il n'est pas occupé à de la maintenance mais l'établissement de son royaume sur la terre, ce qui se produit quand des personnes entendent l'appel de Christ, y répondent, et que le Seigneur vient habiter dans leur cœur par le Saint-Esprit.
Certes, ces personnes sont appelées à vivre leur foi dans une Eglise locale, où elles vont témoigner de leur conversion en se faisant baptiser comme Jésus le commande, où elles vont grandir dans la foi, apprendre l'amour, aider les autres à grandir, etc. Une Eglise locale avec son organisation et ses structures, et tous ses aspects matériels.
Mais ce que le Saint Esprit fait grandir en réalité, c'est le Corps de Christ.

Dans les Actes, il y a un refrain qui revient régulièrement et qui exprime cela : « la Parole de Dieu se répandait, le nombre de disciples se multipliait rapidement à Jérusalem » (Ac 6.7).
Se répandait/se multipliait : les deux mots grecs utilisés ici indiquent à la fois la croissance en qualité et en quantité. Ils renvoient au commandement de la Genèse : croissez et multipliez. Et ils sont l'accomplissement, par l'Eglise, de la promesse faite à Abraham : « je ferai de toi une grande nation ».
Voilà ce que Dieu fait dans ce monde.
Nous n'avons donc pas à nous inquiéter pour savoir ce que notre Eglise va devenir, mais plutôt à nous reposer sur Dieu qui fait croître (1 Co 3.6). A chercher sa face et à lui faire confiance dans sa conduite des choses.
La suite des Actes montre que les plans de Dieu pour la croissance de l'Eglise sont parfois surprenants.

Lisons la suite en Actes 2 puis un deuxième extrait en Actes 8.1-4

Quel est le plan de l'Eglise pour l'évangélisation du monde ? Aucun.

La communauté de Jérusalem vit des jours heureux. Quelle expérience exaltante ! Voilà une Eglise qui, tout de suite, atteint un idéal de vie communautaire : amour, partage, unité ! Une magnifique vie communautaire, dans la présence manifeste de Dieu... Quel sentiment de victoire, de bénédiction : on voit des gens venir à Jésus-Christ en nombre, une nouvelle ère commence, tout est ouvert !
Mais d'une manière tout à fait inattendue, Dieu vient rompre cette harmonie. Il permet une persécution, et cette persécution entraîne une dispersion de l'Eglise. Et voilà les chrétiens obligés de fuir - et en fuyant, ils apportent la Bonne Nouvelle ailleurs.
« Là où ils passaient, ceux qui avaient été dispersés annonçaient la Parole, comme une bonne nouvelle ».
Où est le plan ? En Dieu seul. Qu'est-ce qui fait grandir l'Eglise ? Des chrétiens partagent l'Evangile et le Saint-Esprit « transperce », touche des cœurs.

Nos institutions locales ne sont donc pas la priorité du Seigneur. Et comme il l'a fait à Jérusalem, il peut faire décroître une Eglise pour que le Corps de Christ grandisse.
De même, il arrive souvent que dans une Eglise, on forme des gens précieux, engagés, solides. Et ensuite Dieu les envoie ailleurs. C'est comme ça que la petite Eglise de Lystres a laissé partir Timothée avec Paul - Timothée qui était tellement utile à Lystres, mais que Dieu le voulait pour apporter la Parole aussi à d'autres personnes.
Dieu enlève des personnes, mais il en donne d'autres. Le St Esprit dirige pour que des gens viennent, se convertissent... et partent pour témoigner là où ils sont.

Où est le plan ? En Dieu seul. Qu'est-ce qui fait grandir l'Eglise ? Des chrétiens partagent l'Evangile et le Saint-Esprit touche des cœurs.

Tout cela nous invite à garder une vision ouverte du corps de Christ, et à résister à la tentation de penser « boutique » - comme si notre Eglise locale était une fin en soi. Et en même temps c'est une exhortation à travailler fidèlement là où Dieu nous a placés, même si on ne voit pas beaucoup de résultat. Il faut beaucoup de sagesse.

Juste une histoire, vraie. Un chrétien de la région parisienne, qui fréquentait une Eglise en banlieue, avait un ami qui habitait près d'une autre Eglise.
Un dimanche il a invité cet ami, et l'a amené dans cette Eglise qui n'était pas la sienne. Le chrétien a recommencé le dimanche suivant. Et le suivant. Et après il a dit à son ami : maintenant tu connais le chemin, tu peux venir tout seul. Le chrétien est retourné dans son Eglise d'origine. Et l'ami s'est converti, et il est resté dans l'autre Eglise, là où on l'avait amené.
Et c'est le Corps de Christ qui en a profité.

Qu'est-ce qui fait grandir l'Eglise ? Prenons un autre exemple en Actes 13.
C'est à Antioche que l'envoi de missionnaires et l'implantation de nouvelles Eglises a été décidé.
Comment cela s'est-il passé ? Les responsables de l'Eglise ont pris une carte du bassin méditerranéen, ils ont consulté des statistiques et ont établi un programme d'implantation sur 10 ans.
Pas du tout. Pendant que les frères d'Antioche célèbrent le culte du Seigneur et jeûnent, l'Esprit saint leur parle. Et il leur dit : « mettez moi à part Barnabas et Saul pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés». Alors, « après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir » (Ac 13.3).
Où est le plan ? Il est en Dieu seul, là encore.

En somme, l'Eglise vit, et elle prie, et Dieu dirige. Et l'Eglise sait que Dieu dirige les circonstances, ouvre et ferme les portes...

Dernier exemple : nous continuons l'histoire commencée dans les Actes, et nous arrivons à Lyon, dans les années 70.
Marc Atger a quitté Paris pour venir soutenir une petite église implantée dans la rue Louis. Peu de temps après, Dieu le reprend. Le pasteur Clive Charlton lui succède. Un jour en se promenant il voit dans la même rue une usine abandonnée, qui devient l'église actuelle. Des personnes y ont entendu l'Evangile.
Où est le plan ? Il est en Dieu seul.
On pourrait continuer la liste de ces faits presque insignifiants par lesquels Dieu accomplit aujourd'hui son plan de salut dans ce monde, à travers notre faiblesse, nos petits moyens.
Arrivé à ce point, on comprend déjà qu'il est vain de débattre pour savoir si l'Eglise doit grandir ou pas : discute-t'on pour savoir si les plantes doivent pousser ? Il est naturel que l'Eglise grandisse parce que le Corps de Christ est en cours de construction. Il reste des personnes à sauver. Toutes les pierres vivantes - toutes les personnes - que Dieu a prévu d'y intégrer ne l'ont pas encore été. Et donc l'Eglise grandit. Qu'on le veuille ou non, la vie du Saint Esprit se manifeste et fait que des membres sont ajoutés au corps, et cela quoi que l'on dise sur le déclin de l'Eglise.
C'est vrai que l'on construit autour de Lyon des mosquées de plusieurs milliers de place, alors que nous sommes... si peu. C'est vrai qu'il y a peu de personnes qui, passant devant notre église, se disent ; des chrétiens ? Excellent ! Alors vite voir à l'intérieur !

Ces faits n'empêchent pas Dieu d'accomplir son plan de salut, et d'attirer à lui des personnes pour les ajouter à son peuple.

Mais nous l'avons compris, pour cela il n'a pas besoin de nos stratégies, mais de notre fidélité, de notre consécration. Il a besoin que nos cœurs se laissent remplir de son Esprit, pour qu'il en fasse des cœurs de disciples, brûlants d'amour pour lui et pour les personnes autour de nous.

Il n'a pas besoin non plus de notre activisme. Et même s'il y a dans la vie d'une communauté des points techniques à améliorer, des décisions pratiques à prendre, comme les questions de finances et de bâtiments - et que tout cela est légitime - ces choses ne doivent pas nous distraire et nous détourner de l'essentiel, qui est notre fidélité de disciples, au quotidien. Notre service du Seigneur.
On témoigne là où on est, aux amis qu'on connaît, on prie pour eux.
On n'ose pas franchir le pas, et puis un jour une discussion s'engage, on s'aperçoit que le Seigneur avait déjà tout préparé.
Et le Seigneur ajoute.

Alors soyons ces chrétiens qui prient, qui cherchent la face de Dieu et partagent joyeusement l'Evangile avec les gens qu'ils connaissent - sans prosélytisme, mais dans le respect et l'amour.
Disons-le honnêtement : c'est au dessus de nos forces ! Mais Jésus-Christ est vivant, et dans sa grâce il nous a choisis, précisément nous - êtres timorés, peu sûrs de nous, bien installés dans notre église comme les premiers chrétiens à Jérusalem - pour appeler à lui d'autres personnes, pour qu'à travers notre témoignage de vie et nos discussions, par l'action du Saint Esprit, « sa parole se répande et progresse » ici à Lyon, et partout où Dieu nous conduira.
Voilà ce qui fera vivre et grandir notre Eglise.
Et si nous savons pas par où commencer, commençons par prier !
Prions Dieu de nous éclairer personnellement. Prions Dieu de nous fortifier, d'ouvrir les portes - comme le demande Paul en Colossiens 4. 3-4 :
« Persévérez dans la prière, veillez-y dans une attitude de reconnaissance. Priez en même temps pour nous : que Dieu nous ouvre une porte pour la parole afin que je puisse annoncer le mystère de Christ, à cause duquel je suis emprisonné, et que je le fasse connaître de la façon dont je dois en parler » (Colossiens 4.3-4).
Que pour nous aussi Dieu ouvre des portes pour que nous puissions faire connaître Christ, et qu'il nous donne les mots pour le faire.


1 Marshall et Payne, L'essentiel dans l'Eglise, p.40

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