Actes 2.37-47 - 8.1-4
Qu'est-ce qui fait vivre et grandir l'Eglise ?
Il y a quelques semaines, j'ai fait
une découverte étonnante, qui est à l'origine de la méditation de
ce matin.
J'écoutais une conférence
passionnante trouvée sur le Net : « la croissance de
l'Eglise ». La question traitée par l'orateur était :
qu'est-ce qui fait vivre et grandir l'Eglise de Jésus-Christ ?
Qu'est-ce que la Bible nous dit là dessus ?
La question nous concerne, nous qui
faisons deux cultes pour pouvoir accueillir de nouvelles personnes.
Mais ce qui est étonnant et que je n'ai pas remarqué tout de suite,
c'est que l'orateur de cette conférence n'était autre que Marc
Atger, qui fut pasteur de cette église dans les années 70 - c'était
une conférence enregistrée au 38, rue Louis !
Imaginez mon émotion. Marc a quitté
ce monde dans des conditions difficiles et sa disparition fut un choc
pour l'Eglise. C'était émouvant aussi de découvrir que ce frère
dont le ministère fut une grande bénédiction pour cette Eglise...
se posait déjà les mêmes questions que nous.
Quelques
explications : à l'époque de M. Atger, que certains ici
ont connue, l'Eglise était plus petite, mais elle était en train de
grandir, de croître. Elle voulait vivre, servir Dieu, faire sa
volonté. Et certainement on s'interrogeait sur l'avenir :
allons-nous grandir encore ? Est-ce que c'est souhaitable ?
Et si oui, est-ce qu'il y a des choses particulières à faire pour
cela - des techniques à appliquer, des plans, voire des recettes ?
Vous savez, on entend tellement parler
de croissance, de stratégies de croissance. C'est presque une
obsession dans notre monde occidental - tant d'espoirs reposent sur
la reprise de la croissance - 1% ? 0,5 % ? Idem dans
l'Eglise. Si un « manque de croissance » est constaté,
on se penche sur l'Eglise locale pour examiner à la loupe son
fonctionnement, et voir où ce qui ne va pas.
De quoi dépend la croissance de
l'Eglise ? De ses plans, ses efforts, de son organisation ?
Qu'est-ce qui est essentiel
dans une Eglise et
qui va la faire vivre et grandir ?
Ces questions étaient présentes à
l'époque de Marc Atger, elles le sont encore aujourd'hui. Je
voudrais donc reprendre un peu avec vous le fil de cette réflexion
d'il y a plus de 40 ans, en m'appuyant sur le solide travail que M.
Atger avait mené.
Sa réflexion se basait sur
le livre des Actes, qui raconte comment l'Eglise chrétienne est née
et a grandi. Nous ferons un survol de quelques passages de ce livre.
Premier passage : retour à
l'origine, au tout début de l'Eglise. Comment l'aventure a-t'elle
commencé ?
Eh bien il y a eu une grande réunion
des responsables à Jérusalem, durant laquelle ces gens intelligents
ont défini les contours du projet, puis ils ont fixé des objectifs
numériques sur 2 ans, et une stratégie marketing...
Bien entendu, ça ne s'est pas passé
comme cela ! Après son ascension, Jésus a répandu son Esprit
sur ses disciples pour faire d'eux ses témoins.
Voilà le point de départ.
Et à ce moment-là, Pierre, rempli de
l'Esprit, a annoncé la Bonne Nouvelle du salut par la foi en
Jésus-Christ ressuscité.
La suite en Actes
2.37-47
On le voit, au début de
l'Eglise, il est question de « cœurs transpercés ». Le
Saint-Esprit travaille les cœurs. Et voilà la première Eglise qui
démarre.
Rien n'a été prémédité
par les apôtres : ils annoncent simplement l'Evangile, le
Saint-Esprit touche le cœur des gens qui se repentent et se font
baptiser. Et le Saint-Esprit les ajoute à l'Eglise, au corps de
Christ.
Où est le plan ? Il est
en Dieu, seulement en Dieu. Lui seul dirige les choses.
Et on s'aperçoit tout de suite que
s'interroger
sur l'Eglise nous amène forcément à nous interroger sur le Dieu
qui l'a pensée, voulue, et crée. Et à nous poser cette question :
qu'est-ce que Dieu est en train de faire, en ce moment, dans ce
monde ? Et quelle est la place de l'Eglise dans son plan ?
[Laisser résonner un instant]
Qu'est-ce que Dieu est en train de
faire, en ce moment, dans ce monde ?
La réponse est donnée au verset
3.47 : « Le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté
ceux qu'il sauvait ».
Dieu sauve. C'est d'ailleurs la
signification du nom : « Jésus ».
« Voilà
le programme de Dieu, noté sur son agenda chaque jour. C'est sa
priorité, le projet sur lequel il porte toute son attention »1.
Quelle est la
stratégie élaborée par les apôtres pour que cela
s'accomplisse ?
Ils
n'en ont pas. Ils prient. Ils annoncent l'Evangile. « Changez
radicalement. Que chacun de vous reçoive le baptême au nom de
Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés et vous recevrez le don
de l'Esprit saint ».
Et Dieu ajoute des personnes au Corps
de Christ. C'est lui qui appelle. « En aussi grand nombre que
le Seigneur, notre Dieu, les appellera ». Et des personnes
répondent, et elles sont ajoutées à son corps.
« Ceux qui accueillirent sa parole
reçurent le baptême ; en ce jour-là, environ trois mille
personnes furent ajoutées ».
Voilà ce que Dieu
est en train de faire, voilà ce qui est essentiel pour lui : à
travers l'annonce de l'Evangile, et par l'action du Saint Esprit, il
est en train de rassembler un nouveau peuple centré sur Christ, qui
lui appartient à lui seul - et qui s'appelle l'Eglise.
On
comprend alors pourquoi la croissance de l'Eglise locale - avec
tant de membres, tant de mètres carrés de locaux, etc. - n'est
jamais abordée dans la Bible. Le but premier de Dieu n'est pas de
faire prospérer une institution mais de sauver ses créatures. Il
n'est pas occupé à de la maintenance mais l'établissement de son
royaume sur la terre, ce qui se produit quand des personnes entendent
l'appel de Christ, y répondent, et que le Seigneur vient habiter
dans leur cœur par le Saint-Esprit.
Certes, ces
personnes sont appelées à vivre leur foi dans une Eglise locale, où
elles vont témoigner de leur conversion en se faisant baptiser
comme Jésus le commande, où elles vont grandir dans la foi,
apprendre l'amour, aider les autres à grandir, etc. Une Eglise
locale avec son organisation et ses structures, et tous ses aspects
matériels.
Mais ce que le Saint Esprit fait
grandir en réalité, c'est le Corps de Christ.
Dans les Actes, il y a un refrain qui
revient régulièrement et qui exprime cela : « la Parole
de Dieu se répandait, le nombre de disciples se multipliait
rapidement à Jérusalem » (Ac 6.7).
Se répandait/se multipliait :
les deux mots grecs utilisés ici indiquent à la fois la croissance
en qualité et en quantité. Ils renvoient au commandement de la
Genèse : croissez et multipliez. Et ils sont l'accomplissement,
par l'Eglise, de la promesse faite à Abraham : « je ferai
de toi une grande nation ».
Voilà ce que Dieu fait dans ce
monde.
Nous n'avons donc
pas à nous inquiéter pour savoir ce que notre Eglise va devenir,
mais plutôt à nous reposer sur Dieu qui fait croître (1 Co 3.6). A
chercher sa face et à lui faire confiance dans sa conduite des
choses.
La suite des Actes
montre que les plans de Dieu pour la croissance de l'Eglise sont
parfois surprenants.
Lisons la suite en Actes 2 puis un
deuxième extrait en Actes 8.1-4
Quel est le plan de l'Eglise pour
l'évangélisation du monde ? Aucun.
La communauté de Jérusalem vit des
jours heureux. Quelle expérience exaltante ! Voilà une Eglise
qui, tout de suite, atteint un idéal de vie communautaire :
amour, partage, unité ! Une magnifique vie communautaire, dans la
présence manifeste de Dieu... Quel sentiment de victoire, de
bénédiction : on voit des gens venir à Jésus-Christ en
nombre, une nouvelle ère commence, tout est ouvert !
Mais d'une manière tout à fait
inattendue, Dieu vient rompre cette harmonie. Il permet une
persécution, et cette persécution entraîne une dispersion de
l'Eglise. Et voilà les chrétiens obligés de fuir - et en fuyant,
ils apportent la Bonne Nouvelle ailleurs.
« Là où ils passaient, ceux
qui avaient été dispersés annonçaient la Parole, comme une bonne
nouvelle ».
Où est le
plan ? En Dieu seul. Qu'est-ce qui fait grandir l'Eglise ?
Des chrétiens partagent l'Evangile et le Saint-Esprit
« transperce », touche des cœurs.
Nos institutions locales ne sont donc
pas la priorité du Seigneur. Et comme il l'a fait à Jérusalem, il
peut faire décroître une Eglise pour que le Corps de Christ
grandisse.
De
même, il arrive souvent que dans une Eglise, on forme des
gens précieux, engagés, solides. Et ensuite Dieu les envoie
ailleurs. C'est comme ça que la petite Eglise de Lystres a laissé
partir Timothée avec Paul - Timothée qui était tellement utile à
Lystres, mais que Dieu le voulait pour apporter la Parole aussi à
d'autres personnes.
Dieu enlève des personnes, mais il en
donne d'autres. Le St Esprit dirige pour que des gens viennent, se
convertissent... et partent pour témoigner là où ils sont.
Où est le plan ? En Dieu
seul. Qu'est-ce qui fait
grandir l'Eglise ? Des chrétiens partagent l'Evangile et le
Saint-Esprit touche des cœurs.
Tout cela nous invite à garder une
vision ouverte du corps de Christ, et à résister à la
tentation de penser « boutique » - comme si notre Eglise
locale était une fin en soi. Et en même temps c'est une exhortation
à travailler fidèlement là où Dieu nous a placés, même si on ne
voit pas beaucoup de résultat. Il faut beaucoup de sagesse.
Juste une histoire, vraie. Un chrétien
de la région parisienne, qui fréquentait une Eglise en banlieue,
avait un ami qui habitait près d'une autre Eglise.
Un dimanche il a invité cet ami, et
l'a amené dans cette Eglise qui n'était pas la sienne. Le chrétien
a recommencé le dimanche suivant. Et le suivant. Et après il a
dit à son ami : maintenant tu connais le chemin, tu peux venir
tout seul. Le chrétien est retourné dans son Eglise d'origine. Et
l'ami s'est converti, et il est resté dans l'autre Eglise, là où
on l'avait amené.
Et c'est le Corps de Christ qui en a
profité.
Qu'est-ce qui
fait grandir l'Eglise ? Prenons un autre exemple en Actes
13.
C'est à Antioche que l'envoi de
missionnaires et l'implantation de nouvelles Eglises a été
décidé.
Comment cela s'est-il passé ? Les
responsables de l'Eglise ont pris une carte du bassin méditerranéen,
ils ont consulté des statistiques et ont établi un programme
d'implantation sur 10 ans.
Pas du tout.
Pendant que les frères d'Antioche célèbrent le culte du Seigneur
et jeûnent, l'Esprit saint leur parle. Et il leur dit :
« mettez moi à part Barnabas et Saul pour l'oeuvre à
laquelle je les ai appelés». Alors, « après avoir jeûné et
prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir »
(Ac 13.3).
Où est le plan ? Il est en Dieu
seul, là encore.
En somme, l'Eglise vit, et elle
prie, et Dieu dirige. Et l'Eglise sait que Dieu dirige les
circonstances, ouvre et ferme les portes...
Dernier exemple : nous
continuons l'histoire commencée dans les Actes, et nous arrivons à
Lyon, dans les années 70.
Marc Atger a quitté Paris pour venir
soutenir une petite église implantée dans la rue Louis. Peu de
temps après, Dieu le reprend. Le pasteur Clive Charlton lui succède.
Un jour en se promenant il voit dans la même rue une usine
abandonnée, qui devient l'église actuelle. Des personnes y ont
entendu l'Evangile.
Où est le plan ? Il est en Dieu
seul.
On pourrait continuer la liste de ces
faits presque insignifiants par lesquels Dieu accomplit aujourd'hui
son plan de salut dans ce monde, à travers notre faiblesse, nos
petits moyens.
Arrivé à ce
point, on comprend déjà qu'il est vain de débattre pour savoir si
l'Eglise doit grandir ou pas : discute-t'on pour savoir si les
plantes doivent pousser ? Il est naturel que l'Eglise
grandisse parce que le Corps de Christ est en cours de
construction. Il reste des personnes à sauver. Toutes les
pierres vivantes - toutes les personnes - que Dieu a prévu d'y
intégrer ne l'ont pas encore été. Et donc l'Eglise grandit. Qu'on
le veuille ou non, la vie du Saint Esprit se manifeste et fait que
des membres sont ajoutés au corps, et cela quoi que l'on dise sur
le déclin de l'Eglise.
C'est vrai que l'on construit autour
de Lyon des mosquées de plusieurs milliers de place, alors que nous
sommes... si peu. C'est vrai qu'il y a peu de personnes qui, passant
devant notre église, se disent ; des chrétiens ?
Excellent ! Alors vite voir à l'intérieur !
Ces faits n'empêchent pas Dieu
d'accomplir son plan de salut, et d'attirer à lui des personnes pour
les ajouter à son peuple.
Mais nous l'avons compris, pour cela
il n'a pas besoin de nos stratégies, mais de notre fidélité, de
notre consécration. Il a besoin que nos cœurs se laissent
remplir de son Esprit, pour qu'il en fasse des cœurs de disciples,
brûlants d'amour pour lui et pour les personnes autour de nous.
Il n'a pas besoin non plus de notre
activisme. Et même s'il y a dans la vie d'une communauté des
points techniques à améliorer, des décisions pratiques à prendre,
comme les questions de finances et de bâtiments - et que tout
cela est légitime - ces choses ne doivent pas nous distraire et
nous détourner de l'essentiel, qui est notre fidélité de
disciples, au quotidien. Notre service du Seigneur.
On témoigne là où on est, aux amis
qu'on connaît, on prie pour eux.
On n'ose pas franchir le pas, et puis
un jour une discussion s'engage, on s'aperçoit que le Seigneur avait
déjà tout préparé.
Et le Seigneur ajoute.
Alors soyons ces chrétiens qui
prient, qui cherchent la face de Dieu et partagent joyeusement
l'Evangile avec les gens qu'ils connaissent - sans prosélytisme,
mais dans le respect et l'amour.
Disons-le honnêtement : c'est au
dessus de nos forces ! Mais Jésus-Christ est vivant, et dans sa
grâce il nous a choisis, précisément nous - êtres timorés, peu
sûrs de nous, bien installés dans notre église comme les premiers
chrétiens à Jérusalem - pour appeler à lui d'autres personnes,
pour qu'à travers notre témoignage de vie et nos discussions,
par l'action du Saint Esprit, « sa parole se répande et
progresse » ici à Lyon, et partout où Dieu nous conduira.
Voilà ce qui fera vivre et grandir
notre Eglise.
Et si nous savons pas par où
commencer, commençons par prier !
Prions Dieu de nous éclairer
personnellement. Prions Dieu de
nous fortifier, d'ouvrir les portes - comme le demande Paul en
Colossiens 4. 3-4 :
« Persévérez
dans la prière, veillez-y dans une attitude de reconnaissance. Priez
en même temps pour nous : que Dieu nous ouvre une porte pour la
parole afin que je puisse annoncer le mystère de Christ, à cause
duquel je suis emprisonné, et que je le fasse connaître de la façon
dont je dois en parler » (Colossiens 4.3-4).
Que pour nous
aussi Dieu ouvre des portes pour que nous puissions faire connaître
Christ, et qu'il nous donne les mots pour le faire.
1 Marshall
et Payne, L'essentiel dans l'Eglise, p.40
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