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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 6 juillet 2015

Prédication du 29 03 15


Dimanche des rameaux
Marc 11.1-10
Le grand malentendu



Aujourd'hui, c'est le dimanche des rameaux. Ceux qui ont fait le parcours de prière ont eu l'occasion de méditer le passage que nous allons lire ensemble aujourd'hui.

Dans les Bibles, le récit des Rameaux est souvent intitulé : « l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ». Mais quelqu'un l'a appelé aussi « le grand malentendu » - et cela paraît plus conforme à ce qui se passe ce jour-là. Car il y a un malentendu entre la foule et Jésus... c'est ce que nous allons voir.
Cet épisode inaugure la dernière partie de la vie de Jésus, les derniers jours avant la crucifixion, à Jérusalem.
Avant de lire le récit qu'en fait Marc, représentons-nous le cadre.
Jésus marche vers Jérusalem précédé par sa réputation, à cause des nombreux miracles qu'il a accomplis - il vient de guérir l'aveugle Bartimée, de rendre la vie à Lazare !
Or la ville est bondée car c'est bientôt Pâques : des milliers de pèlerins juifs sont venus de partout pour célébrer la fête dans le Temple. Jésus et ses disciples viennent aussi pour cela. Ambiance de haute tension, propre aux mouvements de foule.
Ce n'est pas la première fois que Jésus vient à Jérusalem, mais il choisit de mettre en scène, en quelque sorte, cette dernière venue, car il est temps de révéler davantage sa véritable identité.

Lecture : Marc 11.1-10

Le récit montre clairement que Jésus sait très bien ce qu'il fait, où il va.
Déjà au chapitre précédent il a annoncé à ses disciples ce qui allait se passer : «  33 Nous montons à Jérusalem ; le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort, le livreront aux non-Juifs, 34se moqueront de lui, lui cracheront dessus, le fouetteront et le tueront ; et trois jours après il se relèvera ».
Tout est donc sous son contrôle. Jésus annonce déjà que sa fin sera tragique, mais que ce ne sera pas un accident, ce sera le plan de Dieu, si surprenant soit-il.
Surprenante aussi, la mise en scène de l'entrée de Jésus à Jérusalem.
Mise en scène, car l'ânon n'est pas là par hasard. Si Jésus envoie des disciples le chercher - et tout était déjà prêt pour cela - c'est qu'il veut poser un signe fort, et en montant dessus, accomplir explicitement une prophétie du prophète Zacharie, en 9.9 :

9Sois transportée d'allégresse, Sion la belle !
Lance des acclamations, Jérusalem la belle !
Il est là, ton roi, il vient à toi ;
il est juste et victorieux,
il est pauvre et monté sur un âne,
sur un ânon, le petit d'une ânesse.
C'est clair : arriver sur un âne, c'est affirmer que l'on est ce Messie, ce roi attendu par le peuple de Dieu.
De la même façon, Jésus se rend volontairement à Jérusalem en passant par le Mont des Oliviers, car dans les prophéties ce lieu est le siège des événements messianiques attendus ; Zacharie, toujours, annonce ainsi un jour glorieux où le Messie descendra sur Jérusalem, et où « 4ses pieds se placeront en ce jour-là sur le mont des Oliviers ».

L'ambiguïté de la foule

Pas étonnant alors qu'en le voyant arriver sur sa modeste monture, la foule soit prise d'un frisson, saisie par une certitude communicative. C'est bien lui, le fils de David ! Le Messie tant attendu !
On sait comment fonctionnent les foules : même sur les réseaux sociaux, ça n'a pas changé. Dans un premier temps, la nouvelle est chuchotée, puis reprise de plus en plus fort : « Hosanna au Fils de David ! ». On la twitte et retwitte ! Alors tout le monde accourt. C'est la montée des marches à Cannes. On se bouscule pour faire des selfies avec Jésus... !
Et puis quelqu'un commence à étendre ses vêtements sur le chemin, comme on l'a fait dans l'AT pour le roi Jéhu, avant qu'il n'aille massacrer les rois de Juda et d'Israël, venger les prophètes assassinés...

Les paroles sont donc justes : Jésus est bien Fils de David, Messie... mais les gestes révèlent une grande ambiguïté : à quoi pensent les gens quand ils évoquent le Fils de David ? Quand ils crient « Hosanna » c'est-à-dire « Sauve maintenant ? ».
N'allons pas croire que tous ceux qui l'acclament croient en lui !
D'abord il était de coutume d'accueillir les groupes de pèlerins qui entraient à Jérusalem en criant ainsi « Hosanna ! », ce qui signifie « sauve ». On leur chantait aussi le psaume 118, « attachez des branchages au cortège de fête ! » - d'où les palmes et les branches. On criait aussi « Hosanna » comme on crierait « vive les pèlerins ! », sans grand chose derrière.
Parmi ceux qui acclament Jésus, il y a bien sûr tous ceux qui l'accompagnent et qui ont assisté à ses miracles ; ceux qui étaient là quand il a ressuscité Lazare, juste avant. Il y a peut-être Bartimée, les yeux grands ouverts, qui crie « Fils de David » !
Tant de gens différents autour de Jésus, tant d'espoirs, de compréhensions différentes.
Et ceux qui crient « Hosanna », « Sauve »... de quoi attendent-ils d'être sauvés ?
Là est le fameux malentendu : chacun se fait son idée de Jésus, de ce qu'il va vaincre : les romains ? La maladie ? La pauvreté peut-être ?
Le malentendu est aussi dans cette attente d'un Messie victorieux, guerrier, puissant - on attend de lui une sorte de « prise de Jérusalem », pour qu'il établisse son royaume et chasse les Romains.
En somme, derrière cette image du Messie, portée par les prophéties de Zacharie il est vrai, il y a l'idée d'un Dieu qui n'est pas le Père de Jésus-Christ.
C'est le Dieu qui nous fait gagner, qui répond exactement à toutes nos prières, qui comble nos désirs, qui accorde la prospérité matérielle et la supériorité sur les autres.
On connaît ce genre de Dieu, n'est-ce pas ? C'est un Dieu séduisant qui attire les foules, parce que les foules aiment les vainqueurs, pas les vaincus.
Un Dieu qui nous parle tant que nous sommes du côté des vainqueurs, tant que les succès sont dominants dans notre histoire.

Mais qu'est-ce que Dieu a à nous dire le jour où nous rencontrons l'échec, la prière non exaucée, la maladie, la persécution... ? La foi qui repose sur un tel « Dieu de la réussite » dure aussi longtemps que nos succès. Pour la foule de Jérusalem, elle n'a pas duré plus que quelques jours.
Car derrière ce malentendu, au moment où Jésus monte vers Jérusalem sur son âne, se profile déjà la foule de Golgotha, qui criera sa haine sur lui dans quelques jours, quand il ne sera plus à ses yeux un vainqueur mais un vaincu.
Quand l'humilité aura fait place à l'humiliation.

Non, ce Dieu des puissants n'est pas le Dieu de Jésus-Christ. Notre Dieu est tel qu'il apparaît en Jésus, ici, sur cet âne, pour qui veut bien regarder vraiment : un roi humble et pacifique.
« Doux et humble de coeur », « plein de douceur », dit même Zacharie.
Un roi venu pour établir un règne différent de ce que le peuple attend, et dont Jésus a donné l'esprit juste avant, en 10.45 : « le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup ».
De même, tout est déjà dit dans la prophétie de Zacharie 9.9 : le roi « pauvre et monté sur un âne », dit aussi « je retrancherai d'Ephraïm les chars et de Jérusalem les chevaux ; les arcs de guerre seront retranchés.
Il parlera pour la paix des nations, et sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, depuis le Fleuve jusqu'aux extrémités de la terre ». Voilà le prince de Paix, le Seigneur des Seigneur.
Règne d'amour, règne de paix.
Pas d'erreur, Zacharie annonce bien un roi « briseur d'arcs », venu « pour servir et non pour être servi ». Le prophète parle aussi de libération des prisonniers, de victoire sur l'oppression et le mal.
Tout est dit dans ces textes mais le peuple a-t'il vraiment écouté ? Est-ce qu'il n'écoute pas plutôt ses propres désirs ?
Cela doit nous inciter nous aussi à la prudence. Si la foule, malgré sa foi et sa sincérité, se trompe à ce point sur ce que Dieu est en train de faire, cela doit nous interpeler nous aussi : sommes-nous plus sages que ces gens ?
Est-ce qu'il ne nous arrive pas à nous aussi de projeter sur Dieu nos propres attentes ? Ou de ne garder de la Bible que ce qui nous arrange ?
Restons modestes également dans nos interprétations « spirituelles » des événements : « s'il t'arrive ça, c'est que Dieu... ».

Si nous voulons vraiment connaître Dieu, il nous faut commencer par écouter vraiment ce qu'il nous dit. « Ecoute, Israël ». C'est la première parole.
D'abord, nous placer humblement, dans la prière, devant le Dieu souverain, pour nous soumettre à sa volonté - sans lui demander sans cesse d'accomplir la nôtre !
Prier, et écouter dans la Bible ce que dit vraiment Jésus, observer ce qu'il fait sans projeter sur lui nos représentations, nos idées préconçues. Sans le faire rentrer dans nos boîtes.
Notons que les disciples non plus ne comprennent pas vraiment ce que fait Jésus sur son âne. Jean dit que ce n'est qu'après qu'ils ont compris : « quand Jésus fut glorifié alors ils se souvinrent que cela fut écrit à son sujet » (Jean 12).
C'est souvent comme ça avec Dieu, dans le meilleur des cas on comprend après coup.
Souvent même nous n'avons pas la maturité suffisante pour comprendre ce qu'il fait dans notre vie.
Ainsi, Jésus n'a rien caché de ce qui allait lui arriver à ses disciples mais ils n'ont pas entendu, car ils n'étaient pas prêts. Ils étaient bloqués sur leur idée d'un Dieu victorieux, qui détruirait les païens et ferait d'eux les puissants de ce monde.
Et voilà Jésus le Messie qui va vers les Samaritains, peuple détesté, qui loue la foi d'un romain, qui discute avec les prostituées et les collaborateurs de l'occupant, comme Zachée. Qui s'entoure de pécheurs illettrés...
Le voilà aussi qui commence à laver les pieds de ses disciples. Alors Pierre résiste : « Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! ». Et Jésus lui répond simplement : « Ce que, moi, je suis en train de faire, toi, tu ne le sais pas maintenant ; tu le sauras après » (Jn 13.6).
Ca veut dire : fais moi confiance, laisse-toi faire. Abandonne toi à mon amour sans résister sans arrêt.
Sans chercher à maîtriser tous les tenants et les aboutissants de la situation - obéir et prendre part au projet de Dieu même si nous ne savons pas où il nous amène. Et accepter de ne pas avoir toutes les réponses.
Et obéir à Jésus, cela veut dire aimer !
« Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux : c'est là la Loi et les Prophètes » (Mt 7.12).
Mais nous résistons si souvent. Quand nous voulons le suivre, Jésus nous déroute souvent, il nous fait sortir de notre route, de nos petits schémas bien sécurisants - pour nous faire grandir dans son amour, nous rapprocher de lui, nous rendre libres ! Nous apprendre à aimer aussi les gens les moins aimables...
Le jour des rameaux, juché sur son bourricot, Jésus renverse les valeurs et révèle la véritable nature du règne de Dieu, ce règne que les gens au bord du chemin proclament : « béni soit le règne qui vient ! ».
Contre toutes apparences, le règne inauguré par Jésus est bien plus grand car c'est le mal et la mort eux-mêmes qu'il est venu vaincre.
Mais par une voie déroutante que seul le vrai Dieu, le Dieu d'amour et de paix, pouvait imaginer.
C'est en perdant qu'il va gagner. C'est en se laissant exécuter, clouer sur une croix, que Jésus va devenir ce Roi victorieux !
C'est par son humilité, son abaissement qu'il va être élevé. Quel renversement de valeur !
Un renversement magnifiquement exprimé par Paul, en Philippiens 2 : « 6 lui qui était vraiment divin, il ne s'est pas prévalu d'un rang d'égalité avec Dieu,7 mais il s'est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain, 8 il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort — la mort sur la croix. ».


Alors, en voyant Christ, le Roi des rois, passant humblement sur un âne, « sans beauté ni éclat », en voyant aussi les difficultés qu'il y a à le suivre parfois, nous sommes peut-être tentés de nous mettre au bord du sentier, de le laisser passer et d'attendre que vienne un autre Messie, puissant, éclatant, qui nous offre une vie facile faite seulement de réussites.
Mais il ne viendra pas d'autre Messie.

Sommes-nous prêts alors à sortir de la foule pour marcher derrière Jésus ?
Sommes-nous prêts à rester des disciples de ce roi pauvre et à le suivre sur ce chemin d'humilité, de service et d'amour ?
Il ne faut pas se leurrer, c'est un chemin difficile car le monde résiste, ne comprend pas, ne reçoit pas ce qui vient de Dieu - et cette résistance nous allons la rencontrer aussi, comme le Maître - si ce n'est pas déjà fait. La foule qui acclame un jour crucifie le lendemain.
Mais Jésus est notre force et il nous encourage : lui, le Ressuscité en personne, il nous accompagne sur ce chemin, par la puissance de son Esprit - de victoire en victoire - des victoires à sa façon, des victoires douces, mais des victoires certaines !
Victoires discrètes de l'amour qui brise des résistances, gagne des coeurs, qui à force de patience permet que des portes s'ouvrent, que notre foi s'affermisse, que nos yeux s'ouvrent...
Oui, présence fidèle de Jésus, par son Esprit, à nos côtés, quelles que soient les tempêtes que nous traverseront. Son regard d'amour, toujours posé sur nous, espérant en nous quelques que soient nos chutes.
« Le Seigneur est fidèle, dit Paul aux Thessaloniciens, il vous affermira et vous protégera du mal. Nous avons confiance dans le Seigneur à votre sujet (...) Que le Seigneur dirige votre cœur vers l'amour de Dieu et vers la patience de Christ ». (2 Thes.3.3-4)

Amen.

Temps de prière silencieuse.

Père Eternel,
Nous voulons dire nous aussi :
« Béni soit le règne qui vient ».
Règne de douceur et de paix.
Par ton Esprit, rend nous semblables à toi.
Augmente notre foi.
Pardon de monter sur nos grands chevaux quand tu nous demandes d'avancer dans cette vie assis sur des ânes !
Pardon de freiner des quatre fers quand tu nous invites à considérer les autres comme supérieurs à nous mêmes, à les aimer comme ils sont, à les servir au lieu d'être servis, à leur laver les pieds... !
Rassure-nous.
Eclaire-nous.
Renouvelle nos forces, notre joie et notre espérance.
Reste avec nous, Seigneur, car la nuit approche, et nous sommes faibles.

Que ton règne d'amour vienne en nous et par nous.

 Amen

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