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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 6 juillet 2015

Prédication du 5 juillet 2015


 Marc 1.1-6
« Nul n’est prophète en son pays »



Nul n'est prophète en son pays : tout monde connait ce proverbe mais peu de gens savent qu'il parle de Jésus ou plutôt que Jésus se l'applique à lui-même.
Ce verset se trouve dans l'Évangile de Marc, 6.1-6, passage je voudrais méditer avec vous ce matin. C’est le texte d’aujourd’hui dans mon calendrier de lecture. 

La semaine dernière, nous avons évoqué le fait que Jésus lui-même avait vécu comme un étranger et un voyageur dans ce monde, sans même un lieu pour reposer sa tête - sans un « chez lui ». 
« Les siens ne l’ont pas reçu », dit l’Evangile de Jean. 

C’est précisément ce qui se passe dans ce récit de Marc. 

Jésus revient à Nazareth, la ville où il a vécu les trente premières années de sa vie, après un long séjour loin de chez lui. 
Depuis le début de l’Evangile de Marc, il est sur la brèche : il a commencé son ministère public, prêche, prie, guérit des malades et chasse des démons. Ses premiers miracles sont impressionnants : il a ressuscité la fille de Jairus, apaisé la tempête… !
Il a déjà appelé ses disciples, et c’est en leur compagnie qu’il arrive à Nazareth. Peut-être que ceux-ci sont émus de découvrir l'univers de leur maître, peut-être qu'ils se préparent à être accueillis avec chaleur, l'enfant du pays rentrant la maison. Ils envient peut-être ces gens qui ont eu la bénédiction de côtoyer le Seigneur si longtemps…
Mais ce n’est du tout ce qui va se passer.
Jésus ne se trouvera ni accueilli ni écouté. Il va se heurter à des coeurs incrédules, fermés à ce que Dieu veut leur dire. 

Nous lisons dans l'Évangile de Marc.

Marc 6.1-6

« Jésus ? On le connait ! C’est un gars de chez nous ! » 
Voilà peut-être ce qu’un Nazaréen interrogé à l’époque aurait dit du Seigneur. 
Ainsi Jésus n’est pas un étranger pour ceux qui sont rassemblés dans la synagogue de Nazareth ce jour là, il est connu comme le petit du charpentier, « celui qui est parti écouter Jean le Baptiste au désert. Depuis, on ne sait pas très bien ce qu’il a fait, mais des bruits circulent à son sujet. Il paraît qu’il parle bien. La rumeur prétend qu’il a fait des miracles ». On peut imaginer alors qu’il y a plus de monde que d’habitude à la synagogue : on est venu écouter ce que l’enfant du pays va dire. 

Et effectivement, à l’occasion du Sabbat  Jésus prend la parole. Tout homme parmi les juifs  pouvait ainsi lire le texte du jour et le commenter. 
Jésus proclame la Parole que Dieu adresse à ces gens rassemblés… mais ils ne la reçoivent pas. 
Marc dit que les auditeurs sont « ébahis »… le terme est fort. Ils sont frappés comme beaucoup d’autres avant eux (cf Marc) par la sagesse et « l’autorité » de Jésus (ex- housia : c’est quelque chose qui sort de lui, par l’Esprit). Mais impossible d’entendre ce qu’il dit car même si ils se posent la vraie question : « d’où cela lui vient-il ? », ils butent sur cette évidence : « on le connait !  Nous connaissons son père, sa mère, son atelier, ses soeurs, ses cousins et cousines ! ». 

Et Jésus se heurte à cette incrédulité, de ce manque de foi. Elle limite son action : « il ne pouvait faire là aucun miracle, sinon qu’il guérit quelques malades en leur imposant les mains »… « il s’étonnait de leur manque de foi » (v.6). 

Vous connaissez peut-être ce proverbe chinois qui dit : « quand on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». 
Jésus le Nazaréen est comme ce doigt qui pointe le ciel. 
Les miracles qu’il a accomplis sont comme des doigts qui pointent vers le Dieu des miracles, le Dieu qui libère, le Dieu fidèle qui vient au secours de son peuple. 
Mais eux restent fixés sur ce fils de charpentier et sur le « comment fait-il ? D’où parle-t’il ? ». Ils focalisent sur lui, le porteur du message, au lieu d’écouter. Ils ont du mal à voir les choses autrement. 
Et il est frappant de voir que Marc ne dit rien du contenu de l'enseignement : celui-ci est escamoté chez les auditeurs qui ne voient que celui qui parle
En somme, ils n’arrivent pas à écouter Jésus parce qu’ils croient bien le connaître ! 
Un comble ! 

Cela illustre une vérité importante : quand on croit connaître, il devient difficile d’écouter, d’apprendre ! On croit tout connaître de l’autre. On croit tout connaître de Dieu. Et cela ferme notre coeur. 

A. Croire tout connaître de l’autre, d’abord. 

Les Nazaréens sont comme nous tous habitués à mettre les gens dans des cases. 
Peut-être vous souvenez-vous du sketch de l'école du dimanche pour la fête de Noël : on y voyait un peuple, les Grimich, dont l'occupation principale était de se coller des gommettes les uns sur les autres–des gommettes qui symbolisent les jugements prononcés sur les autres : « lui, il est comme ci », « elle, elle est comme ça ». 
Et puis l’affaire est réglée, on n’attend plus rien de la personne. 

Idem à Nazareth. Pour ceux qui ont connu la vie de village en particulier c'est encore très actuel ! On croit connaître les gens. Il y a des clans, des riches et des pauvres, chacun à sa place. 
Jésus le fils du charpentier est identifié de cette manière et on n’attend rien de spécial de sa part, sinon qu’il reste à sa place de charpentier. 
Mais il ne le fait pas : il prend la parole, sort du cadre, et cela insécurise les gens, bouscule trop leurs représentations… et ils se ferment. 

Voilà pourquoi Jésus dit que nul n'est prophète en son pays. Prophète, c’est à dire porteur d’un message de la part de Dieu. En cela, dès que nous témoignons d’une façon ou d’une autre de l’Evangile… nous sommes prophètes ! 

Alors oui, qu’il est difficile de témoigner dans sa famille ! Remarquez que Jésus parle aussi de  cela : « nul n’est prophète… dans sa famille et même dans sa propre maison ». On oublie souvent la fin de ce verset.  C’est l’expérience même de Jésus : les Évangiles nous révélent que dans un premier temps il n'a pas été reçu par sa propre famille ; nous avons déjà ici fait allusion à ces passages où l'on voit clairement que les parents de Jésus se demandent s'il n'est pas un peu devenu fou ; en tout cas ils le trouvent excessif ! « Qu’est-ce qui lui prend ? ». 
La vie de disciple est plus dure dans la famille, où les masques tombent. On ne peut pas se faire passer pour celui qu’on n’est pas. Nos proches ne sont pas dupes. 

[image crise de foi avec le masque : « tu peux arrêter de sourire, papa, on est à la maison »]. 

Et dans l’autre sens, la fermeture de coeur des Nazaréens nous alerte sur le danger qu’il y a à ne plus rien espérer de nos proches. A oublier que par la grâce de Dieu, tout le monde peut changer, s’ouvrir à l’amour, qu’aucun coeur n’est trop dur pour l’amour de Dieu. 

Quoi de plus enfermant que ces fameux « je te connais par coeur ! » ; « toi, faire ça ? Elle est bonne, celle-là ! Tu n’en as jamais été capable ! » Ou : « tiens ? D’où ça sort ? Tu n’as jamais été intéressé ? ». 
[dire « tu es.. » c’est comme « tuer »]

Si nous sommes de ceux que Dieu appelle à témoigner de l’Evangile dans une famille qui ne le connaît pas, ce texte nous encourage à rester confiants. Jésus ne s’affole pas, il continue à aimer ces gens, à leur faire du bien - le peu de bien qu’il peut, il est limité (cf texte) mais il le fait quand même. 
De même, si nous sommes responsables de notre témoignage - c’est- à-dire appelés à être cohérents avec nous-mêmes, à mettre en pratique l’amour que nous confessons - nous ne sommes pas responsables de la façon dont les autres vont recevoir nos actes et nos paroles. Cela, c’est la part de Dieu - et il agit, soyons en sûrs, d’autant plus si nous le laissons agir au lieu d’essayer de faire à sa place ! 
[interpellation personnelle]

En somme, quelle que soit notre situation, je crois que la réaction des Nazaréens nous invite à nous interroger : quel regard portons nous sur nos proches, sur ceux de notre « pays », de notre « maison » ? Croyons-nous encore en eux ? Les avons-nous enfermés dans une boîte, ou sommes-nous encore prêts à à apprendre d’eux ? 
A écouter ce qu’ils ont à nous dire ? 

« Arrête, je te connais par coeur »… Parole qui ferme à l’espérance, qui nie  l’autre, qui lui interdit d’évoluer, de changer. 
Idem dans l’Eglise : se sentir enfermé ou enfermer l’autre dans une image, une famille (« c’est bien un … , tiens ! ») - obstacle pour la foi, notamment pour les jeunes !! 


B. Croire connaître Dieu 

De la même façon, croire que l’on connaît Dieu est un obstacle à la foi
Il n’est pas indifférent que la scène rapportée par Marc se passe à la synagogue. 
On est venu y écouter la Parole de Dieu - en tout cas, c’est l’idée ! 
Mais l’écoute t’on encore ? 
« Dieu ? Je le connais ! ». Une personne me confiait ainsi, il y a quelques années : « je connais la Bible par coeur maintenant, elle ne m’apprend plus rien ! ». 
Triste constat d’une foi qui s’est peu à peu étiolée, desséchée. 
Quel est le remède ? Oser croire que la Parole de Dieu est vivante ! Que c’est l’Esprit même de Dieu qui l’anime, l’éclaire pour nous !
Quelqu’un cette semaine partageait sa découverte de cette expérience : « avant, c’était du chinois… maintenant, la Bible devient vivante quand je la lis ! ». 
Cette assistance de l’Esprit qui éclaire le coeur et l’intelligence est une promesse de l’Ecriture, une promesse de Jésus à ses disciples. Alors osons lui demander son aide - et persévérons ! Il y a une lutte d’ordre spirituel dans notre rapport avec la Bible, et la culpabilité malsaine (je n’ai pas lu le nombre de pages recommandé) est un outil bien connu de l’Adversaire pour nous éloigner de la Parole de Dieu. 

Continuons aussi à croire que la Parole de Dieu sera toujours plus profonde, plus riche que ce que nous en comprenons. Qu’elle dépassera toujours nos idées toutes faites. 
Ainsi, à Nazareth, Jésus montre que la parole de Dieu, ne peut pas être contenue dans les limites des habitudes, des catégories sociales. Il n'a pas le diplôme, le statut, il n'est qu'un fils de charpentier mais pourtant il parle avec sagesse et accomplit des miracles.

En somme, ce passage nous interpelle : pensons nous avoir tout vu, tout entendu, tout compris des autres ou de Dieu au point de ne plus rien attendre d’eux ?
Lui ? je le connais par coeur !
Dieu ? Je le connais par coeur !
Fermeture du coeur… et de oreilles ! 

Au contraire, sommes-nous prêts à entendre ce que Dieu voudra nous dire, dans la Bible mais aussi au travers de nos frères et soeurs, notamment de ceux dont nous n’attendons pas d’enseignement ? 
[Dieu me surprend régulièrement de cette manière]


Pour finir, je voudrais juste souligner la réaction de Jésus face à l’incrédulité qu’il rencontre : 
« Il s’étonnait de leur manque de foi ».  

Est-ce que l'étonnement de Jésus peut s’expliquer par de la naïveté ? Non bien sûr.

Mais j’aime cette indication. Elle dénote d’une certaine manière la pureté de l’amour que Jésus porte à ces gens. Lui qui sait tout est encore surpris par la dureté des coeurs qu'il rencontre. J'y vois une leçon pour nous qui sommes tellement méfiants envers les autres. Jésus ne soupçonne pas le mal même s'il le voit pourtant. C'est comme s’il laissait toujours une chance aux personnes d'agir avec justice avec confiance.
Dans son amour Jésus n'enferme pas les gens dans la case « pécheurs ». Il espère toujours en eux.
Ainsi Jésus crois en nous. Il n'abandonne pas devant notre incrédulité même si celle-ci fait obstacle à son action. 
Il ne cesse jamais d'espérer en nous. Il voit en nous la personne magnifique qu'il a voulu, à qui il a donné la vie, et qu’il veut faire advenir par la puissance de Sa Parole et de son Esprit, dès cette vie, et d’une façon parfaite, dans l’éternité. 

De même, osons croire que par la puissance de Christ ressuscité, tout le monde peut changer, s’ouvrir à l’amour, à la sagesse. Nous aussi, nous pouvons peu à peu être rendus capables, par Dieu lui-même, de prier, de comprendre la Bible, d’entendre et d’appliquer dans ce que Dieu veut nous enseigner.

Que nous puissions apprendre nous aussi à regarder les autres avec un regard d'espérance et de confiance. Rester ouverts à nos proches, dans la famille, et dans l’Eglise, et prêts à apprendre d’eux ! .  
Rester aussi prêts à nous laisser surprendre et enseigner par le Dieu vivant, par l’Esprit, en Jésus-Christ ! 
Amen 

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