BIENVENUE !

Bienvenue sur ce modeste blog.
Vous y trouverez le texte de mes prédications.
Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

mercredi 24 décembre 2014

predication du dimanche 21 décembre 2014 - Luc 1. 46-55



Texte et questions pour la réflexion et la discussion 

39En ces jours-là, Marie partit en hâte vers la région montagneuse et se rendit dans une ville de Juda. 40Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son ventre. Elisabeth fut remplie d'Esprit saint 42et cria :Bénie sois-tu entre les femmes,et béni soit le fruit de ton ventre !43Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? 44Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon ventre. 45Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira !

L'hymne de Marie46Et Marie dit :Je magnifie le Seigneur,47je suis transportée d'allégresse en Dieu, mon Sauveur,48parce qu'il a porté les regards sur l'abaissement de son esclave.Désormais, en effet, chaque génération me dira heureuse,49parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses.Son nom est sacré,50et sa compassion s'étend de génération en générationsur ceux qui le craignent.51Il a déployé le pouvoir de son bras ;il a dispersé ceux qui avaient des pensées orgueilleuses,52il a fait descendre les puissants de leurs trônes,élevé les humbles,53rassasié de biens les affamés,renvoyé les riches les mains vides.54Il a secouru Israël, son serviteur,et il s'est souvenu de sa compassion55— comme il l'avait dit à nos pères —envers Abraham et sa descendance, pour toujours.56Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.

(un canevas d'étude existe pour ce texte dans le livre : Efferv'essence. Section 4. p.38. Les questions ci-dessous en sont inspirées).

- Essayez de vous mettre un instant à la place de Marie : jeune fille fiancée... des projets d'avenir. Réfléchissez à tout ce que cette grossesse va changer dans sa vie !Dans quelle attitude accueille-t'elle les promesses de Dieu v. 45 ?
Qu'est-ce qui fait naître la louange de Marie ?
v.50-55 : chaque phrase correspond à une action de Dieu : dégagez de ce passage 6 aspects du caractère de Dieu.
Bilan : qu'est-ce qui inspire la joie de Marie ici ?

Application :- Comment réagissons-nous devant l'imprévu ?- Nous est-il déjà arrivé d'être placés, sans l'avoir anticipé, devant une responsabilité à assumer par obéissance à Dieu (ex. accueillir quelqu'un qui a besoin d'aide...) ?
- Quelle est la place de la louange dans ma vie chrétienne ? Comment est-ce que je vis la louange ? M'arrive-t'il de louer Dieu dans un culte personnel ?- Pour quels sujets pourrais-je louer Dieu en ce moment ?





Prédication 


Le magnificat : entrer dans la joie de Dieu


Je voudrais ce matin donner la parole à une croyante que nous connaissons bien, sans vraiment la connaître peut-être. Un indice : elle domine la ville de Lyon. C’est quelqu’un dont l’image s’affiche un peu partout, jusque dans les endroits les plus reculés, les plus improbables, et on la met souvent sur un piédestal, on l’imagine couverte d’or, ce qui ne correspond pourtant pas à sa vraie personnalité...Vous l’avez sans doute deviné, il s’agit de Marie, mère de Jésus.
Habitants de Lyon, ville du Primat des Gaules et des célébrations du 8 décembre, vous pouvez vous détendre. Loin de moi l’idée d’engager ici une polémique sur ce personnage capital, et pourtant si discret.En cette veille de Noël, je vous invite simplement à lire et méditer ensemble le cantique magnifique que Marie fait monter vers Dieu, au début de sa grossesse. C'est un passage qu'on a appelé justement le « Magnificat » : en Latin, « je chante la grandeur de Dieu ». Marie y exprime sa joie, une joie dans laquelle nous sommes invités à entrer, nous aussi.
Je vous invite à la lecture, dans l'évangile de Luc, chap. 1, v. 26

Lecture
Est-il besoin de rappeler le contexte ? Un jour, un ange apparaît à Marie, une très jeune fille fiancée à un charpentier nommé Joseph. La nouvelle que l'ange lui annonce dépasse l'entendement : elle va être enceinte sans avoir eu de relations sexuelles, par l'action de Dieu lui-même, et portera le Fils de Dieu, le Messie tant attendu par Israël !Suite à cette nouvelle bouleversante, Marie part chez sa parente Élisabeth qui, inspirée par le Saint Esprit, lui confirme son élection : v. 43Et cette parole déclenche cet hymne de joie magnifique de la part de Marie. « Je magnifie le Seigneur » (v.46). Un hymne qui est devenu un modèle.

Magnificat :  « Je magnifie le Seigneur ». On a dit justement que l'évangile de Luc était l'évangile de la joie. Et cette joie éclate partout dans tout ce premier chapitre : dans la bouche de Zacharie juste avant, dans celle d'Elisabeth aussi. Et dans le chant de Marie, ici. Un commentateur s'écrie même : « splendide, le fleuve de joie qui traverse ce psaume ! ». « Je magnifie le Seigneur ». Mais d’où vient cette joie de Marie ?C'est Elisabeth, au v. 45, qui donne la réponse : « Heureuse celle qui a cru ». La joie de Marie vient tout entière de sa foi, de sa confiance en Dieu qui lui a envoyé cet enfant.

Se réjouir d'attendre un enfant, facile ? Par forcément dans ce cas précis. Après tout, cette grossesse inattendue aurait de quoi déstabiliser. Marie avait sans doute des projets de vie, une idée de ce qu’elle voulait faire... et la voilà enceinte, si jeune, et d’une façon unique dans l’histoire de l’humanité, et si mystérieuse. Cela pouvait avoir de quoi l’inquiéter. Et le regard des autres – sa famille ? Et sa place dans la société ? Et Joseph ? L'Evangile de Matthieu nous le montre prêt à rompre avec elle à cause de cette grossesse dont il ne sait pas où elle sort !Et pourtant, c’est quand même la joie que Marie exprime, sous l'action du St Esprit. « Je magnifie le Seigneur, je suis transportée d'allégresse en Dieu, mon Sauveur, » .
Le mot grec traduit par « allégresse » ici a le sens très fort d'exulter.Qui n’a pas envie d’être heureux comme cela, d’être rempli d’une telle joie ? Nous sommes si tristes, nous français, si souvent. Et elle, jeune israélite pauvre, fille mère menacée de perdre son fiancé, d'être mise au ban de la société, elle éclate d’allégresse ! Où est la clé ?
La voici, donnée par Elisabeth : « heureuse celle qui a cru ». Pour nous, Marie est un exemple de foi. Marie qui se souvient des promesses de Dieu, qui les voit s'accomplir, qui accepte d'être choisie par Dieu et de participer à son plan mystérieux, qui accepte de porter les œuvres de Dieu - Marie qui entre ainsi dans la joie de Dieu. Et sans rien nier de nos convictions de bons protestants, nous pouvons aussi reconnaître que cette jeune fille, par sa foi, nous montre aussi le chemin pour entrer à notre tour dans cette joie.
Parcourons-le ensemble.


Tout d'abord, ce chemin passe par une connaissance du passé : connaissance des actions passées de Dieu pour son peuple, racontées dans la Bible, et de ses promesses.
C'est ainsi, qu'en jeune juive fervente, Marie connaissait bien les prophéties faites autrefois à son peuple. Comme les juifs pieux de son temps, elle connaissait sans doute par coeur des passages entiers de l'Ancien Testament, ce qui entretenait en elle l'espérance de la venue du Messie. On remarque d'ailleurs que dans sa famille, tout le monde porte un nom en lien avec cette attente : Zacharie signifie « Dieu se souvient », Elisabeth : « Dieu a promis » et leur fils Jean : « Dieu est grâce » ! ! A toute la famille, ils résument l'essentiel : Dieu, dans sa grâce, va tenir ses promesses.

Cette connaissance des textes sacrés lui permet de se rendre compte que Dieu est en train d'accomplir ses promesses ! Quelle joie ! Dans sa prière tissée de citations de l'Ancien Testament Marie évoque justement les prophéties qui s'accomplissent devant ses yeux : «comme il l'avait dit à nos pères, il s'est souvenu de sa compassion envers Abraham et sa descendance ». Ces mêmes textes bibliques donnent aussi à Marie les mots de sa prière, elle y puise la matière et la forme qui lui permet d’exprimer ce qu’elle a sur le cœur. Mais avant tout, elle y puise les raisons de se réjouir, car Dieu a tenu parole !! Toute sa vie, Marie restera cette femme de mémoire et de réflexion. D'abord elle a gardera toute sa vie dans son corps la marque de cette première grossesse extraordinaire. Et on la trouvera aussi plusieurs fois en train de « repasser dans son cœur » ce que Dieu aura fait, pour le méditer.
Que son exemple nous inspire ! Cela nous invite nous aussi à nourrir notre pensée de la Bible, et en même temps à prendre le temps de nous arrêter régulièrement, pour voir à la lumière de sa Parole ce que Dieu est en train d'accomplir, et le louer pour cela, comme le fait Marie. Sinon, nous pourrons avoir tendance à rester dans nos ornières. Seule la lecture de la Bible peut nous donner la hauteur nécessaire pour garder l'espérance. Elle nous donne le point de vue de Dieu sur les choses, c'est vital. Et de solides raisons de nous réjouir !

Mais continuons de parcourir le chemin. Nous y découvrons que la joie de Marie a une autre cause, qu'elle révèle aussi dans ce cantique : « je suis transportée d'allégresse en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a porté les regards sur l'abaissement de son esclave ».
Marie est heureuse aussi d’avoir été choisie, repérée par Dieu, pour participer à son oeuvre de salut.Pourquoi elle ? Bien sûr, le mystère ici est entier. Cela relève de la souveraineté de Dieu. Bien sûr, Marie appartient au peuple de Dieu, et il était nécessaire que le Messie appartînt au Peuple élu, et à la lignée de David (ici, par son père Joseph).
Mais c'est quand même une décision de pure grâce de la part de Dieu.
Et quelle belle surprise pour Marie ! Non seulement Dieu la connaît personnellement, il la connaît en profondeur jusque dans les recoins les plus intimes, il la connaît « par son nom » (« n'aie pas peur, Marie ») mais en plus il l’aime et veut son bien.
On voit aussi que Marie fait preuve d’une grande humilité devant Dieu, et cela lui permet d'être disponible à ce qu'il lui demande, et de s'en réjouir, parce qu'elle ne s'attendait pas à recevoir de l'honneur de sa part ! « Il a porté les regards sur l'abaissement de son esclave/sa servante », dit-elle.
Ce regard de grâce suffit à la réjouir ! Noël approche : qu'il est difficile de faire plaisir à un enfant trop gâté, comblé de toutes sortes de plaisirs électroniques, alimentaires, etc. !! Mais Marie fait partie de ceux qui ont « faim et soif de justice », et attendent tout du Seigneur. Consciemment ou non, c’est d’elle-même aussi qu’elle parle quand elle évoque cette catégorie de personnes simples qui sera « élevée » (v.52) ; ceux qui n’ont pas de pensées orgueilleuses.Ainsi, la Bible dit souvent que l'amour et la bonté de Dieu se révèlent d'abord chez les humbles, chez les opprimés et tous ceux qui « habitent les profondeurs »1. C’est un enseignement pour nous : Dieu ne s’approche, ne peut s’approcher que de celui qui est pauvre intérieurement, c’est-à-dire conscient de son vide, de son indignité. Conscient qu’il n’a rien à faire valoir. Quelqu’un qui attend de Dieu d’être rempli. Les v. 52 à 53 parlent ainsi de puissants que Dieu descend de leurs trônes, de riches renvoyés les mains vides... ainsi Dieu renvoie à vide ceux qui sont pleins d’eux-mêmes. Dieu ne se mérite pas, ne se conquiert pas. On ne peut s’élever vers lui ; au contraire, c’est lui qui « porte les regards sur l'abaissement de son esclave »/ sa servante. C'est lui qui déverse dans les cœurs assoiffés une joie qui ne dépend pas des circonstances.

De même chaque jour, des hommes sont renversés pour être ensuite relevés de la main de Dieu, ils sont vidés pour être remplis de Dieu lui-même. Peut-être faites-vous partie de ces gens-là ; sans doute certains d'entre nous auraient beaucoup à raconter dans ce domaine. Certes, dans un premier temps, être renversé ne réjouit personne ! Ce n'est qu'ensuite que l'on comprend que cela peut aussi nous conduire à la joie.
Cette joie d'être ainsi trouvé par Dieu, arrêté comme Paul sur le chemin de Damas et relevé par l'amour de Jésus. Cette joie d'avoir été trouvée par Dieu que ressent Marie.
Heureuse de voir les promesses de Dieu s'accomplir, heureuse de se savoir incluse dans ce beau plan de salut de Dieu qui la dépasse, heureuse aussi d'être choisie par Dieu, remarquée par Lui, aimée par Lui... Marie entre donc dans la joie du Seigneur.

Et la dernière chose que je voudrais souligner, c'est combien elle y entre de tout son cœur, en s'abandonnant totalement entre les mains de Dieu. C'est un « oui » massif qu'elle répond au Seigneur. Elle accepte totalement ce qu'il va lui faire vivre - et ce ne sera pas simple.

« Heureuse celle qui a cru ». C'est sans doute cette confiance profonde en Dieu qui est la source la plus profonde de son allégresse. Cette foi par laquelle elle comprend, déjà, qu'elle va produire les œuvres de Dieu, pour le salut de toute l’humanité !
Elisabeth l’appelle «  la mère de mon Seigneur » ! Sans rentrer dans des débats théologiques, on peut prendre l’expression, ici, dans son sens le plus simple : elle porte le Messie, le Fils de Dieu, pour le salut de l’humanité.Par la foi, elle le comprend,... et elle l'accepte, ce qui n'est pas évident pour les raisons invoquées tout à l'heure : fille mère en Palestine... c'est pas la joie... d'habitude ! Elle pèse les conséquences sociales, les conséquences dans sa relation avec Joseph... et dit « oui » à Dieu : « Qu’il m’advienne selon ta parole ».Et loin de subir cette situation provoquée par Dieu, elle se l’approprie, et la joie de ce Dieu qui va sauver son peuple devient la sienne.
Oui, Marie est « celle qui a cru ». Le v. 39 nous dit qu’elle se lève « avec zèle »/ « avec hâte ». « Se lever » signifie ici se mettre en marche selon le plan de Dieu, s’y engager à fond. Marie montre une adhésion totale, et pourtant, là aussi, ce n’est pas sans réfléchir qu’elle a obéi. A l’ange elle a posé des questions pertinentes : « comment cela se produira t-il, puisque je n’ai pas connu d’homme » ? Ce ne sont pas les paroles d’une jeune bergère naïve et illuminée qui penserait que les enfants naissent dans les choux, mais celles d’une jeune fille intelligente qui connaît la vie et qui se pose des questions de bon sens. Dieu ne condamne pas cela. Lorsqu’il nous appelle, il nous veut vrais, entiers, présents avec toutes nos capacités, quitte à discuter et prendre le temps de la réflexion pour mieux partir.
C'est donc de tout son cœur et avec toute son intelligence que Marie dit « oui » à Dieu, et qu'elle laisse la joie de Dieu entrer. « Je magnifie le Seigneur,
je suis transportée d'allégresse en Dieu, mon Sauveur,
parce qu'il a porté les regards sur l'abaissement de son esclave.
Désormais, en effet, chaque génération me dira heureuse,
parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses ».
On pourrait dire ainsi, pour finir, que Marie n'est pas la « magnifique », mais la « magnifiante », celle qui dit la grandeur de Dieu.
C'est beau de la voir se réjouir en espérance, sentant le bébé bouger dans son ventre, promesse d'une vie qui déjà grandit en elle. Elle est un modèle pour nous, qui avons tant de mal à accueillir les projets de Dieu dans nos vies bien réglées, tant de mal à laisser le Père céleste déployer sa puissance de vie dans la nôtre, pour ouvrir nos horizons pourtant si réduits souvent. Tant de mal à croire aux promesses de Dieu, que nous oublions de graver dans nos mémoires.
Marie nous invite à accueillir joyeusement ce que Dieu nous donne à vivre, dans la confiance. A apprendre à voir dans nos vies les promesses de vie qui viennent de Dieu.

Qu'en cette période des fêtes, en repassant dans notre cœur ce que Dieu a fait dans l'histoire de son peuple, de son Eglise, et dans la nôtre, nous puissions exulter de joie ! Et puiser l'espérance à sa source, dans la personne de Jésus-Christ ressuscité, lui qui veut naître en nous par son Esprit et y faire grandir sa vie, pour nous porter jusqu'après la mort, et dans l'éternité.

Qu'en méditant tout cela, nous puissions dire avec Marie : «  le Puissant a fait pour moi de grandes choses ». Et qu'en cette veille de Noël, nous puissions dire « oui » à la joie de Dieu !
1 H.Gollwitzer, Luc, la joie de Dieu. 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire