Actes 15 : 36 à 16 : 11
Fais-moi connaître le chemin où je dois marcher !
« Fais-moi
connaître le chemin où je dois marcher ! » ;
« apprends-moi à faire ta volonté ».
Sans
nul doute, ces mots de David, dans le psaume 143, doivent résonnent
chez nombre d'entre nous, ce matin, en ce
début d'année scolaire, la tête chargée de projets divers, de
soucis aussi peut-être - tant de choix devant nous, tant de
chemins.
Et si
nous avons placé notre foi en Dieu, il est normal que nous
cherchions, comme David, à faire sa volonté dans tous les domaines,
à marcher sur les chemins qu'il a lui-même tracés.
Ainsi,
c'est bien ce désir là, je crois, qui a conduit vendredi dernier,
un certain nombre d'entre nous se sont retrouvés ici pour soirée de
prière- se placer devant Dieu et lui demander de nous conduire
pendant cette nouvelle année scolaire.
Mais
au
quotidien, les choses ne sont pas simples. Ainsi, un
des points qui interroge souvent est celui de l'articulation
entre notre volonté et celle de Dieu. Quelle
place donner à nos initiatives, nos envies, nos choix ? Comment
aller de l'avant avec tout ce que nous sommes, et en même temps
marcher sur le chemin « où nous devons marcher ? ».
Comment
chacun d'entre nous vit-il cela ? Pour caricaturer ne
pourrait-on pas dire que le plus souvent nous menons notre vie
quotidienne comme nous le pouvons, en essayant de vivre notre foi le
moins mal possible... Mais que quand le sentier devient étroit ou
confus, nous pouvons être amenés à nous arrêter, (quitte à
rester immobiles, sans initiative), en attendant que Dieu nous révèle
une voie ?
Il y a
un homme dont l'exemple, dans ce domaine, est édifiant pour nous :
c'est l'apôtre Paul.
S’il
est quelqu'un qui a cherché à faire et à discerner la volonté de
Dieu, c’est bien lui ! Retrouvons-le précisément dans le
livre des Actes, aux chapitre 15 et 16.
Nous
sommes au début du 2e
voyage missionnaire de Paul, juste après ce qu’on a coutume
d’appeler le « concile de Jérusalem » : les
apôtres, dont Paul, Pierre, Jacques et Barnabas, y ont débattu pour
savoir si les non-juifs devaient être circoncis. A la fin des
débats, Paul et Barnabas décident de se remettre en route.
Il est
évident que leur désir est de servir Dieu.
Mais comment vont-ils décider d’aller plutôt ici ou plutôt là ?
On les imagine aisément priant dans l’attente
d’une révélation particulière, avant de se mettre en route.
En réalité, voici comment les choses se passent :
pendant
la lecture, la carte restera projetée, pour vous aider à situer les
choses.
Lecture :
Actes
15 : 36 à 16 : 11
La
première chose qui m’a frappé à la lecture de ce texte, c’est
que la prise de décision se fait… dans une dispute ! Entre
Paul et Barnabas ! C’est curieux. On
peut s'interroger alors sur les dispositions intérieures des
apôtres. C’est le premier point.
La
deuxième chose qu’on peut remarquer dans cette histoire, c’est
la diversité des moyens qu’emprunte Dieu pour guider les apôtres.
Il y a plusieurs facteurs qui concourent à guider Paul dans
ses choix. Ce sera le deuxième point de la réflexion.
A.
Tout d’abord, voyons quelles sont les
dispositions intérieures des apôtres ici –
Paul, Barnabas et Silas.
Déjà,
il est évident, malgré leur dispute, que leur
cœur est bien disposé, et plein de foi. Le
désir de servir Dieu et celui de suivre sa volonté sont des
préoccupations de chaque instant pour eux. Les choix de Paul sont
fondés sur son appel à annoncer l'Evangile. C’est important :
la recherche de la volonté de Dieu ne peut se
faire que dans une relation intime avec Jésus, dans une vie fondée
sur la foi en lui. Voilà
d'ailleurs ce qui rend Paul exigeant dans
ses choix, en ce qui concerne Marc par exemple, comme il est exigeant
dans sa relation à Dieu.
Pas de
techniques ici, rien d'automatique, qui
dépendrait
seulement de rites, d'un nombre d'heures passées dans la prière par
exemple, ou d'une façon de prier ou de chanter.
Du
fait de ce désir d'obéir aux
commandements de Dieu, tous ici agissent et
réfléchissent dans le cadre de la Loi, des textes sacrés, de la
Révélation - même s’il y a des
désaccords. Paul notamment, qui a été
l’élève de Gamaliel, un spécialiste des écritures réputé,
connaît très bien la Bible hébraïque. Ces textes sont toujours
là, en toile de fond, pendant leurs réflexions et dans leurs choix.
C’est
un autre cadre déterminant pour prendre des décisions conformes à
la volonté de Dieu : l'essentiel de cette volonté nous est
déjà connu, c'est sa
Loi, c'est l'Evangile, c'est l'enseignement de Jésus dans le sermon
sur la montagne. Si nous orientons notre vie en fonction de Sa
Parole, nous sommes assurés de marcher « selon sa volonté ».
Du coup, mieux
je connais la Parole de Dieu, plus je saurai faire des choix en
accord avec la volonté de Dieu.
L'inverse
n'est pas possible : Dieu ne révèle pas son chemin à ceux qui
refusent d'entendre Sa Parole.
B. Certes.
Mais que faire quand la confusion l'emporte, où nous nous heurtons à
l'opacité des choses,
à des « vides juridiques » de la Parole ? Dans le
cas de Paul, comment discerne-t'il la volonté
particulière de Dieu pour son ministère ?
Où aller ? Le monde est immense ! Pourquoi
ici plutôt que là ?
Ici
nous entrons dans un processus complexe, et le texte présente
plusieurs éléments qui se croisent, se complètent…
Déjà,
il y a le bon sens, la réflexion, l’analyse
intelligente de la situation. Le voyage est à
l’initiative de Paul,
qui lance l’idée : (v. 36 « partons refaire le tour de
toutes les villes…. »). Quoi de plus logique ?
Retourner voir les églises, faire le point avec elles… C’est une
logique que tout conducteur de projet connaît bien : évaluation
et accompagnement, discernement des besoins… Paul
a-t-il « senti » que c’était la volonté de Dieu ?
Le texte ne le dit pas. Mais les jeunes églises ont besoin de
soutien, cette évidence suffit et il part, avec la bénédiction de
Dieu ! Paul prévoit, pèse les conséquences à long terme de
ses décisions, le pour et le contre… N’oublions pas qu’il a
reçu une solide éducation.
De
nombreuses décisions dans les chapitres 15, 16 sont prises ainsi,
après une bonne discussion, où chacun expose son avis. « Paul
estimait que… » , « Il ne semblait pas raisonnable
à Paul… » V. 38 : Barnabas a un avis, Paul un autre, et
ils décident de se séparer. Et l’œuvre de Dieu avance à
travers cela.
L’avis
des autres croyants est un facteur important, aussi.
Quand Paul décide d’emmener Timothée, il se base sur l’avis des
« frères » qui « disaient beaucoup de bien de
lui ». Si l’Esprit n’inspire une conviction qu’à un seul
frère… cela fait réfléchir.
C. Un
autre élément apparaît au verset 6 chap. 16 : « 6Empêchés
par l'Esprit saint de dire la Parole en Asie, ils passèrent par la
Phrygie et le pays galate. 7Arrivés
près de la Mysie, ils tentaient d'aller en Bithynie ; mais
l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. 8Ils
longèrent alors la Mysie et descendirent à Troas. »
A quoi Luc fait-il allusion ici ? Il est à noter
que c’est le seul emploi de l’expression « l’Esprit de
Jésus » dans le NT. Mais comment concrètement interpréter
cela ? Peut-être y a-t-il eu, dans cette région, des
difficultés imprévues qui les ont fait
changer de direction. Il peut arriver que le St Esprit entrave nos
projets ou modifier notre orientation en cours de route.
L’explorateur et missionnaire Livingstone voulait
partir pour la Chine, mais il trouva sur la route la guerre entre la
Chine et l’Angleterre. Il se tourna alors vers l’Afrique…
N’était-il pas dans la volonté de Dieu en se dirigeant vers la
Chine ? Sans doute. Et pourtant !
Les exemples de ce type ne manquent pas, et pourtant,
il ne s’agit nullement d’en faire une règle ! Si nous nous
arrêtons à la moindre difficulté… !! Mais celles-ci peuvent
être aussi des occasions de réfléchir, d’approfondir nos
motivations.
Il
faut dire aussi un moment d'un élément plus spectaculaire, le songe
de Paul. Paul fait un rêve qu’il interprète
comme étant une révélation directe de la volonté de Dieu.
Faire
de l’expérience de Paul une règle universelle serait une erreur.
On peut noter que ce type d’intervention directe est assez rare
dans le NT. Bien sûr, Dieu agit comme il le souhaite. Bien sûr il
peut nous donner la conviction de faire ceci ou cela. Rappelons
simplement que nous sommes appelés à marcher
par la foi, avec intelligence et non par les sentiments seulement,
et que cet aspect de la recherche de la
volonté de Dieu ne doit pas être coupé des autres : le bon
sens, la réflexion, l’avis des frères,
etc. > danger de tout ou trop spiritualiser
les choses. Il s'agit
pas d'annuler notre volonté pour faire celle de Dieu, mais de mettre
notre volonté, et notre intelligence,
au service de Dieu.
Un
jour, une jeune fille prit un de mes amis à part et lui dit :
« Dieu m’a dit que nous devions nous marier. J’en ai reçu
la conviction ». Mon ami, qui, de son côté, n’avait pas été
contacté par le Seigneur à ce sujet, eut bien du mal à faire
entendre raison à cette pauvre fille. Forcément, quand on est
amoureux on est prêt à voir des signes partout ! On est dans
la caricature mais que cela nous appelle à la vigilance. Quand nous
« avons le sentiment » que telle voie est la bonne,
demandons-nous pourquoi nous avons ce
sentiment, obligeons nous à donner nos
raisons et allons en parler à quelqu’un dont le jugement nous
inspire confiance.
Idem
si nous pensons recevoir des « révélations » spéciales.
« Sonde-moi,
ô Dieu, et connais mon cœur… regarde si je suis sur une mauvaise
voie et conduis moi sur la voie de l’éternité ». Nous ne
nous méfierons jamais assez de nous-mêmes.
Pour
résumer, ce qu'on peut retirer de l'exemple
des apôtres ici, c'est que le discernement de la volonté de Dieu
dépend d'abord de notre relation avec lui, de
la qualité de notre communion, de notre soumission - cela
dépend de la disposition de notre cœur :
il s'agit d'abord de connaître les commandements de Dieu et
d'essayer de les mettre en pratique au quotidien sincèrement Faire
la volonté de Dieu c'est d'abord faire ce
qu'il nous demande explicitement : l'aimer, aimer notre
prochain.
Vivons
cela, déjà.
Il
s'agit aussi de ne pas mépriser notre propre
volonté, nos désirs, nos idées et de faire
comme si la voie allait forcément apparaître depuis l'extérieur,
sous forme de révélation dans les événements. Quelqu'un a dit
ainsi qu'il fallait d'abord « évangéliser »
notre volonté, c'est à dire tout faire
pour imprégner notre réflexion de
l'Evangile, jusqu'à vouloir ce que Dieu veut, et cela implique de se
nourrir de la pensée de Dieu, par la lecture de la Bible, et de
rester humble et motivé en même temps !
Finalement,
quand nous nous demandons quelle est la direction que Dieu veut que
nous prenions, la meilleure chose à faire,
c’est sans doute d’avancer dans la prière, la soumission, et
surtout la confiance. Quand
j’étais adolescent, j’avais plus ou moins dans la tête que ce
Dieu allait me demander serait forcément
en contradiction avec ce que j’avais envie de faire. Quelle drôle
d’idée ! Dieu nous aime, il veut notre bien. Il nous redit
sans cesse son amour et nous encourage à avancer sans crainte. Il
nous a aussi accordé des capacités, des dons, et sa première
volonté est que nous les utilisions pour le servir !
Mieux
vaut une action en partie mal dirigée, mais entreprise vaillamment,
que cette sorte de « crainte de sortir de la volonté de Dieu »
qui nous laisse les bras ballants dans l’attente d’un ordre de
Dieu.
Je
finirai sur une citation tirée du livre d’Esaïe 30 :
21 : « Quand vous irez à droite, ou quand vous irez à
gauche, vos oreilles entendront derrière vous la voix qui dira :
« c’est ici le chemin, suivez-le ». Par quelle
voie la voix nous parvient-elle ? Ce n’est pas dit. Mais ce
qui est sûr, c’est qu’elle sera là, et c’est aussi qu’il
faut d’abord se mettre en route pour
l’entendre...
Amen
Prière.
Père
Eternel,
Tu
connais ma vie, les choix que je dois faire, mes rêves et mes
envies.
Je te
prie comme David : « Apprends-moi à faire ta volonté ».
Que ta volonté soit faite dans ma vies.
« Non
pas ce que je veux, mais ce que tu veux ».
Que je t'aime de tout mon
cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit en dirigeant vers toi
tous mes élans ; en cherchant toujours ta gloire et non la
mienne ; que je t'aime de toutes mes forces en dépensant toutes
mon énergie au service de ton amour.
Que j'aime mes proches comme
moi même.
Que ton Esprit éclaire
pour moi Ta Parole. Je veux penser, agir, aimer, toujours plus comme
Jésus-Christ, mon sauveur. Que ma volonté soit toujours plus
conforme à la tienne, afin que ma vie te glorifie.
Au nom de Jésus, ton fils
Amen
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