« Que
ton cœur ne se précipite pas pour exprimer une parole devant Dieu!
En effet, Dieu est au ciel, et toi sur la terre » (Ecclesiaste
5.1).
Le
silence de la confiance
« Heureux,
écrivait Charles Péguy, deux amis qui s'aiment assez pour se taire
ensemble ».
« Je
vous ai appelés amis... », a dit aussi Jésus (Jean 15.15).
Mais quel type d'amis sommes-nous pour lui ? De ceux qui, trop
bavards, ne laissent pas l'autre respirer ? De ceux qui parlent
sans écouter ?
Avouons-le :
lorsque nous nous mettons à l'écart, pour prier, nous avons
facilement tendance à tenir de longs discours, de faire d'abondantes
prières - et c'est vrai que la Parole nous y autorise.
Psaume 62 : "En tout temps,
peuples, confiez-vous en lui, Répandez vos coeurs en sa présence !
Dieu est notre refuge."
Il
faut bien reconnaître aussi que c'est bien souvent la seule façon
de prier que nous connaissions dans nos Eglises.
Mais
savons-nous être aussi de ces amis qui savent se tenir devant
Jésus-Christ, dans le silence, juste pour être dans sa présence ?
Sans rien demander ? Sans rien attendre d'autre que lui et lui
seul ?
Le
silence fait souvent peur aujourd'hui. Pourtant il est d'une grande
fécondité, pour peu qu'on ose dépasser l'angoisse qu'il peut
susciter au premier abord.
Oui,
devant Dieu il y a place aussi pour un silence qui n'est pas
indifférence mais simple joie d'être ensemble ; un silence
plein, le silence de la confiance. Quand celle-ci est établie entre
deux êtres, « ils n'ont plus besoin de se parler tout le
temps, car ils ne craignent plus que l'autre profite du silence pour
être infidèle, pour s'échapper au loin. Oser le silence, c'est
oser laisser l'autre libre, renoncer à le capturer, à le posséder
par la parole »1.
Nos
paroles peuvent parfois masquer un malaise, ou la crainte de mal
faire... Mais on peut aussi prier sans parler. Dans un silence qui
fait grandir, silence de la confiance, de l'humilité, silence de
l'écoute, de l'attention à celui qui est là, « dans le
secret », et qui s'y rend accessible. Osons nous présenter
ainsi devant le Seigneur, nul doute que notre disponibilité le
réjouira !
1J.M.
Gueulette, Laisse Dieu être Dieu en toi, Ed.
Du Cerf, 2002, p.30
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