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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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lundi 4 juillet 2016

Prédication du 3 juillet 2016 - Jean 20. 24-29 - La foi de Thomas




Merci au KT de nous avoir lu le magnifique prologue de L'Evangile de Jean lors de la présidence. 
Ce premier chapitre nous ouvre une perspective extraordinaire sur Dieu, sur l’identité de Jésus, sur nous aussi. C'est comme un catéchisme, un résumé de l'essentiel de la foi chrétienne. 
De fait, le but de Jean, dans tout son évangile, est que ceux qui découvrent ces paroles croient que Jésus est le Fils de Dieu : 
« Jésus a encore produit, devant ses disciples, beaucoup d'autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31Mais ceux-ci sont écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, par cette foi, vous ayez la vie en son nom ». 

Ainsi, pour nous permettre de croire, Jean a présenté tout au long de son Evangile, de nombreux témoins, autant de personnes qui ont reçu la lumière, cru et vu la gloire de Dieu. 
Mais juste avant le verset que nous venons de lire, il a évoqué un témoin différent ; quelqu’un qui, au contraire, a eu du mal à croire : c’est Thomas. 
Cela nous intéresse, nous qui sommes souvent confus, embrouillés par tant de questions, de doutes.  
Dans l’histoire des doutes de Thomas, il y a un encouragement pour nous tous, et une belle promesse. 

Avant d’aller plus loin, disons juste que, malgré ses doutes c’est à Thomas, et à lui avant tous les autres, que Jésus a choisi de se venir se révéler comme le Fils de Dieu lui-même… 

Récit à la fin de Jean, au chapitre 20.19-28

Contexte : Jésus a été crucifié. Les chefs religieux ont décidé de le supprimer parce qu’il a rendu la vie à Lazare. Ce miracle a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase !  
Et Jésus a été crucifié. 
Après sa mort, ses disciples, totalement perdus et effrayés, se retrouvent en secret, le soir. 
Que va t-il leur arriver ? 


Lecture. 

Dans ce chapitre, deux récits d’apparition de Jésus se succèdent, avec et sans Thomas. 
Deux récits semblables : les portes fermées, le « Jésus vint », la salutation initiale : « que la paix soit avec vous ». A part la peur des juifs, rien n’est dit sur les sentiments des disciples. 
C’est encore la question de la foi qui est au centre : Thomas qui doute et pose ses conditions pour croire, puis la rencontre et les paroles de Jésus : « Ne deviens pas un incroyant, deviens un homme de foi ! Parce que tu m'as vu, tu es convaincu ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Commençons par prendre un peu la défense de Thomas ! 

Comme Juda pour d’autres raisons, ce pauvre Thomas a généralement le mauvais rôle. On est souvent dur avec lui, qu’on présente comme l’exemple type du vilain incroyant.
Pourtant ce n’est pas si simple. 
D’abord, nous savons tous que croire n’est pas forcément facile. Et puis, croire quoi ? Croire qui ?
Thomas n’est pas le seul à traverser une phase de doute, cela fait partie de tous les chemins de foi. 

Ensuite, Thomas ne rejette pas tout en bloc. D’ailleurs, il est là avec les disciples pour la deuxième apparition : c’est bien qu’il continue à chercher. 
C’est un disciple proche de Jésus, qui l’a suivi un peu partout et avec qui il a vécu des expériences fortes. Et lui qui avait placé sa confiance en Jésus, se retrouve désarçonné comme tous les autres par la mort inattendue de son maître. 
Le reste de l’Evangile montre que c’est un homme pratique, plein de bon sens. Et déjà que la perte de Jésus est dure à vivre, rien d’étonnant qu’il ait du mal à accepter sans rien dire ce que lui disent les autres : « nous avons vu le Seigneur ». Incroyable ! 

« Nous avons vu le Seigneur » : « Thomas aussi l’a vu, sur la croix. Les plaies, les clous, le côté père : voilà la réalité. Thomas possède une certitude, la certitude brutale de la croix, et il l’exprime tout aussi brutalement »

Il faut noter que Thomas est cité en Jean 11, au moment où Jésus rend la vie à Lazare : donc il a déjà vu et même touché un ressuscité : peu d’entre nous peuvent s’en vanter ! Le doute de Thomas n’est donc pas un doute de principe : « ça n’est pas possible que quelqu’un ressuscite». Ce doute a une autre origine. 
Plus profondément, peut-être que le doute de Thomas révèle surtout une blessure, une déception. 
Déception d’avoir cru en Jésus et sentiment d’avoir été trompé, quand celui ci est mort : Cf disciples d’Emmaüs. 
Déception que Jésus soit peut-être apparu aux autres sans attendre qu’il soit là, lui. On imagine la question : pourquoi ne m’a t’il pas attendu, moi  ? 
Est-ce que je compte pour lui ? 
En réalité, le désir d’une relation personnelle avec Jésus est toujours bien là, et c’est la base de la foi. 
Mais il est en train d’être attaqué par la souffrance, la déception d’avoir raté le rendez-vous…
Et à travers cette blessure, l’amertume est en train de s’infiltrer doucement, sous l’action du Diable qui sait faire grandir ce genre de pensées négatives. 
« Il serait apparu ? Comment pourrait-il apparaître, lui qui n’est même pas parvenu à échapper à la croix ! ». 
« Ils ont vu le Seigneur ? Ce n’est pas juste, n’est-ce pas ? Tu te rends compte, il a justement attendu que tu sois parti pour apparaître aux autres » ! 
« En fait, tu n’as pas ta place parmi eux »..
Qui n’a jamais entendu ces voix malfaisantes ? 
Quand on est blessé dans nos relations, qu’on se sent injustement traité par les autres ou par Dieu, alors, on devient la proie idéale pour l'amertume. C’est un poison terrible, que la Bible la présente comme une racine empoisonnée faite de colère, de ressentiment et de tristesse, qui nous isole peu à peu. 
En plus, elle produit le doute suprême : le doute en l’amour de Dieu pour nous. Ce doute ronge et peut même rendre aveugle, comme sont restés aveugles les maitres de la loi qui, confrontés à l’évidence de la résurrection de Lazare, ont choisi de le tuer, ainsi que Jésus !! 

Il faut parler de ses doutes. 
Quand on est comme Thomas au milieu d’un groupe qui semble vivre des choses fortes avec Dieu, alors que soi-même on a l’impression de ne rien recevoir… c’est particulièrement dur. ça peut être dans l’Eglise, au culte, au groupe de jeunes : eux, ils voient le Seigneur, et moi ? 
Je crois que l’exemple de Thomas nous est donné non pour nous culpabiliser mais pour nous encourager : ce n’est pas anormal de ressentir cela. Mais il faut en parler. Car le remède est à l’extérieur de nous : en parler aux autres, dire nos doutes à d’autres chrétiens, et surtout à Dieu, car c’est l’amour seul qui peut nous sortir de cette spirale infernale. 

Voilà le type de combat qui se livre là, dans le coeur de Thomas. Pendant 8 jours, c’est long ! Ca suffit pour qu’il commence à glisser dans le doute et le désespoir.
B. Venons-en maintenant à la rencontre de Thomas avec Jésus ressuscité : il s’y cache une encouragement pour nous tous. 

On voit que Thomas n’a vraiment rien qui fasse de lui un exemple de foi. Pourtant c’est pour lui, et seulement pour lui, que Jésus revient. 
Voilà pourquoi la deuxième apparition commence comme la première : c’est comme si Jésus rejouait la scène depuis le début exprès pour Thomas

Aussitôt qu'il apparaît, il s’adresse à Thomas, et en quelque mot le rattrape, le ramène à lui. 

« Avance ici ton doigt… » : c’est la réponse à sa crainte de ne pas avoir été écouté. 
C’est aussi une façon de dire : c’est ce que tu voulais ? Eh bien je viens te le donne. On ne sait pas d’ailleurs si Thomas avance effectivement son doigt, mais cette invitation lui suffit. 

Et puis il y a cette remarque de Jésus : « ne deviens pas incroyant, mais crois ». 

Dans plusieurs traductions, on trouve : « ne sois pas incroyant ». Ca sonne comme un jugement. Mais le véritable sens est : « ne deviens pas » : c’est une mise en garde attentionnée. Dans cet encouragement, Thomas perçoit l’amour de Jésus pour lui. 
Et peut-être que c’est seulement grâce à ces paroles que Thomas réalise qu’il était en train de s’égarer. Il réalise que Jésus est venu le tirer des sables mouvants dans lesquels il s’enfonçait sans s’en rendre compte. 

D’où son cri de foi : « mon Seigneur et mon Dieu ». 

Ces paroles sont extrêmement fortes parce que Thomas est le premier, dans tout l’Evangile, a dire ainsi à Jésus : tu es Dieu ! D’ailleurs aucun des disciples ne l’a dit, lors de la première apparition. Et jamais un ressuscité - et il y en a plusieurs ! - n’est appelé « Dieu ». 

Dire cela, ce n’est pas rien, car dans le monde juif de l’époque, cela condamne Thomas… à mort ! C’est un blasphème ! Thomas sait pertinemment qu’en disant de quelqu’un qui n’est pas Dieu : tu es Dieu - il blasphème et risque la mort. Il ne parle donc pas à la légère. 

Jésus accueille ce qui est dit, et le confirme ainsi : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ». 
Le sens du verbe voir ici est particulier. Beaucoup de gens ont vu Jésus accomplir des miracles, sans pour autant croire qu’il était le Fils de Dieu. 
« Tu as vu », ici, cela signifie : tu as compris qui j’étais vraiment, par une révélation venue de Dieu le Père. C’est le Saint Esprit qui lui a ouvert les yeux. 
C’est pareil quand Pierre dit : «Toi, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ! » (Mt 16.17-18)
Ainsi Thomas qui dit : « mon Seigneur et mon Dieu ». 
C’est ainsi qu’il avance dans la foi : car il est libre devant ce que Dieu lui donne de comprendre. Mais il se l’approprie : « mon seigneur et mon Dieu ». 
Il décide de croire. Et devant tout le monde, de dire son amour pour le Christ. C’est son témoignage public ! 

C’est beau de voir que c’est précisément à Thomas, le plus indigne en apparence, que Dieu fait ce cadeau de comprendre soudain que Jésus est vraiment le Fils de Dieu. 
C’est lui que Jésus, par amour, vient chercher tout spécialement, acceptant même ses conditions, pour l’arracher au doute et faire de lui le premier témoin de sa divinité, après sa résurrection. 
Ce Thomas qui n’a rien fait de spécial, mais que Jésus aime, lui aussi, comme il est et là où il est, avec ses doutes. 

Et la réponse de Jésus à sa foi est un encouragement pour nous tous : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ». 

Heureux ! Ca veut dire déjà qu’aucune génération ne sera défavorisée par rapport à celle qui a vécu au temps de Jésus. Bien sûr, il a fallu des témoins oculaires parce que le témoignage de foi doit s’appuyer sur des faits prouvés, des faits historiques. Ensuite, le Saint Esprit nous guide et nous aide aussi à croire. 
Et la réalité de la présence de Dieu en Jésus, cette vérité transmise par la Bible, est directement accessible à tout le monde, dans toutes les époques et toutes les cultures. 
Tous ceux qui croient, qui veulent croire, pourront entrer dans cette relation authentique et directe avec Jésus, et par Jésus, avec Dieu le Père. 
Heureux ! Jésus nous adresse ses voeux de bonheur : même si c’est parfois compliqué, il s’approchera de tous ceux qui le cherchent sincèrement. Et c’est le bonheur qui est à la clé ! Jésus fera tout pour nous aider à le trouver, si nous le cherchons sincèrement - quitte à batailler un peu avec nos doutes ! Car il nous aime personnellement, au point d’avoir donné sa vie pour que nous échappions à la mort. 

C’est que dit l’apôtre Pierre aux premiers chrétiens, qui n’avaient pas non plus rencontré Jésus « en chair et en os » : « Vous l'aimez sans l'avoir vu, vous croyez en lui sans le voir encore et vous vous réjouissez d'une joie indescriptible et glorieuse parce que vous obtenez le salut de votre âme pour prix de votre foi » (1 Pi 1.8-9).

Prière en temps de doute (Saint Augustin) : 

Autant que je l'ai pu.
Autant que tu m'en as donne de le pouvoir
Je t'ai cherché.
J'ai désiré voir par l'intelligence ce que je croyais
J'ai beaucoup étudié et beaucoup peiné.
Seigneur, mon Dieu, 
mon unique espérance, 
exauce-moi, 
de peur que par lassitude, 
je ne veuille plus te chercher

Mais fais que toujours, 
je cherche ardemment ta face
Donne-moi la force de te chercher 
Toi qui m'as fait te trouver 
et qui m'as donné l'espoir 
de te trouver de plus en plus.
Devant toi est ma force, 
devant toi est ma faiblesse. 
Garde ma force, 
guéris ma faiblesse.
Devant toi est ma science, 
devant toi est mon ignorance; 
là où tu m'as ouvert, 
accueille-moi quand je veux entrer:
Là où tu m'as fermé, 
Ouvre-moi quand je viens frapper.
Que ce soit de toi que je me souvienne. 
Toi que je comprenne, 
Toi que j'aime. 
Augmente en moi ces trois dons,
jusqu'à ce que tu m'aies réformé 
tout entier.

Saint Augustin (de trinitate, xv, 51)






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