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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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lundi 11 juillet 2016

Prédication du 10 juillet 2016 - L’amitié de Dieu - Jean 11.17-44




Avant de mourir, Jésus a dit à ceux qui croyaient en lui : « je vous appelle amis… » (Jn 15.15).
« Personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie pour ses amis. Vous, vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15.13-14). 

Etre amis de Jésus. Pense-t’on la foi en ces termes ? 

Nous avons tous tellement besoin d’amitié. 
Mais « amis de Jésus », qu’est-ce que cela veut dire ? 


Les Evangiles nous montrent déjà que pour Jésus, l’amitié était aussi importante qu’elle l’est pour nous. Avec ses disciples : il appréciait leur compagnie, les repas joyeux, (on lui reprochait d'être trop bon vivant !),  leur présence dans les moments difficiles aussi. Mais aussi avec Lazare, Marthe et Marie, un frère et deux soeurs qui vivaient à Béthanie, près de Jérusalem, et avec qui Jésus avait une vraie relation d’amitié, spécifique.  
« Jésus aimait Marthe, sa soeur et Lazare », dit Jean (11.5). 

C’est le coeur de Dieu que nous découvrons dans la personne de Jésus, et celui-ci appréciait la compagnie de ses amis. 

Mais quel type d’ami était-il donc ?
Un épisode nous le laisse entrevoir : celui où Jésus rend la vie à Lazare.

C’est dans le 11e chapitre de Jean. Il est intéressant de savoir que ce miracle occupe une place stratégique dans le récit de Jean : c’est le douzième et dernier « signe »/miracle, qui fait la charnière entre le ministère de Jésus et la semaine de la Passion qui conduit à la croix. 
Et c’est parce qu’il a rendu la vie à Lazare que les chefs religieux vont décider de faire mourir Jésus. 

Dans cet épisode, Jésus apparaît comme un ami déroutant, déstabilisant parfois mais fidèle et proche, à l’écoute. Un ami engagé de tout son coeur dans la relation. 
Surtout, Marthe, Marie et Lazare vont découvrir à cette occasion qu’ils sont amis avec le Dieu tout puissant, venu pour les sauver de la mort, et déterminé à donner sa propre vie pour eux. 
  1. Un ami déroutant 

Jésus va donc rendre la vie à Lazare. Mais avant cela, il laisse son ami et ses soeurs un bon moment dans le doute et l’incertitude. Il les déroute. 

Eux pourtant ont confiance en lui, car leur relation est sincère et profonde. 
On ne sait jamais trop comment elle s’est nouée. Les deux soeurs vivent leur relation avec Jésus , de façons très différentes. Marie, plus centrée sur ses émotions, aime s’asseoir pour écouter Jésus parler. Marthe est une femme énergique et intelligente, elle a les pieds sur terre et fait tourner la boutique. A chacune son langage d’amour : Marthe exprime son affection en servant des petits gâteaux et en offrant une maison propre et accueillante. Marie est celle qui a répandu du parfum sur les pieds de Jésus, pour les essuyer avec ses cheveux. 
Entre Jésus et eux, une belle relation de personne à personne s’est donc établie. Jésus, véritablement homme, s’investit dans cette amitié. Il la cultive, passe dire bonjour quand il est dans le coin. Il aime ces gens, avec un coeur d’homme rempli de l’amour de Dieu.

Mais un jour, raconte Jean, Lazare tombe malade. Au nom de leur amitié, Marthe fait naturellement appel à Jésus, lui qui a guéri tant de gens qu’il ne connaissait pas. Au delà de ses dons de guérisseur, c’est la présence même de Jésus que Marthe recherche : « Ton ami est malade », lui fait-elle dire. 
N’importe qui se précipiterait, bien sûr ! Pourtant, contre toute attente, Jésus décide de ne pas y aller tout de suite, et reste encore deux jours là où il est ! Et il explique tranquillement à ses disciples que Lazare va mourir, mais que « cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu ». « Je vais le réveiller ». 

Cela, Marthe et Marie ne le savent pas ! Et elles attendent. On les imagine guettant la silhouette de Jésus sur le chemin. Il va venir, c’est notre ami, il sera là pour nous puisqu’il a fait tant de choses pour les autres. 
Mais elles voient Lazare décliner, sans cesser d’espérer, certainement. Et puis il meurt, sans que Jésus soit venu. 
Il a choisi de laisser son ami mourir. Quel type d’ami est-ce là ? Certes, la suite montre qu’il avait un but supérieur, et que c’était pour le meilleur qu’il a laissé Lazare s’en aller. 
Mais quelle souffrance morale pour ses soeurs, et physique pour lui ! Espérance déçue, amitié trahie : voilà ce qui agite le coeur de Marthe et de Marie. 
Oui, Jésus peut être un ami déroutant. La relation n’est pas toujours simple, il agit souvent de façon mystérieuse… car il est Dieu, et que les pensées de Dieu « ne sont pas nos pensées » (Esaïe 55). 


B. Jésus, un ami déroutant - mais fidèle et engagé, en même temps. 

Mais il est fidèle, et finit toujours par venir. 

Nous lisons la suite en Jean 11.17-44

Ainsi Jésus finit par arriver à Béthanie. Lazare est enterré depuis 4 jours déjà. Or les juifs pensaient que les trois premiers jours, l’âme du défunt restait encore en lui - il y avait donc une « chance » qu’il revienne à la vie. Mais le 4e, elle s’envolait auprès de Dieu et c’était fini. 
Jésus a certainement attendu exprès que le délai soit passé, pour rendre le miracle encore plus incontestable. 
Mais est-ce que ça veut dire qu’il utilise ses amis comme un simple moyen pour arriver à ses fins ?  Lazare et ses soeurs lui font confiance, et lui il se servirait de ça pour se glorifier - au sens propre ? 
Non, Dieu n’agit pas comme ça avec nous. Nous ne sommes pas son marche pied, car il n’a rien à prouver : la gloire et la royauté lui appartiennent de fait. 

Au contraire, c’est un ami touché, attentif, qui vient rejoindre les deux soeurs dans leur deuil. Jésus n’est pas indifférent à leur souffrance, et il ne prend aucun plaisir à les faire attendre.  

D’abord, à son arrivée, il va prendre un moment avec chacune des soeurs, entrant en relation avec elles selon leur sensibilité. Avec Marthe, « la femme de tête », il dialogue. Il explique, éclaire, cherche à l’amener plus loin dans sa foi et sa compréhension de Dieu. Au début, elle a une compréhension un peu « théorique », lointaine : « je sais bien qu’il se relèvera à la résurrection, au dernier jour ». Mais Jésus lui offre son amitié bien concrète, bien actuelle, comme réponse à sa douleur  : « c’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui met sa foi en moi vivra, même s’il meurt. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ». 
C’est une main tendue, un vrai dialogue entre amis, respectueux. 
« Oui, je le crois », finit par dire Marthe - et alors elle comprend qui il est, « le Christ, le Fils de Dieu » (v.27). 

Avec Marie, Jésus pleure, simplement. Des larmes « silencieuses », dit le grec, qui s’opposent aux larmes bruyantes des pleureuses embauchées pour l’occasion, comme ça se faisait à l’époque. 

Chacune des soeurs lui fait la même remarque : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Dans ces mots, un reproche, et une question inquiète : où étais-tu ? Est-ce que tu nous avais oubliés ? Es-tu vraiment notre ami ? 

Cette question, qui ne l’a jamais posée à Dieu ? 

Comment ne pas comprendre les deux soeurs, ainsi que les autres personnes qui assistent à l’arrivée de Jésus ? 
Ce jour-là, la maison est pleine - la famille, les connaissances venues de Jérusalem. Tous ont vu Jésus guérir d’autres personnes, tous se posent la même question : « « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas aussi faire en sorte que cet homme ne meure pas ? ». « Où était-il donc ? ».  

N’est-ce pas aussi notre réaction, devant les victoires du mal et de la mort dans ce monde ? Devant les drames intimes ou collectifs, perte d’un parent ou attentat à Istanbul, Bruxelles, Paris… ? 
« Où es-tu, Seigneur ? ». « Pourquoi n’as-tu pas empêché cela ? ». Nous t’avons prié, supplié - et tu n’as pas répondu ! Où étais-tu ? 

Mais Jésus ne se justifie pas. Dieu n’est pas un fournisseur d’explications rassurantes - « Lazare est mort pour telle et telle raisons et je vais vous expliquer dans un plan en trois parties ce qui va se passer ».
Sa réponse au mal n’est pas théorique. C’est une réponse en acte. 
Peut-on lui reprocher de rester un  spectateur lointain ? Loin de là. 

En Jésus Dieu se donne à voir dans une véritable relation d’amitié, à coeur ouvert.
Jésus-Dieu commence par rejoindre ses amies pour pleurer avec elles. Plus encore : « son esprit s’emporta et il se troubla », dit le texte. 
Dans le texte original, cette expression est très forte. On utilisait ce mot pour un cheval qui s’ébroue ! Pour les humains, il exprimait la colère, l'irritation ou l'indignation émotionnelle, avec des manifestations physiques violentes (exemples). En tous cas c’est un mot d’une force inhabituelle.
Un théologien propose de traduire par : « il s'enragea dans son esprit et fut troublé en lui-même ».

Indignation et colère. 
Jésus est retourné profondément par le scandale de la mort, en colère contre tout ce mal qui frappe ceux qu’il aime. 

Alors, il part vers le tombeau de Lazare, car s’il n’est pas venu se justifier, il est venu vaincre. Vaincre et libérer. Calvin dit qu’il se dirige vers la tombe « comme un lutteur prêt pour le combat ». 

C. Et c’est là que Marthe, Marie… et Lazare vont découvrir qui est vraiment leur ami Jésus : il est Dieu lui-même. Celui qui vient d’affirmer « je suis la résurrection et la vie » le prouve aussitôt dans ses actes. 
Il s’approche de la tombe, déterminé. Jusqu’au bout, Marthe a du mal à comprendre qu’il fait. 
On roule la pierre du tombeau. 
Un seul ordre : « Lazare, sors ! » - et le miracle est accompli. 
Jésus est bien la Parole de Dieu, celui par qui toutes choses ont été créées, la source de toute vie. 

Un seul ordre : c’est important pour bien montrer à tous que Jésus n’est pas un simple « thaumaturge », un faiseur de miracles : il n’a pas besoin de tout le tralala rituel qui accompagnait les « guérisons » à l’époque. Car il a l’autorité divine. 

D’un mot, il rend la vie à son ami. Il rend aussi la vie à ses soeurs, qui retrouvent leur cher disparu. 
Et même plus : désormais, les trois sauront qu’il y a une autre espérance, que la mort n’est pas la fin et que Jésus est bien « la résurrection et la vie », le Sauveur. 

Ce dernier miracle montrer qu’avec Jésus, la vie éternelle est déjà présente dans ce monde, en attendant la perfection dans l’au-delà. Avec lui, on peut commencer à vivre dans ce monde de la vie même de Dieu, par l’Esprit de vie, et continuer ainsi après la mort physique. 

Ce miracle est aussi un pas décisif sur le chemin de la croix. En rendant la vie à son ami, Jésus se condamne lui même à mort. 
Image forte de ce qu’il va accomplir pour nous tous, à la croix : mourir pour que nous vivions. Pour que nous soyons appelés « ses amis ».

Ce miracle est enfin l’annonce de sa propre résurrection, une semaine plus tard - une résurrection qui sera plus que le « retour à la vie » de Lazare (qui devra « re-mourir » ! ) : une victoire totale sur la mort et l’ouverture d’un chemin de résurrection pour tous ceux qui croient en lui

« C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui met sa foi en moi vivra, même s’il meurt. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » 

Ces paroles d’amitié s’adressent aussi à nous. 

Que nous puissions les écouter, et nous laisser rejoindre par l’amitié de Dieu. 
Il ne nous a pas oubliés, il est en marche, et son amour ne nous laissera pas orphelins, solitaires ou abandonnés. 

C'est vrai, les épreuves ne nous seront pas épargnées. C'est vrai, nos prières sembleront souvent rester sans réponse.
Mais comme il est venu pour Marthe, Marie et Lazare, il viendra pour nous. 
Croyons-nous cela ? 

Amen



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