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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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samedi 23 avril 2016

Prédication du dimanche 20 mars 2016 - Luc 19.28-44 - Dimanche des rameaux : annoncer le Roi Serviteur !



Hosanna ! Ce cri de joie et de reconnaissance se trouve dans récit des rameaux : lisons-le ensemble

Lecture du texte

   

La question de la « reconnaissance » est au centre de ce récit, dans les différents sens du mot : reconnaissance - louange des disciples « tout joyeux », lit « joyeux de la grâce » qui leur est faite en Jésus - Les disciples donc qui reconnaissent en Jésus le roi envoyé par Dieu. 
Et larmes de Jésus devant Jérusalem qui n’a pas voulu reconnaitre que Dieu venait la visiter.  

Deux attitudes opposées : reconnaitre Jésus comme le Messie, croire — ou refuser de le reconnaitre, le rejeter - et se perdre : « si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix ! … des jours viendront sur toi…». 
Joie et et larmes : ainsi, alors qu’il s’approche de la ville, et que la cité apparaît devant lui, Jésus voit dans un même embrassement du regard, un même mouvement, la foule des disciples qui joyeux l’acclament comme roi - et Jérusalem, dominée par son Temple, qui elle  n’a pas voulu « reconnaitre » « le temps de l’intervention divine », littéralement « le moment précis où elle était visitée par Dieu » - Jérusalem sur laquelle il va pleurer. 

Ces deux attitudes nous interrogent d’emblée sur notre propre positionnement : où nous placerions-nous dans la scène - parmi ceux qui croient ou ceux qui doutent ? Ceux qui se réjouissent ou ceux qui font pleurer Jésus ? A chacun de répondre, devant Dieu. 

Pour nous conduire dans notre cheminement personnel, dans ce choix, je vous invite à considérer d’abord l’objet de la foi ou du rejet ; ce Jésus qui arrive ici, monté sur un ânon. 
Voilà ce que Dieu donne à voir de lui-même, par son Fils : un roi humble, un roi faible, un roi serviteur ! 
Comment comprendre cela ? Qu’est-ce que Dieu révèle ici de lui-même et de l’appel qu’il nous adresse ?

« Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ». Hosanna ! 
Cette belle déclaration de foi, le Saint-Esprit sans nul doute la met dans la bouche des disciples, leur révélant aussi que la prophétie du prophète Zacharie, prononcée six siècles avant, est en train de s’accomplir sous leurs yeux : «  9Sois transportée d'allégresse, Sion la belle ! Lance des acclamations, Jérusalem la belle ! Il est là, ton roi, il vient à toi ; il est juste et victorieux, il est pauvre et monté sur un âne,sur un ânon, le petit d'une ânesse.
10Je retrancherai d'Ephraïm les chars et de Jérusalem les chevaux ; les arcs de guerre seront retranchés. Il parlera pour la paix des nations, et sa domination s’étendra d'une mer à l’autre, depuis le Fleuve jusqu'aux extrémités de la terre ». (Za 9.9-10) 

Annonce de la venue d’un roi, un roi de paix, puissant et humble en même temps : confession de foi enthousiasmante, car elle proclame la venue d’un souverain juste et victorieux, d’un libérateur dont la domination s’étendra sur le monde entier.. 

Mais il faut bien que les disciples aient le regard de la foi pour chanter cela car en réalité… rien de tout cela n’est visible ce jour-là ! Qu’y a-t’il à voir, en effet ? Un homme, sur un petit ânon - scène modeste, surprenante ! 
C’est ainsi que le Créateur du monde se présente à son peuple - comme un homme « sans éclat ni beauté », un homme humble, simple. Celui qui, dans le ciel, accueillait la louange des anges, se présente assis sur une simple bête. Lui qui est riche infiniment, se fait pauvre volontairement.

Pour les disciples qui l’ont suivi jusque là, les confirmations de sa royauté sont indéniables : 
Il y a ses paroles, d’abord : ainsi, dans les chapitres précédents,  Luc montre Jésus qui raconte l’histoire d’un homme de haute naissance revenant chez lui après avoir été investi de la royauté, et qui élimine ses ennemis « qui n’ont pas voulu qu’ils règne sur eux ».. Sans nul doute, pour les disciples, ce roi, ce doit être lui qui va entrer à Jérusalem et éliminer ses adversaires ! 
Ensuite, Jésus a dit aussi que le Royaume de Dieu était déjà au milieu d’eux, et cela, ses miracles - littéralement « actes de puissance » - ses miracles l’attestent (guérison de l’aveugle, résurrection de Lazare). Ce sont d’ailleurs eux qui provoquent la joie et la louange des disciples, encouragés sans doute par l’atmosphère électrique de Jérusalem avant Pâques, avec tous ces pèlerins du monde entier qu’on accueille eux aussi aux portes de la ville par de joyeux « Hosanna »… 
Certainement, Jésus est bien pour eux le roi puissant, qui par cette puissance va conquérir Jérusalem et prendre le pouvoir avec force et fracas, écrasant l’adversaire (notamment les Romains). Et Luc précise quelques versets plus tôt qu’ils « imaginaient que le Royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même ». 

Pour couronner le tout, Jésus monte sur un ânon, manifestant à tous qu’il est bien celui qui accomplit la prophétie de Zacharie… Ainsi, toutes ces révélations que Dieu leur accorde éclairent le regard des disciples, et leur donnent à voir ce que les autres ne voient pas : Jésus est bien l’envoyé de Dieu.
Cette déclaration trouble les pharisiens, qui craignent un blasphème, et quelque part, on le comprend un peu : il n’y a là qu’un simple homme, monté sur un ânon ! Comment savoir que c’est bien lui ? 
Ce n’est pas un savoir de science, rationnel, mais un savoir du coeur. Avoir vu les miracles ne suffit même pas : il faut le regard de la foi. « Le règne de Dieu ne vient pas de telle sorte qu'on puisse l’observer », a expliqué Jésus aux pharisiens (Luc 17).
« Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru », dira Jésus à Thomas, après sa résurrection.
Le jour des rameaux, les disciples voient venir le roi, parce qu’ils croient. Et c’est Dieu qui met alors dans leur bouche ces paroles de révélation « Béni soit … ». 

Et il en est de même aujourd’hui. Le Fils de Dieu vient de la même manière nous « visiter », mais dans la discrétion, sans éclat, pas « de de telle sorte qu'on puisse l’observer », si ce n’est au travers des changements qu’il opère dans nos coeurs, dans notre regard. 
En effet, à vues humaines, qu’y a t’il à voir dans notre Eglise, dans nos cultes, dans nos vies ? Rien de très glorieux ! Il est souvent plus facile de s'identifier à l'âne qu'au roi !!

Nous avons besoin nous aussi que la Parole de Dieu, éclairée par l’Esprit Saint et méditée dans la prière, nous révèle chaque jour le Seigneur, pour que nous puissions l’accueillir. 

De la même façon, ce jour-là à Jérusalem, en dehors des acclamations des disciples, il n’y a pas donc grand chose à voir… ou bien si, quelque chose de plus surprenant encore que l’ânon : Jésus qui pleure ! 
« Quand, approchant il vit la ville, il pleura sur elle en disant : si toi aussi, tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix ! ». 

Ses pleurs sont un indice que le Dieu auquel les disciples s’attendent - guerrier, éclatant, châtiant ceux qui le rejettent - n’est pas celui qui se révèle en Jésus-Christ, et que l’établissement de son Royaume va prendre une forme bien différente. 

Jésus Fils de Dieu est un roi qui pleure sur ceux qui le rejettent. Certainement, Jésus est bien le souverain légitime de cette ville, que Dieu son Père a choisie pour y demeurer depuis des siècles, comme le chante David, au psaume 132 (13-16) : « le Seigneur a choisi Sion, il a désiré en faire son habitation : c’est mon lieu de repos à jamais. J’y habiterai, car je l’ai désirée ; je bénirai ses ressources, je rassasierai de pain ses pauvres, je revêtirai ses prêtres de salut, et ses fidèles pousseront des cris de joie ». 
Dieu aime ce peuple d’un amour immérité, et les larmes de Jésus sont aussi les pleurs d’un amour blessé, rejeté par ceux-là même qui en sont les bénéficiaires. Ils se sont pris à croire que la bénédiction de Dieu sur eux était un dû, ils ont oublié qu’elle avait pour but de faire d’eux une bénédiction pour les autres nations. Et leur coeur s’est endurci au point qu’ils ne reconnaissent même plus le Dieu qu’ils professent quand celui-ci vient parmi eux ! 

En Luc 13, Jésus avait déjà eu ces paroles attristées : « 34Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes ! Mais vous ne l'avez pas voulu. 35Eh bien, votre maison vous est abandonnée. Je vous le dis, vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vienne le moment où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » 

Ce jour est donc arrivé. Jésus le roi humble vient visiter son peuple sans cortège, parce qu’il ne vient pas pour être servi mais pour servir. Et le coeur de ce moment est là : Jésus ne contredit pas les disciples qui proclament sa royauté, parce qu’ils disent vrai - et en même temps ils ne comprennent pas encore tout à fait ce qu’ils disent. 
Car c’est par le don de lui même qu’il va établir son royaume, en le fondant sur l’amour et le don de soi. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». 

C’est en portant sur la croix tout le refus de Dieu, toutes les fautes de ses adversaires (les hommes pécheurs ) que Jésus va établir son règne. 

Un Père de l’Eglise a écrit ceci: « voici notre roi, doux et pacifique, monté sur le petit d’une ânesse. Il vient en hâte pour subir sa passion et retrancher les vices…
C’est pour libérer les hommes que tu es venu…
ô toi que j’ai créé de ma main, répondit le créateur à ceux qui criaient vers lui, c’est à moi seul qu’il revient de t’affranchir de ta dette écrasante. 
Je suis vendu pour toi, et je te libère. 
Je suis crucifié à cause de toi, et tu échappes à la mort ». 

Derrière les cris de joie des disciples, il y a aussi la tristesse de Jésus devant Jérusalem, et la douleur silencieuse de Dieu le père qui voit son Fils marcher vers le rejet et la mort. Déjà la croix se profile à l’horizon, une semaine plus tard Jésus y mourra. 

Cela, les disciples ne l’ont pas encore compris. Et Jésus le doux, le humble, ne leur en fait pas le reproche. Il accueille leurs louanges - plein d’amour pour eux, qui pourtant vont l’abandonner au moment où il aura le plus besoin d’eux. Le criminel crucifié avec Jésus croira avant eux en sa divinité. 
Jésus qui pleure sur Jérusalem est aussi plein d’amour pour tous ces gens qui ne veulent pas de lui, et le mépriseront jusque sur la croix. 
Les pleurs de Jésus sont aussi les pleurs du Père dont l’amour laisse les hommes libres de l’accepter ou non, et qui les voit avec tristesse aller vers leur destruction ; alors que tous les Juifs se pressent fièrement autour du Temple de Jérusalem, convaincus que leur ville est intouchable, Jésus voit déjà les ruines fumantes que les Romains vont laisser derrière eux, moins de 40 ans plus tard. L’empereur Titus fera encercler la ville, et il ne laissera pas « pierre sur pierre » du Temple. 
Jésus va quand même donner sa vie pour tous ces enfants égarés, dont nous faisons partie ; c’est ainsi qu’il va apporter la paix entre Dieu et les hommes. 

Alors que nous nous préparons dans le même temps à célébrer Pâques.. et à tenir notre AG, ce récit nous rejoint de plusieurs manières : 

D’abord, l’amour que le Père exprime ici pour tous ceux qui sont encore loin de lui interroge chacun d’entre nous : est-ce notre cas ?  En Jésus, il veut nous visiter, avec respect, douceur - il nous laisse libres mais son amour est si profond  : qu’est-ce qui nous retient de lui ouvrir la porte ?

Ensuite, si nous croyons en lui, nous sommes interpelés par la parole de Jésus : « s’ils se taisent, les pierres crieront »
Le rôle des disciples ce jour là était d’annoncer ce que Dieu était en train de faire, pour le salut de tous ; de dire qui était Jésus, ce qu’il avait accompli dans leur vie, sous leur regard de foi. Et d’appeler le reste du peuple à se joindre à eux pour l’accueillir. 

Si les disciples s’étaient tus, comment les gens présents auraient-ils su que contre toutes les apparences, c’était bien lui, le roi envoyé par Dieu, qui venait là sur son âne ? 
Aurait-il fallu que « les pierres crient », au moment où les prophéties de Jésus prononcées en public et annonçant la destruction de la ville, se seraient réalisées ? Alors il aurait été trop tard. 

Ce rôle, Dieu nous le confie encore aujourd’hui, en tant qu’Eglise. Et ici ce texte peut nous inspirer pour nos réflexions cet am et dans les mois qui viennent. 

Nous aussi, nous sommes appelés à garder Jésus-Christ, le roi sauveur, au centre de notre vie personnelle, et de notre vie d’Eglise.  

C’est lui qui est au centre de l’attention. Nous, nous sommes sur le bord avec les autres disciples d’hier et d’aujourd’hui, et par nos cultes, par la confession humble de ce que nous avons compris de lui, nous appelons le monde à reconnaître en lui Dieu qui vient nous visiter et nous sauver. 

Mais le roi serviteur ne nous laisse pas seulement sur le bord du chemin, il nous appelle à marcher derrière lui, et si nous le suivons…  il nous conduira vers les autres, quels qu’ils soient, pour les servir à notre tour, comme lui - en son nom. 
Lui qui est venu vers nous pour nous servir, qui s’est abaissé pour nous laver les pieds, nous dit ensuite : « je vous ai donné l’exemple, afin que vous aussi, vous fassiez comme moi j’ai fait ». (Jean 13)
C’est ainsi qu’il nous envoie manifester avec humilité sa présence royale dans ce monde : par nos paroles mais aussi par nos vies transformées, nos actes d’amour inspirés par le sien, nos coeurs tournés vers les autres - pour la seule gloire de Dieu notre Père. 

Alors mettons-nous à l’oeuvre avec nos faibles ressources, modestement - assis chacun sur son âne
Etre une église humble n’empêche pas de faire de grands projets ! Gardons simplement les yeux fixés sur Jésus, et il nous conduira.

A lui soit la gloire, aux siècles des siècles. 

Amen. 





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