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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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dimanche 24 avril 2016

Prédication du 24 avril 2016 - Actes 14.20-28 : Encouragés pour pouvoir encourager




Les événements réels que je vais vous raconter se déroulent entre la Turquie et la Syrie.
En Turquie d'abord. La place centrale d'une petite ville, que la chaleur de l’après midi avait vidé, commence à se remplir doucement. L’un après l’autre, les habitants reprennent leurs allées et venues tranquilles, tout est calme…. lorsque soudain, une foule hurlante et haineuse envahit les lieux. Au milieu des cris, un homme est traîné violemment, puis jeté à terre.  Les furieux rassemblent des pierres et l’avalanche s’abat. Cet homme a blasphémé contre le Dieu unique, il doit donc mourir. C’est un chrétien, un provocateur. Violence religieuse, violence fanatique - rapidement, l’homme baignant dans son sang ne bouge plus. Le voilà mort, c’est certain. Les uns après les autres, les gens s’en vont, laissant le corps pantelant face contre terre. 
La place est à nouveau vide. 
Prudemment, quelques chrétiens récemment convertis s’approchent bientôt. On se penche sur l’homme. Le coeur bat toujours. Il est vivant. Il est vivant et il va s’en sortir, pour témoigner avec plus de foi encore. Et dans son témoignage il aura ces paroles fortes et ancrées dans l’expérience : « Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le royaume de Dieu ».
Ces événements pourraient se dérouler aujourd’hui même, en ces temps où nos frères et soeurs sont persécutés, mis à mort pour leur foi, et tombent sous la violence fanatique un peu partout dans le monde. 
Mais l’homme dont il est question ici, c’est l’apôtre Paul. Et si cela s’est bien passé en Turquie, c’est il y a deux mille ans, dans la ville de Lystre. Cette région de la Turquie s’appelait alors la Lycaonie.
Cet événement nous est raconté en Actes 14. 
Paul vient d’être lapidé par des juifs en colère. A Lystres, il a guéri un paralytique, par la puissance de Jésus… pour cela, les habitants de cette colonie romaine, de culture païenne, les prennent lui et Barnabé, son compagnon, pour Zeus et Hermès en personne ! Ils veulent leur rendre un culte. Les apôtres refusent, bien sûr, et commencent à leur parler du Dieu vivant, qui est l’auteur de ce miracle et aussi de tout ce qui fait leur vie… Mais un groupe de Juifs  qui a déjà entendu Paul ailleurs, arrive alors des villes voisines et lapide l’apôtre jusqu’à la mort - enfin, c’est ce qu’ils croient. 
Voici la suite du récit tel que Luc le raconte en Actes 14
« 20Mais quand les disciples entourèrent l’apôtre, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, il partit pour Derbé avec Barnabé (!).
21Après avoir annoncé la bonne nouvelle dans cette ville et fait bon nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche ; 22ils affermissaient les disciples et les encourageaient à demeurer dans la foi, en disant : Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le royaume de Dieu. 23Ils leur désignèrent des anciens dans chaque Eglise et, après avoir prié et jeûné, ils les confièrent au Seigneur en qui ils avaient mis leur foi.
24Ils passèrent ensuite par la Pisidie et arrivèrent en Pamphylie. 25Après avoir dit la Parole à Pergé, ils descendirent à Attalie. 26De là ils embarquèrent pour Antioche, où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu pour l'œuvre qu'ils avaient accomplie. 27A leur arrivée, ils rassemblèrent l'Eglise et rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux non-Juifs la porte de la foi. 28Et ils séjournèrent longtemps avec les disciples ». 

(Antioche se trouve dans la Syrie actuelle). 

« Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le royaume de Dieu ».
A la lecture du livre des Actes, on comprend ce que Paul devait avoir en tête en prononçant ces paroles  : il a subi tant de violence, traversé tant d’épreuves déjà, pour annoncer l’Evangile, et ce n’est pas fini. L’apôtre frôlera la mort encore plusieurs fois, fera plusieurs séjours en prison, jusqu’à y finir ses jours. 
Et pourtant il continuera à annoncer Jésus-Christ, mort et ressuscité. Il continuera à encourager les autres chrétiens, comme il le fait ici, « le lendemain » de sa lapidation… dans la culture grecque, c’est une façon de dire, plus exactement, dans les jours qui suivent cette épreuve. 

On ne peut qu’être admiratif de la ténacité de Paul et Barnabé. 


Il en faut déjà pour refaire le voyage en sens inverse jusqu’à Antioche. C’est dur aussi de rebrousser chemin ! On connait déjà les  profondeurs des gorges dans lesquelles on dévalera, la raideur des pentes à gravir… On entendra à nouveau ces mille bruits annonçant les périls auxquels on a échappé à l’aller et qui nous menacent à nouveau

Tous deux continuent à courir le même risque qui les a conduits à frôler la mort - pour soutenir leurs frères et soeurs et annoncer l’Evangile.  

Ils ont frôlé la mort, mais ce sont eux qui encouragent les autres chrétiens

Comment est-ce possible ?
Dire simplement que ce sont « des hommes de foi exceptionnels », même si c’est vrai, ne serait pas suffisant, et un peu facile car cela nous dispenserait de nous remettre en question. 
Devant nos frères d’Irak et de Syrie, ou du Maghreb, ici présents - peut-être d’autres pays ? - la question nous est posée : nous qui sommes chrétiens nous aussi, sommes-nous prêts à affronter ainsi des « détresses » pour l’Evangile ? Et où trouver la force de le faire ? 

L’apôtre Paul donne lui-même l’explication dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, chapitre 1 : le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, dit-il « nous encourage dans toutes nos détresses, afin que, par l'encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions encourager ceux qui sont dans toutes sortes de détresses ! 5De même, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même aussi notre encouragement abonde par le Christ. 6Si nous sommes dans la détresse, c'est pour votre encouragement et pour votre salut ; si nous sommes encouragés, c'est pour votre encouragement, pour que vous ayez la force d'endurer les mêmes souffrances que nous » .

Que dit Paul ici ? Au sein même des détresses qu’il traverse pour Dieu, il a expérimenté la réalité du Royaume de Dieu : voilà pourquoi il peut tenir ferme et encourager les autres

Voilà qui éclaire cette autre déclaration : « « Il nous faut passer par beaucoup de détresses pour entrer dans le royaume de Dieu ».
Paul aurait pu dire d’une autre manière : ne vous arrêtez pas aux difficultés - littéralement, à la « pression », l’oppression-  que vous rencontrez à cause de votre foi, mais au contraire gardez les yeux fixés sur le Royaume de Dieu. Il est à venir pleinement, quand Jésus reviendra, et en même temps il est déjà présent, par le Saint Esprit
Et c’est quand on traverse des détresses à cause de l’Evangile qu’on peut, plus que jamais peut-être, faire l’expérience de la présence de Dieu et de la réalité de son Royaume.

Ainsi Étienne, lapidé sous les yeux mêmes de Paul qui n’était pas encore chrétien, a reçu dans son supplice une vision de Jésus dans les lieux spirituels : « Etienne, rempli d'Esprit saint, fixa le ciel et vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu » (Actes 7.55). 

Extraordinaire !  

Ainsi Paul et Barnabé, encouragés et soutenus par Dieu lui-même, peuvent-ils encourager les autres en leur racontant ce qu’ils vivent (v. 27) - c’est-à-dire, d’une certaine façon, ce qu’ils expérimentent de la présence du Royaume de Dieu, dès cette vie. 

En somme, Paul est encouragé d’abord parce qu’il voit Dieu à l’œuvre.

A l’oeuvre dans ce monde d’abord. 
D’un bout à l’autre de son ministère, Paul a cherché la direction de Dieu, et il a vu comment Dieu dirigeait les événements. 
A l’oeuvre dans les coeurs aussi. Arrivant à Antioche, Barnabé et lui racontent non pas leurs propres exploits mais « tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux non-Juifs la porte de la foi ». 
Ces conversions de non-juifs sont presque l’événement le plus étonnant - les chapitres suivants du livre vont montrer les débats que cela va entraîner entre les apôtres. 
Paul voit Dieu agir dans les coeurs, il voit des gens totalement étrangers à la culture - des gens baignant dans des mythologies diverses (cf Hermés, Zues) - croire en Jésus. Il voit des vies transformées un peu partout - ici, à Derbé, Lystres, Iconium… 
Cela lui permet de constater la véracité de la parole de Dieu. Ce qu’il vit est l’accomplissement de ce que Jésus a annoncé. Il partage cela avec les autres chrétiens en arrivant  à Antioche (v.27).  

C’est pareil pour nous : si nous témoignons de l’Evangile, nous serons certainement aussi témoins de ce que Dieu accomplira dans la vie d’autres personnes - bel encouragement pour notre propre foi ! Nous verrons que personne n’est jamais trop loin de Jésus pour être rejoint par lui, et que parfois même ce sont les personnes culturellement les plus éloignées qui ouvrent le plus grand leur coeur. 

Paul voit aussi Dieu à l’oeuvre dans l’Eglise partout où elle est : car le Royaume à venir est déjà présent par elle, dans ce monde.
Ainsi Paul expérimente l’amour fraternel entre des gens qui n’ont rien en commun au départ, il est soutenu, soigné, nourri partout où il va par des gens qu’il ne connaissait pas avant et qui ne partagent pas sa culture. Avez-vous déjà expérimenté cette fraternité en Christ qui dépasse les frontières ? On peut la vivre déjà dans l’Eglise locale ! 

Cet amour « fraternel » se manifeste donc par un soutien très concret et aussi par la prière : pendant qu’il voyage, d’autres prient pour lui , comme à Antioche - « où ils avaient été recommandés à la grâce de Dieu », dit Luc (v.26). 
Tout cela permet à Paul de tenir bon par la foi, et à son tour, il encourage les autres chrétiens, comme il le fait dans sa « tournée » des nouvelles Eglises. 
Voir ainsi Dieu agir dans la vie des autres conforte sa propre foi, et conforte aussi la conviction qui fonde sa vision missionnaire : l’Eglise est l’oeuvre de Dieu, et c’est lui qui s’en occupe. Voilà pourquoi lui aussi peut« recommander les autres à la grâce de Dieu ». et ensuite s’en aller, sans se sentir obligé de rester pour porter tout le monde à bout de bras.  
Paul à la conviction que rien ne peut arrêter l’Eglise, parce qu’elle est de Dieu
D’où lui vient cette conviction ? De sa propre rencontre avec le Christ, certainement. 
On trouve aussi cette idée en Actes 5.38 dans la bouche de Gamaliel, un pharisien respecté lui a été justement le maitre de Paul : « S'il s'agit d'une décision ou d'une œuvre humaine, elle disparaîtra ; 39mais si cela vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire disparaître ». 

Oui, Dieu est à l’oeuvre dans son Eglise, il agit pour ses enfants : Paul a appris cela très tôt, et il s’est appuyé sur cette conviction pour tenir bon dans les détresses. 


Nous, chrétiens du XXIe siècle, nous pouvons retenir quatre encouragements principaux de ce cours passage : 

Premier encouragement : Dieu est bien l’acteur principal de l’histoire de l’Eglise- cf titre du livre « les actes du St Esprit ». Et nous en faisons partie. C’est lui qui doit diriger notre vie communautaire et nourrir notre vie de foi. 

Ainsi, au milieu des détresses, Dieu fait déjà entrevoir quelque chose de son Royaume - sa présence en nous par le Saint Esprit, et par elle sa force, sa paix, son amour qui transforme des vies, libère des captifs, guérit des coeurs brisés… une vie transformée par l’Evangile a plus d’impact que bien des discours ! 

Deuxième encouragement : … à nous encourager les uns les autres en partageant ce que Dieu fait dans notre vie. Nous encourager aussi en priant les uns pour les autres - notamment responsables de l’Eglise, qui ont besoin de prière car ils sont faibles eux aussi devant la tentation. Ainsi les apôtres confient au Seigneur les responsables qu’ils ont désigné dans chaque Eglise (v.23). 

Que tous nous restions attachés à Jésus Christ seul et pas à des hommes. 

Troisième encouragement : à prendre des risques par fidélité à l’Evangile ! 

Le livre des Actes nous est donné comme un encouragement à poursuivre l’histoire, en nous engageant nous aussi, résolument, pour Jésus, « en demeurant dans la foi », envers et contre tout, comme Paul y encourageait les disciples en Turquie. 
C’est comme un « cercle vertueux » : en prenant des risques par fidélité à l’Evangile, nous pourrons expérimenter combien Dieu veille sur ses enfants, combien il console et fortifie. Faire ce pas fortifiera notre foi car nous verrons Dieu agir pour nous et par nous 
(C’est à se demander parfois si l’un de nos adversaires les plus insidieux ne serait pas l’absence de « détresses » dans la vie de foi…).  

Quatrième encouragement : à vivre notre foi en lien avec le Corps tout entier - au delà de notre Eglise locale, cultiver un regard large sur l’action de Dieu au travers de son Eglise dans le monde. Cela aussi renforce notre foi, comme Pierre qui encourage ses lecteurs à résister au diable « avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à (leurs) frères dans le monde » (1 Pierre 5.9).

Cf Mission Tunisie, Portes Ouvertes…. Nouvelles de notre Union d'Eglises. 

Prier les uns pour les autres.  S’encourager mutuellement à « demeurer dans la foi » > nous encouragera aussi nous - mêmes. 

Nous verrons ainsi combien l’Eglise est bien l’oeuvre de Dieu. Il en est le seul auteur, et quoiqu’il arrive à notre Eglise locale, quoi qu’il se passe dans tous les lieux où des chrétiens se rassemblent - nous sommes assurés que Dieu achèvera l’oeuvre qu’il a commencé dans nos vies à chacun, et dans notre vie communautaire - pour nous faire entrer tous ensemble avec les chrétiens de Lystres, d’Antioche, d’Alep, d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique… de tous les lieux et de tous les temps, dans son Royaume, pour l’éternité. 

Amen. 

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