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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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samedi 23 avril 2016

Prédication du dimanche 10 avril 2016- Philippiens 2.1-18


Je voudrais ce matin méditer avec vous un texte que Frederic Separi nous a lu la semaine dernière : Philippiens 2 (déjà prévu de le méditer aujourd’hui...). Frederic a dit que pour lui, c’était un des plus beaux textes de la Bible. Je partage cet avis bien sûr.

Paul qui est en prison adresse ces paroles à l’Eglise de Philippe, en Macédoine. Cette Eglise le soutient, et il veut à son tour encourager ces chrétiens à rester unie, à grandir dans l’amour.
Pour cela, il leur indique le chemin, le modèle à suivre : Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui s’est abaissé pour que nous soyons relevés.

Lecture



Ce texte est un cantique - on ne sait pas si Paul l’a écrit ou s’il cite un hymne de l’Eglise primitive. Toujours est-il que son but premier est de conduire à l’adoration, et à la contemplation de l’oeuvre de Jésus et du mystère de son incarnation.
Le coeur du passage pourrait être résumé par ces mots de la première lettre de Jean : « A ceci nous connaissons l'amour : c'est que Jésus s'est défait de sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons nous défaire de notre vie pour les frères » (1 Jean 3.16).
On retrouve ce double mouvement dans la lettre aux Philippiens : « Il s’est abaissé lui- même »... « c’est pourquoi Dieu l’a élevé ».
Le Fils de Dieu, a suivi un chemin d’abaissement, de « dépouillement » de soi totalement incroyable qui l’a conduit au plus bas, à la croix. Mais Dieu lui a rendu la vie et l’a élevé à sa droite. On a là une sorte de résumé de l’Evangile.
Double mouvement : Le Fils s’abaisse, le Père l’élève. Jésus se donne aux hommes par amour pour le Père, le Père élève le Fils par amour pour lui.
Par cet exemple, donc, Paul indique la voie à suivre. Il ne s’agit pas de rester au bord de la piste à applaudir l’exploit de Christ - à nous maintenant de marcher, à sa suite, sur la voie de l’amour !
« Ayez entre vous les dispositions qui sont en Jésus-Christ » - « la pensée qui était en Christ-Jésus » : quelle était-elle ?
Trois mots presque synonymes pour la décrire : humilité, abaissement, obéissance. Voilà vers quoi nous devons tendre.
Et en même temps, dans nos efforts, nous devons chercher à plaire au Père avant tout, et

ne compter que sur lui, car c’est lui qui élève, qui rend capable, par son Esprit.
Dit autrement, nous nous abaissons par amour pour les autres, et Dieu s’occupe de nous

élever.
nous nous occupons des autres, et Dieu s’occupe de nous. Nous donnons, et Dieu nous remplit.

Tel est l’exemple donné par le Christ.

A. Comme Jésus s’est abaissé, je dois m’abaisser par amour pour les autres.

La première « disposition » de Christ qui soit mise en avant, c’est donc l’humilité :
« L’hymne commence donc par l’affirmation suivante : « Lui qui était vraiment divin, il ne s’est pas
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prévalu d’un rang d’égalité avec Dieu ». Autre traduction : Il n’a pas « considéré son rang d’égalité
1 avec Dieu comme un avantage à exploiter » .
Humilité de Dieu le Fils qui est un exemple pour nous : « avec humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes ».
L’humilité de Jésus apparaît déjà dans son rapport avec le Père. Nous nous trouvons là devant le mystère de la Trinité, de ce Dieu qui est un seul Dieu en trois personnes distinctes, trois personnes éternellement unies dans une communion d’amour.
Dans cette relation de communion, le Fils met volontairement ses droits de côté et accepte de faire la volonté du Père, qui l’envoie vers les hommes. Sachant que cela signifiait de souffrance pour lui, il aurait pu résister, mais il ne l’a pas fait.
Par amour pour le Père, Jésus a aussi accepté de renoncer à ce qu’il avait pour venir nous rejoindre. Il a accepté de laisser de côté sa puissance pour se rendre proche de ses faibles créatures.
Nous voilà encore devant le mystère trinitaire. Dans la communion avec le Père et l’Esprit, Jésus était parfaitement comblé, adoré et servi par toutes les armées célestes.
Il a pourtant choisi de renoncer à tout cela.
Paul dit ailleurs : « lui qui était riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous, par sa pauvreté, vous deveniez riches » (2 Co 8.9).
De quels attributs divins Jésus s’est-il dépouillé, appauvri, précisément ? En théologie, les débats sur cette question sont anciens. On parle de la kenose de Christ. A mon avis, cela nous dépasse.
Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’est pas dépouillé de sa divinité, mais plutôt d’une partie de son pouvoir divin, pour devenir vraiment un homme - avec tout ce que ça implique de fragilité, d’incertitudes et de souffrances.
Comme ça, il s’est rendu accessible, pour permettre à tous de le rencontrer et de retrouver le chemin du Père. Pour ça, il voulait respecter le rythme des hommes, leur temps, leur sensibilité.
Plus encore : Jésus ne s’est pas seulement venu marcher dans la poussière avec nous, il a aussi voulu descendre au plus bas, jusqu’à se faire « vraiment esclave » - peut-être pour rejoindre les esclaves du péché que nous sommes, sans Dieu.
Ainsi, lors de son ministère, il n’a cessé de s’abaisser pour aller chercher, au ras du sol, tous ceux que personne ne voulait ramasser - paralytiques, aveugles, lépreux, escrocs, prostituées...
Ce qui est certain aussi, c’est qu’il a laissé la gloire et la paix parfaite qu’il goûtait dans le sein du Père pour les angoisses de Gethsémané et les souffrances de la croix - pour qu’à notre tour, nous puissions accéder nous aussi à la présence glorieuse de Dieu.
Et là encore, il a eu l’humilité d’offrir son amour en courant le risque qu’il ne soit pas accepté. Pas d’amour sans liberté, mais pas de liberté sans risque. Jésus a couru ce risque au prix de sa propre vie.
Et nous qui ne sommes pas Dieu, comment devons nous nous abaisser ?
D’abord, en reconnaissant que nous dépendons à chaque instant de la grâce de Dieu, et que sans son aide on ne pourrait rien faire de bon > effort d’humilité à refaire en permanence.
Nous avons aussi à nous soumettre les uns aux autres - ce qui implique parfois de se « dépouiller » pour nos frères et soeurs.
Certains se diront peut-être : pourquoi donc se dépouiller ? Est-ce qu’on n’est pas plus utile, plus efficace quand on est puissant, bien armé de ses dons et compétences, pour travailler pour Dieu ?
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Bien sûr, des capacités, une expérience mise au service du Seigneur d’un coeur sincère, c’est précieux. Et Jésus, même dans son humilité, a quand même manifesté la puissance divine par ses miracles.
Mais il a toujours fait passer l’efficacité et la puissance après l’amour et le respect des autres. Il n’a jamais utilisé ses dons pour brusquer ou écraser quelqu’un.
Il s’est dépouillé par exemple de son droit au jugement. Il a supporté bien des injustices - recevoir des pierres pour blasphème ! Etre accusé à tort ! Etre refoulé par les prêtres de son Temple !
Mais il a « avalé » tout cela - dans sa grâce.

Il s’est aussi dépouillé de son « efficacité ». On voit parfois Jésus s’impatienter devant la lenteur à comprendre des disciples, mais jamais il ne cesse de les respecter. Il a choisi de marcher à leur rythme pendant trois ans, supportant leurs maladresses, alors qu’il aurait pu courir et aller directement au but.

De la même façon, nous devons être prêts à laisser de côté nos calendriers, nos désirs personnels pour avancer au même rythme que nos frères et soeurs.
Laisser de côté peut-être notre droit légitime à occuper une fonction dans l’Eglise pour laisser la place à quelqu’un d’autre, qui pourra y grandir et faire ses armes. (ex. Musique).
Nous dépouiller parfois de notre « bon droit » pour supporter des situations ou des paroles injustes « sans maugréer », si c’est par fidélité à Dieu, ou pour le bien des autres.
En langage courant, on parle « d’avaler des couleuvres ». Ici, je dirai
plutôt : « écraser le serpent », Satan qui nous tente au niveau de l’orgueil, du pouvoir. !

Attention, se dépouiller, s’abaisser ne signifie par se déprécier soi-même : Jésus n’a jamais nié qu’il était Dieu. Cela consiste à reconnaître aussi la valeur des autres et de leurs opinions et idées. Les honorer, leur faire une place.

B Comment Jésus a-t’il aller si loin dans le don de lui-même ?

Cette voie de l’amour qui cherche d’abord l’intérêt de l’autre, son bien, son salut - elle est tellement difficile à suivre ! Voilà sans doute pourquoi nous cherchons souvent à nous en détourner. Henri Nouwen, dont je vais parler dans un instant, disait : « Il semble plus facile d'être Dieu que d'aimer Dieu, de contrôler les gens que d'aimer les gens, de posséder la vie que d'aimer la vie ». Jésus nous demande : « M'aimes-tu ? ». Nous demandons : « Pouvons-nous nous asseoir à ta droite et à ta gauche dans ton Royaume ? » (Mt 20, 21) ».
Difficile abaissement.
Obéir à ce point là à Dieu, c’est si dur que, comme nous le dit la lettre aux Hébreux, même Jésus, « tout fils qu’il était » a dû « apprendre l’obéissance par ce qu’il a souffert » ! Il a dû lutter contre la tentation, contre l’angoisse et la solitude.
Aimer ainsi c’est dur... c’est totalement déraisonnable et extrêmement risqué !
« Estimez les autres supérieurs à vous-mêmes ». Si je fais ça, je risque gros ! Ne nous dit- on pas en permanence qu’il ne faut pas montrer ses faiblesses dans la vie, sinon on se fait marcher dessus ? Dans le service des pécheurs, il faut s’attendre à rencontrer l’excès, l’ingratitude, et à donner sans recevoir de retour (heureusement, il y a plus d’encouragements quand même).
Mais c’est parce Jésus est resté attaché au Père, en lui laissant le soin de l’élever, qu’il a pu s’abaisser. Il n’avait pas à se soucier de lui-même puisqu’il savait que le Père s’en chargeait, et qu’il le relèverait.
De la même façon, je peux servir d’un coeur léger si je crois profondément que le Père, lui, s’occupera de moi, et même de « m’honorer » s’il le souhaite. Je peux lâcher mes sécurités quand je sais que le Père m’assure.

Est-ce que cela ne nous questionne pas directement ? Tant de nos relations avec les autres sont entachées par la peur - peur de perdre la face, peur de nous faire avoir, peur de ne pas être reconnu, écouté, peur de ne plus avoir de temps pour nous...
Parce que nous voulons donner sans rien perdre, notre amour peine à s’épanouir. Nous ouvrons la porte à nos frères et soeurs, mais osons-nous vraiment enlever la chaînette de sécurité ?
Il y a autre chose : Si Jésus a pu courir le « risque d’aimer », et supporter le rejet et l’injustice, c’est que son attention n’était pas tournée vers lui-même mais vers le Père, dont il cherchait la gloire, et qui le comblait d’amour.
Il cherchait en lui l’approbation, l’encouragement, la reconnaissance et la force dont il avait besoin. Il n’a jamais caché que sa puissance lui venait du Père : humilité, là encore.
Et si lui, le Fils, avait besoin de se ressourcer dans la présence du Père, de se mettre à l’écart pour prier, « à combien plus forte raison » (dixit Paul ) devons-nous passer du temps dans la prière, à chercher la présence de Dieu.
Là nous pourrons sentir son regard d’amour posé sur nous. Par Jésus, nous sommes acceptés, aimés.
Là se trouve l’approbation et la reconnaissance dont nous avons besoin pour aller vers les autres. Assurés de l’amour de Dieu, nous pouvons être disponibles pour nos frères et soeurs, car dans les relations nous n’avons rien à perdre : le Père garantit notre part, il renouvelle nos forces, il veille sur nous et à la fin, quand nous aurons obéi jusqu’au bout « sans maugréer ni discuter », il nous élèvera et nous fera entrer dans la communion intime de la Trinité, pour toujours.
Je voudrais terminer en évoquant l’histoire d’Henri Nouwen. C’est l’histoire d’un dépouillement progressif, d’un abaissement volontaire, opéré par quelqu’un qui cherchait à vivre vraiment l’amour de Christ.
Dans les années 70, HN était un prêtre extrêmement brillant, ce qui l’avait conduit à enseigner dans les universités les plus prestigieuses. Ses livres de spiritualité connaissaient un succès colossal, il était sans cesse sollicité pour des conférences, des séminaires... On l’admirait, on l’écoutait.
En soi, rien de répréhensible : est-ce qu’il ne mettait pas ses dons au service de l’Evangile, avec modestie ? Certainement. Et il aurait pu rester à ce poste sans forcément trahir sa vocation chrétienne.
Mais Dieu travaillait son coeur, et Nouwen avait soif à l’intérieur, profondément soif. Il parlait d’amour, de foi, mais en manquait pour lui-même. Cela le conduisit à plusieurs crises profondes, à des remises en question. Il se mit à fuir son milieu pour fréquenter les plus pauvres.
Au bout d’une longue période de crise spirituelle, Dieu plaça sur sa route la communauté de l’Arche. Ce sont des lieux de vie chrétiens, créées par Jean Vanier, et dans lesquels des personnes handicapées mentales vivent en communauté avec ceux qui s’occupent d’eux. (Il y en a une à Lyon).
Un peu « par hasard », Nouwen devint l’aumônier d’une de ces communautés. Il renonça à son poste d’enseignant conférencier et vint vivre, d’abord pour une année, avec un groupe de personnes handicapées, avec l’idée de les accompagner dans la foi. C'était une vie complètement différente de celle à laquelle il était habitué. Il vécut donc avec des handicapés comme tous les autres membres de la communauté. Ce fut un apprentissage très difficile.
Mais on le chargea de s'occuper du jeune Adam qui ne pouvait ni parler ni bouger par lui- même. Henri Nouwen passait des heures chaque jours à lui donner son bain, à l'habiller et à le nourrir. Cette expérience le transforma en profondeur. Adam n'était évidemment pas impressionné par les livres de Nouwen, ni par sa réputation mondiale, ni par son talent immense de conférencier. Or, c'est ainsi qu'au contact quotidien de cet homme incapable de s'exprimer et dépourvu de tout, que Nouwen comprit vraiment ce que c'est que d'être «aimé de Dieu», de s’abaisser par amour pour l’autre et de servir au nom du Christ.
Que cet exemple, modeste résonance de l’exemple sublime du Christ, nous inspire et nous encourage à avancer à la suite du maître. Soyons-en assurés, sur ce chemin, ce sont des trésors
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d’amour et de joie que Dieu tient en réserve pour ses enfants. Avançons, dans la paix, modestement.
« Dieu résiste aux orgueilleux mais il faut grâce aux humbles, écrit Pierre. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez vous sur lui de toutes vos inquiétudes, car il prend soin de vous »(1 Pierre 5.5-7).
Amen

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