BIENVENUE !

Bienvenue sur ce modeste blog.
Vous y trouverez le texte de mes prédications.
Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 15 février 2016

Prédication du dimanche 14 février 2016- Ephésiens 1.1-14 - Revêtir notre nouvelle identité d’enfant de Dieu



J’ai revu récemment un de ces films qui racontent l’histoire d’un personnage, à la vie souvent très simple, dans un quartier populaire, et à qui on révèle un jour qu’il est en fait l’enfant d’un roi prestigieux, appelé soudain à monter sur le trône - et le voilà qui se retrouve ainsi propulsé de son modeste appartement jusque dans les somptueux couloirs d’un palais. 

Scénario classique, source intarissable de gags bien sûr. Nous parlerons peu des gags ce matin… En revanche, il y a là une certaine analogie avec le message de l’Evangile : en effet, frappant à la porte de nos vies, Jésus est ainsi venu nous annoncer, d’abord, que nous étions appelés à une autre vie, bien plus riche - dans l’amour de Dieu et des autres. Pas une vie à vivre ailleurs, dans un palais lointain, mais là où nous sommes.

Mais il y a plus : comme dans la comédie évoquée, Jésus est venu nous révéler que nous n’étions pas, nous non plus, celui que nous pensions. Par lui, nous découvrons ce que nous sommes vraiment : un homme ou une femme choisi par Dieu pour devenir son enfant et vivre en communion avec lui pour l’éternité.  

Choisi pour être son enfant adoptif, son héritier, dans un choix qui ne repose sur rien d’autre que la décision libre de Dieu, motivée seulement par son amour. 

Voilà le cadeau offert par Dieu en Jésus : une nouvelle identité d’enfant de Dieu. 
Le contenu de ce cadeau, l’apôtre Paul cherche à l’exposer dans sa totalité aux chrétiens de la région d’Ephèse, à qui il écrit depuis sa prison de Rome. 

C’est un sujet complexe, et pour l’aborder Paul aurait pu écrire pour un ouvrage théologique savant. 
Mais pour sa leçon de catéchisme, Paul choisit au contraire d’écrire un chant de louange - 11 versets ininterrompus qui sont en grec une seule phrase, un seul souffle - et dans lesquels l’apôtre laisse éclater son émerveillement et sa reconnaissance. 

Lisons ce grand mouvement ensemble. Vous risquez d’être submergés par les idées, les grandes perspectives : c’est voulu !! Nous poserons quelques jalons quand même après. Accrochez-vous, c’est un des plus beaux passages du Nouveau Testament.  

Lecture : Ephésiens 1.1-14
On pourrait démonter morceau par morceau ce passage, en prenant chaque partie du passage pour l’expliquer. Il y a là le programme de toute une année d’enseignement ! 
Mais ça c’est peut-être dans un 2e temps. 

Car ce n’est pas pour rien que Paul choisit ici d’exposer ces vérités au travers d’un chant de louange soigneusement construit, un chant qui commence par une parole de bénédiction : « béni soit Dieu qui nous a bénis… » pour célébrer ensuite l’oeuvre de Dieu en Jésus-Christ, centre de tout le cantique, et par qui nous bénit parfaitement. 

Une bénédiction c’est une parole de vie prononcée sur quelqu’un. Dieu le premier nous adresse une bénédiction par Jésus, qu’on peut résumer en quelques mots : tu es mon enfant. Je t’ai choisi avant la fondation du monde pour que tu sois saint et sans défaut devant moi. 

Saints ici, ça désigne des gens que Dieu a « pris en main », les déliant de toute autre appartenance, pour qu’ils soient totalement à lui.   
Des femmes et des hommes totalement nouveaux, « sans tache ni ride ni rien de semblable » (Eph.5.26-27).

Et cette révélation est d’abord à recevoir dans la confiance et la joie. 
Voilà ce que vous êtes en Jésus, dit Paul aux Ephésiens. Acceptez-le, et réjouissez-vous. C’est tout ce que Dieu vous demande. 
Et entrez maintenant dans cette nouvelle identité que vous avez « en Jésus ». 
« En lui » : la formule revient comme un leitmotiv : « en lui, Dieu nous a choisis »… « En lui, par son sang, nous sommes rachetés ».. 
Que signifie cette expression être « en lui » ? 

En Christ, dit un commentateur, ça signifie que « quand le Christ revient à la maison du Père, il n’y revient pas seul. Il revient avec nous. Nous sommes définitivement inséparables de lui. Il ne s’agit pas d’un simple lien de sympathie, comme si le Christ ramenait des amis à la maison. Il s’agit bien d’une union, d’une identification réciproque. (…) on pourrait dire … que le Fils s’est fait homme pour que les hommes deviennent fils. En lui nous ne voyons pas seulement un sauveur qui nous tire de la catastrophe, un ami qui nous accueille chez lui et partage avec nous ses biens ; nous reconnaissons le premier-né d’une multitude de frères, le fils ainé. Le Fils a fait de nous des fils, des frères »

Voilà : en croyant en Jésus, tu as été adopté par Dieu. Il te considère comme un des ses enfants. 
Maintenant, nous dit Dieu, deviens-le dans tous les aspects de ta vie. 

Saint Augustin a résumé ce mouvement par cette formule célèbre : « deviens ce que tu es ». 
Il s’agit en quelque sorte de se reconnaître enfant de Dieu en Jésus-Christ, puis de le devenir aussi. 
Devenir enfant de Dieu, comment cela est-il possible ? 
C’est un processus que Paul expose ici. Arrêtons-nous un instant là dessus. 






Devant l’exposé de ces grandes vérités, qui peuvent paraître bien théoriques, on peut s’interroger : si par ma foi en Jésus, je suis entré dans ce grand mouvement, qu’est-ce que ça change dans ma vie ? Comment ça peut me rejoindre, devenir actuel pour moi ? 

Deux dangers se présentent ici : 
Le premier : penser qu’il fait avoir tout compris avant d’avancer avec Dieu.
Le deuxième : penser que ces choses se réalisent ailleurs que dans notre vie quotidienne, avec notre conjoint tel qu’il est, nos enfants tels qu’ils sont, nos collègues de travail tels qu’ils sont…  

Ici, Paul décrit en quelque sorte un cadre général, fait de toute une série de vérités fondamentales, mais je crois qu’en choisissant d’écrire un chant de louange, au lieu de faire un traité de théologie, l’apôtre nous indique aussi la voie à suivre pour les assimiler : vivre notre vie quotidienne dans l’attente de ce que Dieu voudra nous donner - de ses bénédictions, vivre en nous nourrissant de ces réalités spirituelles qui nous dépassent, mais qu’au fur et à mesure de nos expériences, de nos méditations de la Bible, de notre vie d’Eglise, nous assimilerons peu à peu. 

Car c’est au fur et à mesure de notre marche avec Dieu que nous éprouverons la portée et la richesse de toutes ces bénédictions. 
Le plus important n’est donc pas de comprendre a priori comment tout ça fonctionne, comment ça s’articule. (cf différentes personnalités : pour certains, besoin de tout comprendre avant d’avaler (témoignage perso)). 
Mais il y a à un moment ou l’autre un premier pas à faire, pas de foi, de confiance : j’accepte de me lancer sur le chemin sans avoir toutes les réponses, mais dans cette attitude de dépendance et de reconnaissance qui est fondamentale pour recevoir les dons de Dieu. 
Deux mains vides, un coeur et une intelligence grands ouverts, tendus vers Dieu, prêts à recevoir : avancer ainsi pour revêtir peu à peu notre nouvelle identité en Christ, pour revêtir ma nouvelle identité de fille ou de fils de Dieu. 

Certes, on peut penser que c'est un costume trop grand pour nous, et lorsque nous nous regardons vivre, la majesté royale n’apparaît pas au premier coup d’oeil. 
Vous savez, on peut devenir roi du jour au lendemain mais il faut longtemps pour penser en roi, agir en roi. Il y a toute une éducation à acquérir (source des fameux gags évoqués plus haut). 
Ce que Paul appelle ailleurs « revêtir l’homme nouveau ». 

Certes, la première lettre de Jean nous assure encore que par la foi en Jésus « nous sommes maintenant enfants de Dieu », mais qu’en même temps « ce que nous serons un jour n'a pas encore été révélé ». Ce n’est que quand Jésus reviendra que nous deviendrons pleinement comme Jésus. 
Cependant, nous sommes déjà en train de revêtir cette nouvelle identité; et elle grandit en nous au fur et à mesure que grandissent, dans les petites choses de notre vie quotidienne, la foi, l’espérance et l’amour. 

La foi pour accepter avec confiance ce que nous dit la Parole de Dieu sur notre nouvelle identité.
Face à mes fautes, à mes chutes : Dieu me dit qu’en Jésus le pardon m’est acquis : « nous sommes rachetés, pardonnés ». Je m’accroche à cette vérité, par la foi. 
Face à des interrogations sur le sens de ma vie : Dieu me dit qu’en Jésus je suis héritier, je vais vers la vie éternelle. Je m’accroche à cela, par la foi.
Face à l’épreuve : Dieu Dieu me dit qu’en Jésus  je suis son enfant bien-aimé, et qu’il avait prévu avant la fondation du monde de m’appeler à la vie, alors il ne va pas me laisser  tomber maintenant. 

Voilà qui rend encore plus important le fait de changer de regard sur nous-mêmes et sur la vie.
Ne prononçons pas sur nous-mêmes des paroles de malédiction, mais accueillons, avec reconnaissance, la bénédiction du Père qui, le premier, « nous a bénis »
Cessons donc de nous considérer négativement comme des incapables, ou des moins que rien. Ou même de nous regarder sans cesse comme des pécheurs irrécupérables : c’est vrai, nous sommes encore pécheurs, mais en Christ nous sommes surtout saints. Alors nous pouvons relever la tête et croire que la victoire sur ce qui nous asservit est possible ! Nous pouvons voir grand ! 
La foi donc. Puis l’espérance : je suis l’enfant de Dieu, son héritier. Ce que je serai n’a pas encore été manifesté mais ça viendra.

Enfin, l’amour : reconnaitre dans ma vie les dons de Dieu qui font partie de son langage d’amour.
L’amour, vécu et expérimenté dans l’Eglise que Dieu nous donne pour nous aider à entrer dans notre nouvelle identité : chacun de nous peut y être reconnu en tant qu’enfant de Dieu par les autres. C’est un des rôles du baptême, ou des témoignages. Ils ne sont ni l’un ni l’autre des diplômes ou des examens de passage (comme si on venait justifier le fait que nous sommes chrétiens en produisant un CV convaincant). En nous faisant baptiser, en racontant aux autres quelques éléments de notre chemin avec Dieu, nous les encourageons d’une part, et d’autre part nous recevons cette reconnaissance de leur part : « tu es de ma famille »… 

Insistons sur le fait que ce lien « filial » n’est pas qu’une réalité humaine. Dans certains milieux non chrétiens on dit facilement « mon frère » aux autres. Mais en Christ ce n’est pas juste une affinité, c’est une réalité spirituelle : nous avons, ensemble, reçu ce même Esprit d’adoption « par lequel nous crions: «Abba! Père !». 
Cet Esprit qui nous donne justement la foi, l’espérance et l’amour, et par lequel nous entrons pleinement dans notre nouvelle identité de fils ou de fille. 

Terminons en évoquant le rôle de l’Esprit ici. 

« Après avoir entendu la parole de la vérité, l’Evangile qui vous sauve, écrit Paul, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de l’empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis. Il est le gage de notre héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire ». 

Paul prend ici l’image du « gage », des « arrhes » que l’on verse pour réserver une location de vacances. En nous donnant son Esprit, Dieu nous a en quelque sorte « réservés » en attendant notre adoption pleine et entière, à la fin des temps. 
Notre statut d’enfants de Dieu nous est donc donné par la présence et l’action du Saint-Esprit en nous, qui nous façonne intérieurement et nous permet aussi de prier Dieu en tant qu’enfants - en disant « abba! », Père ! 
D’autant que quand nous prions « au nom de Jésus », son Fils, nous l’approchons recommandés en quelque sorte par lui, et donc accueillis comme des fils et des filles nous aussi - et ça change tout ! 
H. Blocher dit qu’en nous regardant « Dieu voit Jésus. C’est bien pourquoi le coeur du Père ne peut pas résister pour tout ce qui est bon ; au nom de Jésus, il « fond » de tendresse » ! 

Alors ne nous privons pas de ce privilège, et à tout instant du jour et de la nuit, tournons notre coeur et nos pensées vers notre Père céleste, dans la reconnaissance. 
Dans La tactique du diable, CS Lewis imagine les conseils qu’un vieux démon donne à un démon débutant, pour détourner les hommes de Dieu. L’un de ses premiers conseils est celui-ci : non pas d’abord faire entrer de mauvaises pensées dans leurs têtes, mais empêcher les pensées venant de Dieu, les paroles de bénédiction, d’y entrer : car « quand les hommes fixent toute leur attention sur Dieu, [les démons] sont vaincus d’avance » ! 

Que les paroles de bénédiction que Dieu prononce sur vous ne s’éloignent pas de votre esprit ! 
Pourquoi par exemple ne pas écrire sur le miroir de votre salle de bain les paroles suivantes : 
« Par Jésus, tu es mon fils bien aimé, celui qui fait toute ma joie ».
  « Tu es ma fille bien aimée, celle qui fait toute ma joie » ?! 

Ensemble, nous partageons cette nouvelle identité en Christ. Alors encourageons nous les uns les autres à rester dans l’amour du Père, en attendant le jour où nous hériterons ensemble d’une nouvelle terre, débarrassée du mal et de la mort, pour l’éternité. 
Que cette espérance nous tienne debout, éveillés, pleins de joie et d’énergie pour Dieu! 


Amen. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire