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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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mardi 22 décembre 2015

Prédication du dimanche 20 décembre 2015 : Luc 1. 5-25 : une histoire de fidélité(s)



Un théologien contemporain1 affirme : « nous nous posons (généralement) la question : « quelle place Dieu a t’il dans ma vie ? », mais la vraie question n’est-elle pas plutôt : « quelle place ma petite vie a-t’elle dans la grande histoire écrite par Dieu ? ».
Une petite vie, pourtant si importante dans le grand plan de Dieu : c’est bien de cela que nous parle Luc, quand il évoque l’histoire d’Elisabeth et Zacharie.
La petite histoire de fidélité de ce couple dans la grande histoire de la fidélité de Dieu.
Ce récit dit la portée bien plus grande que ce que nous croyons de nos petits fidélités de chaque jour. Comment Dieu agit par nos forces mais aussi nos faiblesses ; malgré nos faiblesses ; par nos faiblesses ; parfois grâce à nos faiblesses. Par nous, et aussi malgré nous - mais toujours pour nous.



A. Ce récit est d’abord l’histoire de la fidélité d’Elisabeth et Zacharie malgré l’épreuve

« Aux jours d'Hérode, roi de Judée, il y eut un prêtre nommé Zacharie, de la classe d'Abiya ; sa femme était une descendante d'Aaron, et son nom était Elisabeth. 6Tous deux étaient justes devant Dieu et suivaient d'une manière irréprochable tous les commandements et les ordonnances du Seigneur. 7 Mais ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile, et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge ».
En quelques mots, Luc esquisse l’histoire d’une vie de consécration à Dieu, mais une vie marquée aussi par une lourde épreuve : les années passent, et aucun enfant. Aujourd’hui c’est une douleur profonde, à l’époque c’est aussi une honte. On est mis de coté, mal vu, mal jugé, car les juifs croyaient que la stérilité était due à un péché.
Elisabeth porte cela, chaque jour, quand elle aborde des groupes de femmes, quand elle retrouve sa famille, et on imagine les ragots, et aussi les questions murmurées, lourdes et comme autant de pointes dans son coeur : « alors ? toujours rien ? ».
Douleur lancinante, espérance maintes fois déçue ; et les années passent, rendant l’espoir plus maigre chaque jour.
Pourtant, dit Luc, cet homme et cet femme « marchaient devant Dieu fidèlement ». 

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Elisabeth et Zacharie aiment Dieu, et veulent lui plaire. L’expression utilisée est fréquente dans la Bible. Ainsi Abraham a « marché devant Dieu ». Ainsi Elisabeth et Zacharie marchent ensemble - « tous les deux », insiste le texte grec. « En couple ».
Le voyez vous, ce petit couple discret qui sert le Seigneur, tous les jours, alors même qu’il ne répond pas leur prière la plus chère ? Bien sûr, ils ne comprennent pas pourquoi leurs prières restent sans réponse. A chaque déception, on peut imaginer Zacharie qui serre Elisabeth tendrement, ils sont ensemble, malgré tout, malgré le silence de Dieu.
Et ils marchent devant lui.

Marcher devant lui a un sens éthique : cela signifie respecter ses commandements, ne pas suivre une « morale élastique » qui s’adapte à nos envies et nos désirs, mais rester au plus près des commandements que Dieu donne dans Sa Parole, pour nous protéger et nous conduire vers la liberté. Fuir le mal sous toutes ses formes.

Mais c’est aussi une disposition du coeur. Ce couple « suivaient d’une manière irréprochable tous les commandements et les ordonnances du Seigneur ». Irréprochable ici, cela ne signifie pas qu’ils ne commettent aucun péché, aucun écart. Ce qui les rend irréprochable c’est l’honnêteté de leur coeur. Est irréprochable celui qui dit « oui » à Dieu chaque jour et qui demande pardon à Dieu quand il se trompe, et qui continue d’essayer de plaire à Dieu, profondément et en persévérant, dans la durée.
Pour nous, pas besoin d’être « à plein temps » dans un service pour l’Eglise pour marcher fidèlement devant Dieu. En Jésus-Christ, nous sommes appelés à « marcher selon l’Esprit » (Galates 5.25). Ephésiens 5.1 parle « d’imiter Dieu », de « vivre dans l’amour, tout comme le Christ aussi nous a aimés ». De laisser le Saint Esprit produire en nous « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, confiance, douceur, maitrise de soi... ».
Comme Elisabeth et Zacharie, placer notre confiance en Dieu, tout espérer de lui, chercher sa présence, sa voix, dans la prière et la méditation de sa Parole, en ne résistant pas au Saint Esprit : voilà ce qui fait de nous des prêtres pour Dieu, comme ils l’étaient eux aussi, chacun à sa façon - tous deux issus de la grande famille d’Aaron, frère de Moïse, le premier prêtre institué par Dieu. Zacharie est prêtre lui-même, c’est sa fonction dans la société - servir Dieu. Et il le fait le mieux possible, de servir ce Dieu qui pourtant ne répond pas à sa prière.

Même leur nom évoque Dieu : Elisabeth, « Dieu a fait serment », Zacharie : « L’Eternel s’est souvenu »... ! L’espérance est inscrite dans leur identité la plus intime ! On pourrait presque trouver cela ironique, voire cruel - mais Dieu, effectivement, va se souvenir de sa promesse, au jour prévu par lui, au bon moment.
Et c’est là que la petite histoire de la fidélité de ce couple rejoint la grande histoire du Salut.
Derrière leur destin anonyme apparaît soudain la présence agissante de ce Dieu qui a promis de sauver les hommes.

B. Ce récit rapporte aussi la grande histoire de la fidélité de Dieu pour son peuple

a. Un Dieu qui dirige les évènements, selon son calendrier

Cela apparaît d’abord à travers un « hasard » plutôt étonnant : Zacharie est tiré au sort pour aller au coeur du Temple offrir de l’encens. Quelques explications pour nous aider à mesurer la
« chance » de Zacharie ici : deux fois par an, un seul prêtre a le droit d’entrer aussi loin dans le Temple pour offrir ce sacrifice. Il est tiré au sort parmi les 24 classes de prêtres comportant chacune un grand nombre de personnes, ce qui faisait qu’on n’avait généralement une seule occasion dans sa vie de le faire. Je vous laisse calculer les probabilités, faites-vous plaisir !
Comme par hasard, le sort désigne Zacharie, et le voilà qui peut s’approcher une fois au plus près du Saint des Saints, le coeur du Temple de Jérusalem, là où se tient la présence de Dieu...
Ainsi Dieu est agissant, Dieu dirige les choses pour qu’elles arrivent « au moment fixé ». A vues humaines, rien ne laisse soupçonner que c’est le moment. Mais lorsque le temps fixé par lui arrive alors Dieu rejoint Zacharie, par l’intermédiaire d’un ange.
Zacharie effrayé ne s’attendait pas à cette rencontre. Mais ce que lui annonce l’ange a de quoi le remettre d’aplomb : « ta prière a été exaucée. Ta femme, Elisabeth, te donnera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jean »(1.13).

b. Un Dieu qui prépare l’arrivée de son Fils

La description que fait l’ange de ce que sera cet enfant préfigure déjà ce qui sera annoncé à Marie peu après, la naissance d’un enfant au destin exceptionnel.
« il sera grand devant le Seigneur... il sera rempli d'Esprit saint depuis le ventre de sa mère 16et il ramènera beaucoup d'Israélites au Seigneur, leur Dieu. 17 Il ira devant lui avec l'esprit et la puissance d’Elie, afin de ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à l'intelligence des justes, et de former pour le Seigneur un peuple préparé ».
Cette « Annonciation » révèle aussi que Dieu dirige les événements, qu’il est en train de tenir ses promesses, au delà même de toutes les attentes !
Dieu est aux commandes. En donnant le nom de l’enfant, Dieu prend la place du père, dont c’était le rôle, et c’est pour cela que l’enfant lui sera entièrement consacré (« il ne boira ni vin ni boisson alcoolisée »).
Une autre façon de dire que cet enfant, comme toutes choses, lui appartient. « Nos enfants ne sont pas nos enfants », dit l’écrivain Khalil Gibran, et comme tout ce que nous avons, ils appartiennent à Dieu, qui en prend soin, et qui nous les confie. De même pour tout ce que nous croyons posséder.
Zacharie est placé en même temps devant cette réalité, et devant l’affirmation de l’amour de Dieu pour lui. Dieu veut son bien : cet enfant sera pour lui « un sujet de joie et de très grand bonheur ». Il sera béni, « rempli il sera rempli d'Esprit saint depuis le ventre de sa mère... » et accomplira une mission importante : « ramener beaucoup d'Israélites au Seigneur, leur Dieu », avec « l'esprit et la puissance d’Elie, afin de ramener le cœur des pères vers les enfants et les rebelles à l'intelligence des justes, et de former pour le Seigneur un peuple préparé ».
Mission de réconciliation, de reconstruction, et annonce d’une bonne nouvelle.
Beau projet d’orientation !
On imagine mal Zacharie ergoter devant un tel projet : « euh, Seigneur, est-ce qu’il ne
pourrait pas plutôt devenir charpentier  ? Ou entrer dans la fonction publique ? C’est moins risqué !...».

Oui, Dieu dirige, et prépare par ce couple, grâce à leur fidélité, la venue de son Fils : ce n’est pas rien !
Ainsi, Elisabeth devenue mère miraculeusement va pouvoir soutenir et accompagner Marie qui vivra la même chose peu après. C’est Elisabeth qui confirmera à Marie sa grossesse, quand Jean- Baptiste, rempli de l’Esprit, « tressaillira » dans le ventre d’Elisabeth à la rencontre de Marie.
Dans l’accomplissement de sa promesse, Dieu prend soin de chacun, et ne laisse seul ni Zacharie, ni Elisabeth, ni Marie, ni Joseph, ni son peuple.

C. Dans la petite histoire de ce couple, enfin, c’est la grande histoire d’une grâce à recevoir pour eux, pour le peuple et pour nous qui est racontée.

Le nom de l’enfant, Jean, signifie précisément : « Dieu fait grâce ». Le but de sa vie, c’est de « préparer le chemin » pour la venue de Jésus, afin que le peuple ne soit pas pris au dépourvu par l’irruption soudaine de la grâce de Dieu après tous ces siècles d’attente !

Grâce de Dieu bien sûr pour ce couple, qui se découvre connu de Dieu (« ta femme, Elisabeth»), écouté et aimé, exaucé au delà de ses attentes.
L’accomplissement de la prière du couple ne peut être accueilli comme un droit mais juste comme un bienfait immérité. Elisabeth reconnaît cela et l’accepte avec confiance : « voilà ce que le Seigneur a fait pour moi au temps où il a décidé de retirer ma honte parmi les humains ».
Reconnaissance de l’action libre de Dieu envers elle, et reconnaissance/gratitude : au temps fixé, au temps juste, au bon moment. « Mes paroles s'accompliront en leur temps », dit l’ange.
Dieu a décidé, librement, mais par amour, de façon totalement imméritée.

Grâce de Dieu enfin pour l’humanité, pour nous.
L’ange annonce aussi indirectement l’accomplissement d’une espérance fidèle pour l’humanité perdue.
« Cette espérance, née d’une parole mystérieuse appelant Abraham loin de son pays et de la maison de ses pères sans savoir où il allait »(2), espérance réaffirmée au peuple hébreu, à David, mise
en jeu à chaque génération pendant plusieurs milliers d’années, maintenue à travers la nuit la plus complète, les déceptions les plus amères - cette espérance arrive enfin, et malgré tout, à son but : « il vous est né un sauveur, il est le Christ, le Seigneur », diront les anges aux bergers peu après, la nuit de Noël.

Oui, Dieu intervient dans nos vies humaines. Et d’une certaine manière, il intervient au moment où Zacharie et Elisabeth ne peuvent faire autre chose que reconnaître leur impuissance - ils sont maintenant trop âgés pour avoir un enfant.

Ils doivent aussi reconnaître aussi leur manque de foi. Voyez Zacharie répondant à l’ange :
« A quoi le saurai-je ? Car, moi, je suis vieux, et ma femme est avancée en âge » - ce qui va lui valoir d’être rendu muet pendant tout le temps de la grossesse.

Zacharie doute, pourtant il reste « irréprochable » car humble, cherchant Dieu sincèrement, et Dieu répond quand même à sa prière.
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C’est pareil pour nous. Dieu agit pour nous et par nous, et il le peut d’autant plus quand nous ne pouvons plus faire autre chose que reconnaitre notre fragilité, notre manque de foi aussi, et que nous le laissons vraiment s’occuper de nous et de ce qui nous travaille.
Comme Dieu l’a dit à l’apôtre Paul, « Ma grâce te suffit. Ma puissance se manifeste précisément quand tu es faible », quand tu ne résistes plus à mon amour, à mon Esprit. Quand tu cesses de te débattre et de t’agiter.
Alors, je peux prendre soin de toi, et tu peux recevoir les belles choses que je veux te donner.


Ainsi donc, quelle place nos petites vies ont-elles dans la grande histoire écrite par Dieu ?

On pourrait dire : la réponse est différente pour chacun, car chaque vie est unique. C’est vrai.
Comme Elisabeth et Zacharie, cependant, nous sommes tous appelés à marcher simplement, humblement et fidèlement, avec ce Dieu qui nous connait personnellement et nous aime.
Même si on n’y voit pas clair et qu’on a le sentiment de ne pas être entendu, ou pas à la hauteur, ou de ne pas en faire assez.
Il nous accorde la grâce de participer, là où nous sommes, à la grande histoire de son intervention en faveur de l’humanité. De briller « comme des flambeaux dans le monde », comme des témoins de son amour, de sa présence agissante aujourd’hui encore.
Il voit au delà de nos horizons, il a pour nous « des projets de bonheur, non de malheur », pour nous « donner un avenir à espérer ». (Jerémie 29.11)
Finir par cantique de Zacharie, prière inspirée par Dieu au moment de la naissance de Jean- Baptiste, quand Zacharie retrouvera la parole pour dire ceci :

Que par Jésus, Dieu nous accorde « 74après avoir été délivrés des ennemis, de pouvoir sans crainte lui rendre un culte75dans la sainteté et la justice, devant lui, tout au long de nos jours ».
Voilà la Bonne Nouvelle reçue en Jésus-Christ, et qui est pour nous aussi en cette fin 2015 : « la connaissance du salut par le pardon de nos péchés, 78grâce à la tendre compassion de notre Dieu.

C'est par elle (par cet amour, cette compassion) que le soleil levant brillera sur nous d'en haut 79pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort et pour diriger nos pas vers le chemin de la paix ».
Que nous puissions nous laisser diriger sur ce chemin de paix, et vers la joie de Noël, par Jésus-Christ.
Amen

(1) C. Wright, La mission de Dieu, p.632
(2)  Gollwitzer, luc, p.14

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