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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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mercredi 4 novembre 2015

Prédication du 25 octobre 2015 - Luc 12. 1-7 « Savoir que Dieu m’aime sans condition me permet d’être honnête dans ma façon d’être ».




Cette semaine, je feuilletais un magazine grand public consacré à la psychologie lorsque quelque chose m’a frappé : sur les 20 premières pages, la moitié étaient consacrées à des publicités pour des produits de beauté et accessoires de mode - crèmes, lunettes, vêtements…- et pour des voitures dont on vantait le look valorisant. 
Conclusion ? Ceux qui achètent des tels magazines veulent peut-être prendre soin de leur être intérieur, pourtant il semble bien que l’apparence reste première dans leurs 
préoccupations ! Qui ne soigne pas son image dans ce monde de paraître, me direz-vous ? Certes. 
Mais ici, c’est comme si l’essentiel - le coeur, pour faire simple- devait absolument être gardé caché, bien protégé derrière les masques désignés par la société. 
« Pour vivre heureux, vivons cachés », dit la formule. Cachés ou… enfermés ? Est-ce qu’on ne court pas le risque, ici, de mener une vie de faux semblants
Le risque est réel, et c’est pourquoi Jésus attaque de front le sujet, avec des mots qui tranchent, car notre salut même pourrait bien être en jeu dans cette histoire…

Luc 12. 1-7

Ici, Jésus parle devant une grand foule (« par milliers ») ; mais comme aujourd’hui, combien ne sont attirés que par le spectacle distrayant qu’offre cet orateur galiléen ? Aussi Jésus s’adresse-t’il d’abord à ses disciples, parce qu’il veut les amener, eux, au delà des apparences, pour qu’ils puissent accueillir l’amour de Dieu avec un coeur sincère, et en vérité. 
Voilà pourquoi il les avertit : « Gardez vous du levain des Pharisiens ». 

Pourquoi le levain ? A cette époque où chacun faisait son propre pain, l’image était évidente. Le levain - la levure-  c’est un petit ingrédient, qu’on ne voit pas quand il est mélangé à la farine, mais qui agit sur l’ensemble de la pâte, insidieusement. Le levain des Pharisiens, c’est leur enseignement, leur état d’esprit qui peut agir de la même façon, comme une influence négative.
« Un peu de levain fait lever toute la pâte », dit Jésus ailleurs. 

Mais pourquoi précisément les Pharisiens ? Quel est le problème avec eux ? 
On fait vite d’eux les « vilains » de l’histoire, mais à l’origine, ils sont sincèrement attachés à la parole de Dieu révélée à Moïse… malheureusement ils ont glissé peu à peu, le levain du légalisme a agi d’abord en eux avant de contaminer les autres : vouloir atteindre Dieu par plus de bonnes oeuvres, plus de prière et d’efforts, un respect toujours plus strict de la loi divine : ainsi les Pharisiens ajoutaient des règles précises, et en grand nombre, à la loi de Moïse, jusqu’à rendre la vie des juifs impossible. Jusqu’à oublier que Dieu ne se révèle pas à ceux qui construisent des tours de Babel pour l’atteindre, mais aux petits, aux humbles, qui se laissent trouver par lui.

Pour Jésus, ils sont hypocrites. En grec, l’hypocrite c’est celui qui porte un masque, qui donne de lui-même une apparence non conforme avec ce qu’il est.  C’est ce qu’ils font. Ils cherchent à paraître sages aux yeux des autres et à leurs propres yeux, tout en méprisant la vérité et de la justice. 
Hypocrites, malhonnêtes avec eux-mêmes aussi : en effet, comment tenir cette position de super croyant si on ne refuse pas, à un moment, de regarder en face ses propres péchés et dérapages ? Il y a de la fausseté, dans cette habitude de dire une chose et de faire le contraire, sans vouloir reconnaître cette incohérence devant Dieu. En somme ils ne se rendent plus compte qu’ils sont de simples humains, pécheurs et imparfaits - impuissants sans la grâce.
Un tel « levain » d’orgueil pouvait facilement faire gonfler aussi les disciples, pas loin de se croire un peu au dessus du lot, grâce à leur relation privilégiée avec Jésus. (ils tombent là dedans plusieurs fois).
Mais en les mettant de garde, Jésus ne redit pas simplement quelque chose que tout le monde sait : « l’hypocrisie, c’est mal ». Sous son regard nos mécanismes intérieurs sont mis à nus, et il sait combien une telle disposition de coeur fait obstacle à la grâce de Dieu. En effet, comment accepter cette grâce si nous nous persuadons que tout va bien, merci, et que nous n’avons besoin de rien, on gère, allez plutôt sonner chez le voisin, lui il a vraiment besoin de la grâce de Dieu ? 
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire », dira Jésus à ses disciples. 

Jésus travaille à faire entrer cette vérité dans le coeur des disciples, avec amour, douceur et patience. Il sait qu’il nous est difficile d’accepter cela. Il sait que nous nous défendons contre le dévoilement de notre vraie nature et de notre impuissance - la suite du passage le montre. Jésus y met en scène des hommes parlant dans l’ombre, dans des caves ; des hommes dont les véritables pensées sont tenues à l’abri du regard des autres, des hommes qui redoutent d’être mis à nu et vus tels qu’ils sont. Qu’ont-ils ainsi murmuré dans les caves ? Sans doute des choses qui ne les glorifient pas vraiment…
Dans la Genèse, Adam qui vient de désobéir à Dieu essaye d’échapper au regard de Dieu en se cachant avec Eve dans un buisson, « au milieu des arbres du jardin » (Gn 3.8). « J’ai pris peur parce que j’étais nu, et je me suis caché » (Gn 3.10).
Cette nudité, c’est à la fois la vérité de ce que nous sommes, et notre fragilité. Il est naturel de protéger cela, car le regard des autres peut faire très mal : pour les disciples de Jésus, il peut conduire à la mort : « ne craignez pas ceux qui tuent le corps ». Pour ces disciples, se déclarer ouvertement pour Jésus, être vus comme ses disciples c’était courir le risque d’avoir de gros ennuis. Mais ne pas le faire, c’était aussi se couper de ce qui les animait vraiment, comme Pierre l’a fait en reniant Jésus, parce qu’il a eu peur d’être vu comme un des siens. Il s’est alors coupé de l’amour de Christ - et ça fait mal. 

Ainsi donc, la cible de Jésus ici c’est cela : une certaine « hypocrisie », même pas volontaire, par laquelle on croit garantir notre sécurité affective. Cacher ce qu’on est vraiment. Pour gagner et garder l’estime, voire l’admiration des autres. 
Si les autres savaient comment je suis réellement, ils ne voudraient plus de moi. Et c’est bien possible, hélas ! 
Les manifestations sont variées : par exemple, réarranger la vérité pour éviter d’avoir tort. « Le terrain était lourd, le ballon n’était pas homologué ». 
On peut aussi s’attacher les autres en jouant le miroir de leurs opinions, ou en employant les bonnes phrases, les gestes appropriés - sans que le coeur y soit. Et cela peut faire aussi du mal à la vie d’Eglise. 
Ca peut être juste répondre « oui, avec plaisir » à une sollicitation quand  tout notre être dit non. A long terme, ce n’est pas sain. 
Mais c’est aussi le piège qui peut se refermer sur tout chrétien que les autres considèrent comme « sage », et qui ne se sentant plus libre d’avouer ses doutes et ses faiblesses de peur de décevoir, se retrouve seul à lutter contre ses péchés - au risque de tomber d’encore plus haut un jour. On peut alors se sentir obligé de faire état de qualité qu’on n’a pas, mais un jour ou l’autre, le vernis craque et la vérité se fait jour.

A force de se protéger, on s’enferme. A force d’avancer masquer, on a du mal à retrouver son vrai visage. On peut ainsi s’habituer à son péché, à ses faux semblants, et s’y enfermer doucement comme l’ont fait les Pharisiens.
Mais heureusement, ce Dieu qui dès l’origine est venu chercher Adam dans sa cachette, est venu en Jésus pour « annoncer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Luc 4). 
Le voilà qui ouvre la porte de la prison dans laquelle le mensonge nous enferme si facilement, le voilà qui ouvre nos yeux sur ce que nous sommes vraiment, afin que nous puissions nous découvrir dans le même temps accueillis par Dieu comme nous sommes, pardonnés et aimés inconditionnellement.

Oui, voilà comment Jésus opère ici. 
D’abord, il ouvre la porte, et fait entrer la lumière de Dieu dans nos ténèbres. Oui, Dieu sait tout. Oui, tout ce qui se dit dans le secret sera connu, et tout cela sera jugé au dernier jour, par un Dieu parfait et tout puissant. 
Mais dans le même temps, il nous rassure, nous pauvres humains affolés d’être soudain mis à nus devant la perfection divine, comme des biches prises dans un faisceau de phare : « soyez sans crainte, vous valez mieux que tous les moineaux ».
Notre valeur est assurée aux yeux de Dieu. Pas besoin de nous protéger. Nous sommes accueillis, dans la vérité - parfois triste, c’est vrai, parfois peu glorieuse - de ce que nous sommes. 
« Soyez sans crainte. », « ne craignez pas ceux qui tuent le corps… ». La crainte est omniprésente dans ce passage : crainte des hommes qui paralyse, ou crainte/respect de Dieu qui met en route.
Dieu me connaît parfaitement, Il entend ce que je dis dans ma cave [Ps 139] et pourtant il m’aime.
Et pourtant il m’a aimé jusqu’à donner son Fils pour me ramener à lui. 
Je n’ai pas besoin de me cacher. Je ne peux pas le décevoir. Ma valeur est assurée, elle repose tout entière en Christ. 
C’est que, comme le dit Jacques Philippe, « Dieu est « réaliste » : « La personne que Dieu aime avec la tendresse d’un Père, ce n’est pas la personne que j’aurais aimé être, ou que je devrais être. C’est celle que je suis, tout simplement. Dieu n’a pas d’amour pour des personnes « idéales », pour des être « virtuels ». Il n’a d’amour que pour des êtres réels, concrets. Il ne s’intéresse pas aux saints de vitrail, mais aux pécheurs que nous sommes »

Et devant Jésus qui parle, ce jour là, se tient la troupe des disciples dont beaucoup finiront sur des vitraux, dans les églises ! Mais il les connaît comme ils sont. Pierre qui va le renier et qu’il a pourtant choisi pour fonder son Eglise. Jacques et Jean qui voudront siéger à sa droite et à qui il enseignera le service.  …

Ce qui va permettre à ces hommes de résister au levain des Pharisiens, pour au contraire laisser pousser la graine de l’Evangile en eux, c’est d’abord ce regard d’amour et de grâce que Jésus pose sur eux, jour après jour. Cet amour inconditionnel qu’ils perçoivent même quand Jésus les secoue et se fait plus incisif. 

De même, seul le regard d’amour de Dieu posé sur nous peut nous permettre de sortir de nos buissons. Dieu sait tout, et un jour, dit Jésus, tout sera démasqué. Mais si nous lui accordons notre confiance, nous ne serons jamais jetés dans la géhenne, loin de sa présence, même au jour du jugement dernier.  

D. Bonhoeffer disait ceci : « Voici que la grâce de l’Evangile, si difficile à comprendre aux gens pieux, nous met en face de la vérité et nous dit : tu es un pécheur, un très grand pécheur, incurablement… mais tu peux aller, tel que tu es, à Dieu qui t’aime. Il te veut tel que tu es, sans que tu fasses rien, sans que tu donnes rien, il te veut toi-même, toi seul… Dieu est venu jusqu’à toi, pécheur, pour te sauver. Réjouis-toi ! En te disant la vérité (sur toi-même), ce message te libère. Devant Dieu, tu ne peux pas te cacher. Le masque que tu portes devant les hommes ne sert à rien devant lui. Dieu veut te voir tel que tu es pour te faire grâce. Tu n’as plus besoin de te mentir à toi-même et de mentir aux autres en te faisant passer pour sans péché »

Parvenus à ce point de notre méditation, vous mesurez sans doute la difficulté de ce travail de « dévoilement », de vérité sur nous-mêmes.
Certainement, nous y résistons !! Mais Dieu nous demande simplement de le laisser s’occuper de nous, de consentir à son travail en nous. De lui faire confiance. 
Il est patient ! Il lui faudra parfois notre vie entière pour venir à bout de certaines résistances, mais nous pouvons déjà lui dire : « me voici ! », et lui demander de nous rendre réceptifs à ce qu’il voudra nous dire, nous montrer. 
Et en pratique, il y a trois choses qui peuvent vraiment nous aider à faire face à nos faiblesses et nous aider à nous placer en vérité sous le regard de notre Père céleste : 

D’abord, méditer la Bible bien sûr, nous regarder dans « ce miroir » parfait. Je ne sais pas quelle version vous avez, mais dans la mienne, il n’y a pas une seule publicité pour les cosmétiques, au contraire !  Elle m’apprend à m’en passer, à oser me présenter devant Dieu en vérité. 
Pour apprendre à se voir comme l’on est, prendre aussi le temps, régulièrement, de revenir sur notre journée dans la prière, - dans la présence de Dieu « comme un ami parle à son ami », en essayant de nous voir en vérité, tels que nous avons été. Savoir que Dieu nous aime sans condition nous permet d’être honnêtes dans notre façon d’être, et de demander simplement pardon ou merci pour ce qui apparaîtra. 

Ensuite, nous avons aussi besoin du regard de la grâce, posé sur nous par l’intermédiaire de frères et de soeurs parfois.  
En pratique : commencer par enlever notre masque devant un chrétien en qui nous avons confiance, lui avouer ce qui nous enferme - pouvoir dire notre péché, notre dilemme, notre situation, à quelqu’un qui ne le répétera pas, mais pourra prier avec nous, nous aider à demander pardon à Dieu. 
Dans le même temps, nous pouvons offrir aux autres ce regard d’accueil inconditionnel qui leur permettra à eux aussi de s’ouvrir à l’amour de Dieu, d’avancer vers Dieu. 

Témoignage perso : responsable du groupe de jeunes alors que pas chrétien. Peur de décevoir. 

Que nous puissions tenir bon, et persévérer dans la prière, pour chercher ce regard de Dieu posé sur nous. 
Citation de J. Philippe : « C’est le regard le plus pur, le plus vrai, le plus tendre, le plus aimant, le plus rempli d’espérance qui existe au monde. (…) le plus grand cadeau que reçoit celui qui cherche le visage de Dieu en persévérant dans la prière est qu’un jour ou l’autre il percevra quelque chose de ce regard divin posé sur lui, il se sentira si tendrement aimé qu’il recevra la grâce de s’accepter lui-même en profondeur »

Amen. 


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